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Critique de Lamifranz


Le débat entre les romans et leurs adaptations au cinéma ou à la télé ? Laissez-moi vous narrer une histoire : deux chèvres boulottent sur un terrain vague, l'une a dégotté un vieux livre de poche tout défraîchi. Qu'est-ce que tu manges ? demande l'une. L'autre répond : « le Pont de la rivière Kwaï ». Et c'est bon ? reprend la première. Bof ! conclut l'autre. J'avais préféré le film en VHS. Bon, j'ignore si la cassettes-vidéo sont comestibles par nos amies caprines, mais la morale de cette histoire, c'est que tout est une question de goût. « Beau n'est pas beau, beau est ce qui plaît », se plaisait à dire ma belle-soeur. C'est vrai pour les tableaux, la musique, les fruits et légumes, les romans et les films
« Les trente-neuf marches » est un des grands chefs-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock (1935) dans une de ses premières périodes : un grand film d'espionnage qui tourne autour de deux mots « Ecosse » et « 39 marches », une société secrète pro-allemande, et la toute première blonde hitchcockienne du cinéma, en l'occurrence Madeleine Carroll. le Maître du suspense nous propose un final hallucinant dans une salle de concert… Mais vous connaissez tout ça.
Ce que l'on connaît moins, c'est l'origine du film : un roman de John Buchan paru en 1915, qui porte le même titre, et dont le scénario de base est le même. Mais Hitch ne saurait adapter une oeuvre sans y ajouter sa patte bien à lui : sans dénaturer l'oeuvre initiale, il en fait du « Hitchcock » (souvenez-vous de « La Taverne de la Jamaïque » et de « Rebecca ») : il réactualise le sujet (on n'est plus dans l'avant-guerre de 14), invente des personnages (celui de la blonde sur laquelle repose le film, etc.)
Le roman est répertorié parmi les classiques du roman d'espionnage, ce qui n'est pas forcément un critère de qualité (bien que de grands auteurs s'y soient essayé avec succès). « Les trente-neuf marches » n'est pas un mauvais roman, mais pas un chef-d'oeuvre non plus. Disons que c'est un ouvrage distrayant, qui ménage assez de suspense pour maintenir l'intérêt jusqu'à la fin.
C'est donc l'histoire de Richard Hannay (il y aura quatre autres aventures après celle-ci). Richard qui a fait fortune en Afrique du Sud, revient en Angleterre où il se trouve impliqué dans une affaire dangereuse, aux prises avec une société secrète intitulée « La Pierre noire », composée d'extrémistes allemands qui veulent mettre le feu à l'Europe. Richard est traqué sur la lande écossaise, il n'a que quelques jours pour déchiffrer le code, les fameuses « 39 marches », et déjouer le complot.
On comprend que le réalisateur ait été intéressé par ce roman : c'est le thème même de ses plus grands films : un pauvre homme qui se retrouve dans la peau d'un accusé (à tort, bien sûr), qui est obligé de fuir, et en même temps de trouver les preuves pour se disculper et faire tomber les vrais coupables.
En conclusion, on peut lire ce roman, en perspective avec le film, d'une part, et puis aussi pour se faire une idée de l'espionnage « avant James Bond ». Ici, on se situerait plus dans l'ambiance des BD de Blake et Mortimer (à part l'époque), avec la peinture d'une Angleterre post-victorienne, toujours à la tête d'un immense Empire Colonial, bref un roman très british, pas compliqué à lire, et bien documenté, l'auteur étant lui-même un politicien influent, autant qu'un écrivain tous azimuts (essais biographies, romans, etc.)
Et on peut toujours regarder le film d'Hitchcock – sans modération.




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