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Critique de Pascalmasi


Voilà un livre d'une incroyable densité. de la première à la dernière page. Un essai, pur et dur.

De quoi s'agit-il ?

Gérald Bronner, croise deux disciplines : la sociologie et la neurobiologie. Il met ainsi au service de son étude les dernières avancées en matière de connaissance des mécanismes profonds du cerveau humain (les circuits de la récompense en particulier) ET les phénomènes de société qui caractérisent l'augmentation toujours croissante du temps libre dont nous disposons (ce qu'il appelle le temps de cerveau disponible).
Et se demande pourquoi les écrans (Télé, ordinateurs, téléphones portables) prennent tant de place dans l'espace temporel qui a été libéré par les gains gigantesques de productivité effectués au cours des deux derniers siècles.

Autant le dire tout de suite, ce voyage d'une grande intelligence et d'une froide rigueur ne nous réserve pas que des bonnes surprises ! A vrai dire, il y en a un certain nombre de très mauvaises.

Il explique pourquoi l'usage que nous faisons de notre temps de cerveau disponible est pour une bonne part un gâchis. Car le cerveau est un "trésor" au sens cosmologique du terme. Un trésor qu'il est d'autant plus regrettable de mal l'utiliser que les défis qui se posent à l'humanité en ce début de millénaire nécessitent toutes les intelligences disponibles. Inutile d'être grand clerc pour comprendre que ce n'est pas vraiment le moment de gâcher ce trésor collectif.

Et c'est là que Gérald Bronner frappe fort. Il explique pourquoi les écrans sont venus percuter en plein vol les espoirs que l'on pouvait placer en tout ce "temps de cerveau disponible", comme dit, dont on a particulièrement besoin.

L'une des idées qu'il met en avant est que la profusion des informations qui découle de la multiplication des intervenants sur le « marché cognitif » nuit à leur qualité – ça, on s'en serait douté - mais aussi et surtout aux destinataires (monsieur tout le monde, vous et moi) qui sont déchirés entre satisfaction de leurs biais cognitifs (curiosité, colère, émotion, sexualité, haine) induits par notre cerveau et la rigueur nécessaire à l'analyse rationnelle capable de produire de vraies réponses.

Alors quelle solution ?

La seule sortie par le haut, estime M. Bronner, est de réfléchir à l'éditorialisation du monde, c'est-à-dire à la façon dont nous voulons élaborer un nouveau « récit du monde ». Il développe l'idée que nous pouvons, individuellement, participer à l'élaboration d'un « récit » de qualité si nous prenons conscience de nos biais cognitifs et que nous décidons de les tenir à bonne distance pour produire nous-mêmes un « récit » différent et salvateur. Particulièrement convaincant.

A tous les lecteurs : accrochez vos ceintures. C'est passionnant !
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