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Critique de Ambages


«  Je te demande pardon, Papa, dis-je.
Eh bien, il me semble, dit ma mère. Quel vilain garçon tu es. Ton papa n'est sans doute plus qu'un squelette à l'heure qu'il est. »

Un enfant de quatre ans jouait au ballon avec son père, et le drame est arrivé. Quand la douleur d'un enfant n'est pas comprise, soignée, voire est empirée par des mots de proches, il semble que des séquelles s'installent pour très longtemps. Card est un privé américain qui est resté petit enfant face à sa mère « ...et moi j'aurais continué à geindre en disant ''M'man'' » et face à la vie. Elle lui reproche le décès de son mari, il se reproche le décès de son père.

Des associations de mots me faisaient voir avec les yeux d'un enfant : « j'ai arrêté les autres mots en faisant asseoir un éléphant mental sur ma langue », « Le malfrat a sorti un calibre 45 très doucement de sa poche, si doucement qu'il m'a fait penser à quand on essaie de faire couler du sirop d'érable très froid d'une bouteille. » Il y a une poésie qui transparaît tout au long du roman « Les mots étaient très secs quand ils sont sortis de sa bouche. On aurait dit le désert du Sahara qui parlait » ou encore le joli « C'était un geste bleu. »

Alors comme un enfant, il se régale de petites choses avec sa morale qui lui est propre :
« A partir de ce moment-là, ça n'a été qu'une longue spirale descendante jusqu'à aujourd'hui ; mais alors, aujourd'hui : vous parlez d'une journée ! Des balles pour mon pistolet ! Cinq dollars ! Et le plus beau : une propriétaire cannée !
Que demander de mieux ? »

Pour échapper à cette réalité, il se laisse aller à sa « Babylone », son monde à lui, hors des contraintes du réel, tel qu'il voudrait que le monde soit, tout à lui, selon ses désirs.

Mais voilà, au mieux il rate l'arrêt du bus, au pire il rate sa vie. Toutefois, comme un enfant, il espère toujours et est d'un optimisme déroutant : « A mon avis, la chance, c'est comme la marée. Quand ça monte, ça monte. »

« Tu penses à ce que je commence à penser ? dis-je, en commençant de le penser. » Ouaip ! Un chouette d'écrivain !
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