L'Odyssée, tome 4 : Le triomphe d'Ulysse (BD)

Il aura fallu attendre cette fin d'année 2020 pour que la collection La sagesse des mythes nous propose enfin le dénouement tant attendu de cette mémorable adaptation en bande dessinée de l'Odyssée. La première de couverture et le sous-titre en disent long. En fait, tout est dit et il n'est pas forcément nécessaire d'aller plus loin.

Nous sommes ici clairement aux prises avec un album qui n'apporte pas grand-chose à la littérature de vulgarisation. La première de couverture diffère tellement du reste de l'album que le choix éditorial frise avec le scandale. Sans s'attendre à quelque chose de révolutionnaire, le sous-titre résume clairement tout le programme : Ulysse est de retour et il va reprendre sa place.

Il ne faudra guère de temps pour venir à bout de ces planches, car il faut bien le reconnaître certaines sont vides, de texte, de sens, d'intérêt. Ainsi nous avons le privilège de voir Pénélope s'apprêter pour en imposer et Ulysse torturer un prétendant… Ces deux séquences sont le reflet d'une volonté de remplir à tour prix l'espace… et de justifier l'édition d'un nouveau titre.

Si le texte ne brille pas ni par son importance, ni par la qualité de ses échanges, les dessins parviendront à sauver les meubles, bien qu'en n'y regardant de plus près, il est parfois difficile de distinguer les prétendants entre eux. Même Télémaque est ici relégué au second plan alors qu'il y avait de la matière à exploiter…

L'album avait débuté sous les meilleurs auspices avec un retour en ailleurs assez intéressant. Mais hélas, voici la seule originalité dont devra se contenter le lecteur. Tant de choses sont passées sous silence (notamment le lien avec les familles des prétendants) que cela en devient exaspérant…

Fort heureusement, nous pouvons ici compter avec Luc Ferry qui nous livre l'une de ses meilleures prestations. Il mériterait d'ailleurs d'être récompensé à la hauteur de ses efforts pour parvenir à nous offrir un compromis entre l'autocitation, l'autosatisfaction et la paraphrase… Tout ce ceci est la hauteur de ce qui précède.

Clairement, le triomphe d'Ulysse est l‘album de trop : il n'apporte rien (le seul intérêt reste la séquence avec la nourrice et les encarts explicatifs de la fin) et lasse plus qu'il ne diverti.