Ses deux côtes cassées et la douleur à la tête n'étaient rien comparé à la souffrance qui lui étreignait le cœur.
Un parfum de betterave les accueillit au fond de l’écurie. Marion commença à remplir les mangeoires de son, d’orge et de bottes de luzerne. Aux yeux de Laura, c’étaient ces gestes familiers, ces odeurs et ces petits détails qui faisaient d’Heartland un vrai paradis. Durant toute son enfance, elle avait baigné dans cette atmosphère.
Le regard rivé au sol, sa mère s'approcha de l'étalon et tendit lentement le bras. L'animal la regarda avec méfiance. Ses narines frémirent. Il dressa les oreilles, baissa la tête, et huma le parfum qui se dégageait de cette main tendue. Marion resta immobile, puis leva les yeux."Je ne te veux aucun mal",semblait-elle lui dire. Le cheval fit un pas, puis deux, les narines dilatées. Enfin son chanfrein effleura les cheveux de Marion et, brusquement, il se détendit.
Laura Fleming regarda le bus scolaire s'éloigner, jeta son sac en travers de l'épaule et s'engagea sur la piste de terre batue qui conduisait à Heartland. De chaque côté, chevaux et poneys broutaient paisiblement dans les paddocks. Laura sourit. Quel bonheur de se retrouver chez soi pour les vacances !