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Critique de soniamanaa


De « Terre d'ébène » d'Albert Londres à ce « Turbulent silence », il n'y a qu'un pas, grand comme un continent, l'Afrique. Dépecée, violée, meurtrie, colonisée, dévastée, elle pleure le « sanglot de l'homme noir ».
Écrit en 1982, soit 11 ans avant l'arrivée de Mandela au pouvoir, ce magistral roman au souffle tellurique a valu à son auteur ostracisme et interdiction.
S'ouvrant et se fermant sur les minutes d'un procès, il relate la genèse d'un hymne à la liberté. Galant, l'esclave insoumis, en est la figure centrale et quasi mythique.
Qu'est-ce que la liberté ? Une paire de bottes aux pieds ? Un fils de la même couleur que soi ? La course débridée d'un étalon indomptable ?
Alors que Cape Town vient de passer sous la férule anglaise, le bruit court d'une libération des esclaves au nouvel an de 1825. Pour les colons hollandais, forts de posséder cette terre qu'ils ont conquise et façonnée, c'est le déni ultime de toute leur construction sociétale. Pour le peuple des esclaves, c'est un espoir fou revêtu de chimères. Que sait-on de la liberté quand on ne l'a jamais approchée ?
Les voix blanches et noires alternent pour narrer cet insidieux chemin qui pousse une poignée d'esclaves à fomenter leur rêve d'émancipation. La voix de Galant l'insoumis au dos reclus de plaies, la voix de Nicolaas, son maître qui confond amour et possession, la voix tutélaire de Mama Rose, ancêtre et égérie, la voix d'Hester, blanche et rebelle. Et, bruissante autant que tonitruante, la voix de l'Afrique née de ses violences australes comme de ses douceurs tropicales.
Relire Brink, dans ce roman d'une rare puissance, est jouissif. Il faut en effet jubiler qu'un auteur blanc, afrikaner, ait forcer l'omerta dans une nation sous régime d'apartheid. Il faut aussi pleurer de ce sanglot de l'homme noir en constatant qu'aujourd'hui encore les townships de Cape Town à Pretoria sont tous de couleur noire.
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