Bon Dieu, quand les gens disent que les mariages vous rendent sentimental, bah, putain, ils ne déconnent pas. Mais bordel, que celui qui pense que je ne le mérite pas, bah qu'il aille se faire foutre ! Je suis allé en enfer et j'en suis revenu, j'ai survécu à ce qu'il y a de plus sombre et pourtant je suis là, avec mon vieux et mon meilleur pote, sur le point d'épouser la femme qui a récupéré ce qui n'avait pas été rongé par le poison et a fait de moi un homme entier.
- Colton ?
C'est sa voix qui m'envoie un électrochoc pour me sortir de la noyade dans mes souvenirs. Je remonte à la surface pour respirer. J'avale de grandes goulées d'air.
Je secoue la tête et regarde autour de moi. Je suis tout seul sur le circuit, trempé de sueur à travers ma combinaison anti-feu. Est-ce que j'ai vraiment entendu la voix de Ry ou est-ce que ça fait partie du fash-back ? Je l'appelle.
- Rylee ?
- Ry... je...
Ma voix s'estompe, mais mon esprit dit la suite.
Je suis désolé.
Je te pilote.
Merci.
- Je sais, Colton. Moi aussi.
Sa voix se brise sur ses derniers mots et j'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau, comme si mon monde s'était remis à tourner alors que tout s'était figé sans elle.
Je te pilote.
Les mots me traversent l'esprit alors qu'une nouvelle larme s'échappe.
Et je ne me suis jamais senti aussi vulnérable.
Mes défenses sont baissées.
Mon cœur est ouvert.
Mon âme a besoin d'elle.
J'accepte.
Je le veux.
Putain, je suis tellement paumé. Paumé alors qu'on vient de me trouver. Paumé alors qu'elle vient de me trouver
Putain, mais pourquoi est-ce que je la veux comme rien d'autre ?
- Je viendrai te chercher à six heures.
Il est temps de le découvrir. On va tester tout ça, puis se jeter à l'eau.
Ou faire naufrage.
Mon futur.
Mon salut.
La femme que je veux épouser.
Je comprends pourquoi elle est aussi altruiste, pourquoi elle m'encourage, me pousse, m'aide, alors que ça la tue à petit feu.
Si je n’avais jamais su ce que ça voulait dire d’être cabossé, ces mots m’auraient dézinguée mais dans le bon sens du terme. Parce que je sais que c’est différent. Je ne serai plus jamais complètement brisé parce qu’elle est à mes côtés et qu’elle sera cabossée à mes côtés mais qu’elle tiendra bon et que même si c’est même si tout se casse la gueule quand ça deviendra dur, elle m’aidera à recoller les morceaux.
- Je vais te donner ce qu'il faut !
Mes lèvres entrent en contact avec les siennes et je fais la seule chose possible : je prends ce dont j'ai si désespérément besoin. Ce qui m'appartient.
Pour me sauver.
La douleur me transperce. Elle s'installe en moi et se ne me lâche plus.