Convaincre sans manipuler : Apprendre à argumenter

L’argumentation n’est ni une attaque ni une défense, mais un échange et un partage.

Les techniques de manipulation ont comme premier objectif de paralyser la réflexion, de bloquer la liberté de penser. Elles sont, sur un plan mental, une privation de liberté. C’est donc tout l’inverse de l’argumentation.

Une argumentation s’adresse personnellement à celui qu’elle veut convaincre. Elle est toujours originale, car le point d’appui efficace est celui qui est unique et approprié à une personne et à une situation.

On ne convainc pas en se contentant d’énoncer une opinion. Trop souvent, en effet, on énonce l’opinion que l’on veut défendre comme si elle était une évidence. Mais cela ne suffit pas.

Napoléon, dit on, avait la réputation de réagir très vite dans toutes les situations. Un jour quelqu’un lui fit un compliment au sujet de sa rapidité d’esprit. Il répondit en substance : « On croit toujours que je pense vite, quelle erreur ! J’ai toujours pensé avant ».

Celui qui argumente ne fera jamais faire à une personne une chose avec laquelle elle serait en désaccord. Celui qui manipule n’hésitera jamais à faire accepter, si c’est son propre intérêt, ce avec quoi son auditoire serait en désaccord.

Dans un cas, il s’agit de connaître l’autre pour mieux le tromper et l’influencer contre son gré dans l’autre, il s’agit de lui montrer toute l’étendue de ce à quoi il croit et est attaché.

Le manipulateur va souvent prendre comme point d’appui un désir ou une idée avec laquelle vous n’êtes pas en accord, une opinion minoritaire. Celui qui argumente choisit ( et doit choisir ) des points d’appui avec lesquels son auditoire est en accord.

Shakespeare, «  celui qui a le pouvoir et qui ne l’exerce pas, celui-là est un seigneur ».

Pour comprendre cela, il faut partir non du point de vue de celui qui argumente, mais de celui qui doit être convaincu.