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Critique de 5Arabella


Après la biographie de Serge Lancel consacrée à Saint Augustin, j'ai continué avec celle de Peter Brown, plus ancienne, et considérée comme une grande référence internationale sur la vie de l'évêque d'Hippone.

Peter Brown s'attache moins aux écrits, à l'exception des Confessions (livre centré en grande partie sur la vie de son auteur), et plus à l'existence de son personnage, ainsi qu'au contexte de l'époque. D'ailleurs chaque partie de l'ouvrage est précédée par un tableau chronologique qui récapitule les événements les plus importants survenus pendant la période évoquée, mis en regard des événements de la vie d'Augustin. Ces tableaux sont bien utiles et permettent de se retrouver plus facilement dans le contexte historique.

Nous suivons donc Augustin, à partir de sa naissance dans la modeste bourgade de Thagaste, à travers ses études qui le mèneront jusqu'à Carthage, ses relations complexes avec sa mère, ses succès professionnels qui le conduiront jusqu'à Milan, séjour de l'empereur, puis la fameuse conversion dans un jardin de cette ville. Suit le retour en Afrique et toute la carrière ecclésiastique, ponctuée de controverses avec les manichéens, païens, schismatiques, hérétiques qui lui permettront en quelque sorte d'affirmer ses propres positions théologiques. Avec en arrière plan l'effondrement progressif du monde dans lequel vivait Augustin, le déclin de l'empire romain d'Occident sous les coups de boutoir des « Barbares », la séparation de plus en plus prononcée entre l'Orient et l'Occident.

Peter Brown insiste davantage que Serge Lancel sur le caractère offensif et destructeur des luttes de Saint Augustin contre ses adversaires religieux, sur le recours à la violence d'état pour éliminer ses opposants, sur la chape de plomb idéologique qu'il aurait imposée à le pensée de l'Église. Aussi sur un aspect élitiste, un tant soit peu méprisant des foules ignorantes qu'il s'agit de mener par la force et le châtiment s'il le faut pour leur propre bien.

L'ouvrage est incontestablement de grande qualité, et permet de découvrir d'une façon précise et documentée le personnage d'Augustin ainsi que le contexte de l'époque. J'avoue toutefois d'avoir été plus intéressée par l'ouvrage de Serge Lancel, sans doute en partie parce que je l'ai lu en premier, et donc le livre de Peter Brown, même s'il est par moments complémentaire, est tout de même très proche dans le contenu. J'ai aussi davantage apprécié l'écriture de Serge Lancel, très élégante et précise. de plus j'ai trouvé que Peter Brown prenait plus partie, exprimait ses préférences ou jugements, sans toujours complètement les étayer, par exemple il nous dit que Julien d'Eclane n'est pas un personnage sympathique, sans plus développer ce point de vue. le biographe et ses partis pris est en quelque sorte plus apparent dans ce livre.

Mais le personnage et l'oeuvre de Saint Augustin sont d'une telle richesse et complexité (et ont d'ailleurs donné lieu à tellement d'ouvrages) que pour les approcher et tenter de se construire sa propre représentation, différentes lectures sont sans aucun doute nécessaires.
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