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Critique de Emiliec28


Je démarre la lecture. Beaucoup d'humour, parfois franc parfois grinçant mais toujours très pertinent, je serais attentive aux approximations et aux partis pris puisqu'ils se targuent d'entrée de jeu de rétablir la vérité concernant la sexualité féminine et masculine et notamment d'éclaircir l'histoire des femmes dites "clitoridienne" et celles dites "vaginales". Dans la mesure où c'est une pure construction culturel (nous sommes toutes clitoridiennes) j'ai hâte de voir comment ils vont traiter la chose.

j'ai bien rigolé au début. Par la suite, je souriais jaune on va dire... C'est difficile de lire tout à fait dans la bonne humeur quand on est une femme je trouve.

Globalement, à part en Egypte où l'on connaissait même la contraception et les interruptions de grossesses, pour les femmes ça a toujours été la misère à partir du moment où les hommes ont compris le principe de paternité.

Grâce à nos amis les grecs, la réputation de frigide et d'hystérique a même vu le jour et nous poursuit jusqu'ici au XXIème siècle. le patriarcat s'installait durablement avec eux.

Durant la Rome antique, le cunnilingus était une insulte pour les hommes, la fellation c'était pour les vieux. Evidemment, la place publique appartenait aux hommes. Je me demande une fois de plus quand est-ce que ces réalités sociales seront étudiées à l'école. On devrait intituler tous les cours : Histoire incomplète vu par les hommes pour les hommes.
Les symboles protecteurs dans les maisons étaient des phallus ! Sans déconner ! Les hommes s'aiment un peu trop en fait.
Oh et, une romaine qui se respectait ne devait pas avoir de plaisir. Bien sûr. Pouvoir et contrôle pour les hommes, incroyable (enfin, "incroyable" façon de parler) C'est tout de même devenu le modèle occidental pendant plus de 2000 ans, lourd héritage qu'on peine aujourd'hui à briser.
Les romains ne devaient pas désirer leur femme, ni l'aimer, c'était un ventre c'est tout (si, si, c'était comme ça qu'on les désignait) l'amour c'est pour les amants et le plaisir pour les prostituées. (Ce qui explique qu'encore aujourd'hui l'adultère masculin est bien mieux toléré tandis que les femmes, garantes de la descendance étaient tuées au moindre écart)
Ovide a essayé de rendre les choses un peu plus égalitaire, il s'est fait dégager avec l'idée fixe, cette terreur, qui est apparu et qui était que les femmes finissent par dominer les hommes. Il y a bien eu une période de décadence démarrée avec Caligula et qui a duré jusqu'au suicide contraint de Néron mais globalement ce sont les hommes qui en profitaient surtout (comme toujours)

Puis est venu le christianisme qui impose monogamie et mariage ainsi que la domination de l'homme sur la femme en toute chose.

la BD fait apparaître l'amour courtois comme un pas vers l'égalité homme/femme au Moyen-âge alors qu'on en revient de cette idée depuis un moment. il s'agissait surtout d'une idée de conquête chevaleresque où la femme n'avait pas vraiment son mot à dire. Il est précisé qu'elle devient l'objet de tous les désirs et c'est bien ça le problème. L'idée de conquête est là, elle a simplement été "romantisée" via l'idée de désir, de sensualité qui en émane. Grandes figures de ce mouvement : Héloïse et Abélard.

"Dans la ligne droite de la conception misogyne d'Aristote, la pensée de Saint Augustin vaudra pour les siècles à venir' (j'aime bien noter les noms des gens que je dois mépriser, yep moi c'est par delà la mort et beyond)

L'Eglise catholique ira jusqu'à imposer la position, missionnaire bien sûr, la femme y est dominée et elle répandra l'idée qu'un mari est sûr d'être cocu s'il désire trop sa femme (WTF ?)
En revanche, la prostitution est plutôt bien admise, sixte IV en profite même pour renflouer les caisses du Vatican. Louis IX essayera de l'interdire en 1254 mais, face au tollé, il imposera que ce soit en dehors de la ville dans des baraques en bois appelées "bordes" d'où le nom de "bordel" aujourd'hui.

Au XIIIème siècle, Saint Thomas d'Aquin finit le travail d'Aristote et Augustin, la femme devient mineure, un être inachevé, et l'homosexualité est le plus grave des pêchés de luxure.

Le temps des sorcières : 3 siècles d'inquisition, 100 000 procès en Europe et 50 000 exécutions.

La Renaissance voit apparaître les premières féministes, en 1495 apparition de la syphilis (cimer Colomb !) et autre fun fact : Goodyear a été fabriquant de préservatifs en caoutchouc ! ahah

Fait plus surprenant : pendant un temps la masturbation masculine aussi a été proscrite, l'idée s'était répandue après la découverte du spermatozoïde, qu'éjaculer était une espèce de suicide de masse ! Ils s'appuient sur l'anecdote d'Onan dans la Bible pour en faire un interdit religieux. AH. bien sûr, pour les femmes c'est pire, on leur coupe le clitoris du coup. de peur que sa taille dépasse celle des mecs... le sexe est devenu répréhensible à tout point de vue à partir de là et l'église veille au grain, à la fois juge et bourreau. du XVIIème jusqu'en 1950.

L'idée du mariage d'amour grandit timidement pendant le siècle des lumières. On attend des couples un enfant dans l'année sinon c'est l'humiliation, une femme sur six meurt en couche et comme Dieu a dit que les femmes enfanteront dans la douleur, s'il faut choisir entre la vie de la mère ou de l'enfant, c'est l'enfant d'abord. Evidemment. Lui n'a pas encore eu la chance de vivre alors... C'est marrant ça me rappelle certains discours nauséabonds et obscurantistes des anti-IVG de nos jours.
Le viol est fréquent mais on considère qu'une adulte ne peut être violée contre sa volonté, donc c'est de sa faute. Hmm...

Avec l'arrivée du Directoire la France a connu 4 ans de grande liberté, suivis, comme toujours d'une énorme répression. La fin du livre se concentre beaucoup sur la liberté sexuelle des femmes et imagine la suite, de façon plus ou moins très ironique.
C'était intéressant parce que j'ai commencé la lecture, en parallèle, du Kouchner et on voit que le problème de l'inceste remonte à très loin. Comme pour beaucoup de choses c'est effarant qu'on n'accepte d'ouvrir les yeux que maintenant.
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