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Critique de Yaneck


Voici la suite du Pouvoir des innocents, dont Luc Brunschwig nous a révélé ici combien il avait eu du mal à la produire. J'ai déjà rassuré l'auteur sur ce fait en privé, mais je le refais publiquement, Les enfants de Jessica est un excellent album, une intrigue politique et presque sociologique sur les Etats-Unis d'aujourd'hui. Pourtant, il part sur une uchronie qu'il a construite durant le pouvoir des innocents (et pour laquelle il a laissé passé 8 ans), mais j'ai vraiment eu l'impression de retrouver les Etats-Unis tels que je les connais et les conçois. New York a toujours été considérée comme à part, dans le paysage politique américain. C'est une ville où le métissage, la culture, ont nettement plus de sens et d'influence que dans le reste du pays. Ainsi donc, voir un personnage comme Jessica Ruppert à la tête de la ville n'est pas inconsidéré, même avec les avancées politiques proposées. Ce qui est intéressant, et bien vu de la part du scénariste, c'est le passage du statut de maire à celui de Secrétaire d'Etat. On touche cette fois à la politique générale du pays, et les forces sont plus puissantes en face. Ce que j'apprécie dans ce scénario, c'est qu'il théorise, d'une certaine façon, que le système politique américain, et les américains, empêchent l'application de politiques socialement avantageuses. Jessica Ruppert propose des mesures qui pourraient être qualifiées d'utopiques: prendre le contrôle d'immeubles abandonnés pour les transformer en logements sociaux, c'est dans de nombreux programmes politiques de la gauche de la gauche en France. Imaginez un pays où Barrack Obama, l'équivalent d'un Bayrou chez nous, est pris pour un socialiste au sens le plus communiste du terme. Et imaginez donc de telles propositions dans ce même pays. Luc Brunschwig propose des réactions très bien vues, très logiques et adaptées à l'état d'esprit de ce pays. Malheureusement, comme la sympathie du lecteur va à l'élue au grand coeur, la lecture s'avère difficile à vivre. Plus difficile encore, la trame de fond sur les deux migrants, un père et son fils. Et sur les Logan. Quelques mots sur eux: j'ai hâte de lire la prochaine série dérivée, Car l'enfer est ici, consacrée au destin de Joshua Logan, le héros de la première série. Il a sévèrement payé les actions du Pouvoir des Innocents pendant la série, mais visiblement plus encore depuis. Un groupe réactionnaire s'est monté autour de son symbole, et semble mener dans cette nouvelle série une véritable lutte armée contre la politique de Ruppert. Leur action est elle aussi très dure à appréhender pour nous lecteurs, car leur violence est vraiment en contradiction avec les sentiments positifs que fait naître la politique qu'ils combattent.
Sur cette intrigue très riche, sont posés les oeuvres de Laurent Hirn, celui que je considère comme le meilleur dessinateur pour accompagner Brunschwig, et qui était aussi de la première série. Avec le temps, l'auteur n'a rien perdu de son talent, mais si vous avez lu le Sourire du clown, vous n'en n'aviez aucun doute comme moi. Les dessins sont toujours excellents, et la mise en couleur toujours parfaitement adaptée aux ambiances et aux situations.

Les enfants de Jessica tome 1 est en passe de devenir mon album préféré de ce début d'année 2011. Une intrigue fouillée, complexe, intelligente, sur un dessin sans faille, je ne peux rien demander de plus. Cette poursuite de la série très appréciée qu'était le pouvoir des innocents est une réussite. J'attends beaucoup encore de la seconde série dérivée, mais plus encore du tome 2 de cet excellent premier tome.
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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