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Critique de pchion


J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération "masse critique" et je remercie l'éditeur pour cet envoi.
Le propos de cet ouvrage m'intéressait car il s'agit d'un thème relativement peu étudié : la position des socialistes utopiques au XIXème siècle face à la problématique du livre. Comment ces inventeurs de monde percevaient-ils la lecture ? Que lisaient-ils ? Quelle importance accordaient-ils aux bibliothèques ? Quel statut devaient avoir écrivains et artistes en général dans la société qu'ils imaginaient.
Les travaux d'une quinzaine de chercheurs ont été collectés puis assemblés et triés en plusieurs chapitres en fonction de leur centre d'intérêt.
Je reconnais que j'ai eu du mal à lire certaines contributions, à cause de leur aridité et du style pas toujours aisé à appréhender de leurs auteurs. Les universitaires écrivent trop souvent pour leurs pairs plutôt que pour un public élargi. Pour donner un gage de sérieux à leurs travaux de recherches, ils évitent trop souvent les faits et les anecdotes qui pourraient donner un peu de "relief" à leur récit. L'ensemble me semble en tout cas être un travail de qualité et même si j'ai quelque peu peiné à la lecture, la masse de connaissances plutôt réduite que je possédais s'est accrue au fil des pages... Mon parcours a donc été conforme à la vision d'auteurs comme Fourier pour qui la lecture n'avait point fonction de divertissement et devait surtout enrichir la réflexion !
Les recherches de Gaetano Manfredonia sur la place de l'artiste dans la vie sociale est très intéressante et tout à fait d'actualité, quand on sait que dans certains pays nordiques, les artistes "professionnels" peuvent bénéficier d'une allocation mensuelle pour les aider dans leur vie quotidienne...
J'ai découvert la relation passionnée de Pierre Joseph Proudhon avec sa bibliothèque... Son séjour prolongé à la prison Ste Pélagie lui a permis de lire jusqu'à plus soif et il prenait de nombreuses notes en marge de ses lectures, allant parfois jusqu'à apostropher les auteurs dont les propos l'indisposaient. "L'organisation du travail" de Louis Blanc est ainsi commentée au milieu d'un chapitre : "Blanc, tu me fatigues !". D'où le concept employé par l'auteur de "bibliothèque vécue" de Proudhon, pour indiquer à quel point cet homme remarquable se pénétrait des ouvrages qu'il parcourait.
Dans le familistère créé par J.B.A. Godin, la lecture occupait une place importante et une place considérable était accordée à la bibliothèque qui devait permettre aux coopérateurs d'améliorer leur éducation personnelle...
Anecdotes que tout celà, certes, mais qui ont le mérite d'alléger un peu le propos d'ensemble comme je le disais plus haut.
Autre intérêt non négligeable, pour moi, de cette lecture : j'ai découvert l'existence de penseurs socialistes dont j'ignorais tout, même l'existence. La richesse de toutes ces pensées émergentes dans la première moitié du XIXème siècle m'a impressionné et m'a donné envie d'approfondir ma connaissance de cette période de notre histoire sociale.
Je pense, en résumé, que ce livre ne doit pas forcément être lu d'une traite, mais peut être consulté, comme une encyclopédie, en fonction des intérêts immédiats du lecteur.
Bref, je recommande cet ouvrage à ceux qui sont décidés à faire un effort pour l'appréhender, à ceux donc que le thème historique exploré peut intéresser. Il ne s'agit point de "lire pour se distraire" et de s'exposer au courroux de Charles Fourier !
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