J'avais été intriguée en 2016 par la critique d'Anaïs du blog Anaïs & serial lectrice, puis carrément convaincue par celle de Julie du blog Ju lit les mots, qui nous parlaient d'un thriller atypique publié aux éditions du Caïman. Et c'est donc avec une joie immense que je l'ai remporté à la dernière Masse Critique Babelio! Il s'agit de
la Balade électrique d'Emily Archer, c'est signé
Jof Brigandet, et c'est vraiment un livre à nul autre pareil.
La Balade électrique d'Emily Archer c'est ce genre de roman qui, quand vous le lisez, vous laisse bouche bée devant les retournements de situation, vous ficelle littéralement à ses pages, et qui, dans son style et via ses personnages, vous marquera.
Jof Brigandet propose, tout d'abord, un narrateur bien singulier. Sam Scott n'est pas seulement un tueur inclassable pour le FBI, c'est aussi un tueur rarement vu en littérature. L'auteur nous invite dans son esprit, transformant parfois d'ailleurs la typographie de façon particulière et Sam nous apparaît comme un personnage ultra complexe, bien en relief, sans pitié et sensible, névrosé et calculateur, et ce en à peine 160 pages. Il nous prend à témoin de ses actes, les justifie, parfois de façon très malsaine, d'autres fois dans un style philosophique. C'est aussi l'histoire qui est atypique. Je ne vous en révèlerai rien, et je vous invite même à éviter le résumé pour plonger à l'aveugle dedans et vous en délecter. Tout ce que vous devez savoir c'est que sur le chemin de Sam, tueur en série froid et imprévisible, arrive les Archer, et notamment Emily Archer, sa nouvelle voisine, tétraplégique. Et croyez-moi quand je vous dis que l'auteur va vous retourner le cerveau avec cette demoiselle, vous poussant à bouleverser vos jugements, vos convictions, en nous présentant un personnage handicapé, déjà rare dans la littérature, mais présenté vraiment différemment qu'habituellement. Et même si ça parle tueur en série, croyez-moi, pas d'effusions d'hémoglobines en vue! Amis anti-sang, vous pouvez le lire tranquille.
Ce qui m'a d'abord accroché dans ce livre c'est que le format court a obligé
Jof Brigandet à ne pas faire durer l'attente. Directement, dès les premiers mots, il nous plonge dans l'esprit de son tueur, dans un style presque brutal, un tantinet malsain, mais surtout intriguant. On cherche à comprendre cet homme qu'on ne nous présente que très peu, à comprendre ses actes aussi, ce qui l'a façonné. Il y a une certaine fascination qui s'installe. Et l'écriture est juste épatante! Elle prend de temps en temps un côté carrément lyrique, alors qu'ensuite elle devient tranchante. Cela rend l'ensemble vraiment atypique mais prouve surtout la grande qualité littéraire de la petite maison d'édition. L'histoire est, en plus, si inattendue qu'on ne peut pas décrocher du livre que j'ai d'ailleurs lu quasiment d'une seule traite. Et si, malgré un avis dithyrambique, je n'ai pas eu un coup de coeur, c'est parce que, d'une part, j'ai été un peu perdue au départ dans la différenciation des personnages de Sam et John; la narration étant à la première personne et les dialogues reprenant rarement leurs noms (bon et la fièvre que je me trimballe n'aide certainement pas). Mais c'est aussi parce que mon histoire personnelle fait que j'ai été surement moins bousculée dans mes jugements concernant le handicap que ne le seront la majorité des lecteurs. J'ai par contre été épatée par l'histoire, parce que jamais je n'avais lu un récit comme celui-ci et que j'ai adoré ça.
En bref,
La Balade électrique d'Emily Archer est un livre qui mérite vraiment plus de publicité car c'est un roman noir comme vous n'en avez, je pense, jamais lu. Atypique, au style hyper travaillé et à l'histoire marquante, ce thriller très très court risque bien de vous surprendre.
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