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Critique de Tigo


Tigo
22 décembre 2021
Multiculturalisme à deux vitesses.

Adapter le mythe d'Orphée avec des acteurs noirs inconnus au Brésil? Tel est le projet fou d'Aurèle Marquant. Il sera aidé par sa femme Gipsy Dusk, future Eurydice. Toutefois le tournage ne sera pas de tout repos.

C'est une lecture inhabituelle pour moi. En effet, je lis relativement peu de fiction historique. Estelle-Sarah Bulle réécrit le tournage d' "Orfeu Negro" en modifiant les noms de certains protagonistes. Elle montre également l'hypocrisie brésilienne, le Brésil est un pays métissé mais uniquement quand cela peut servir ses intérêts. Ainsi c'est systématiquement les brésiliens d'origine européenne qui sont mis en valeur, alors que les noirs, les métisses et les indiens sont traités comme des citoyens de seconde zone.

En cela les personnages sont intéressants. Ainsi Gipsy, noire américaine, nous montre la ségrégation raciale aux États-Unis durant son enfance, puis sa relative émancipation en France. Car malgré ses ambitions d'actrice, elle reste cantonnée à des rôles stéréotypés et "exotiques". le film d'Aurèle constituant son unique chance d'avoir de meilleurs rôles. Norma est une jeune fille pauvre des favelas de Rio. le film est une occasion inespérée pour elle de se sortir de la misère, voire peut-être plus. A travers ses yeux nous voyons la société brésilienne dans toute son hypocrisie. Durant le roman, le chantier de la future capitale Brasilia est en filigrane. Cette capitale est supposée montrer la modernité et l'égalité entre tous les brésiliens. Toutefois Norma ne se fait aucune illusion et sait que cela ne changera rien à sa condition.

De plus le roman montre le snobisme d'un certain cinéma français qui se prétend à l'avant-garde, alors qu'il est tout autant puant que ce qu'il entend dénoncer. Ainsi Aurèle est marginalisé par le reste de la profession alors qu'il entend apporter un véritable souffle nouveau sur le cinéma.

Au final, j'ai plutôt apprécié le roman par ses diverses thématiques (discriminations raciales, snobisme du milieu du cinéma, pauvreté), même si je trouve qu'il aurait mérité une centaine de pages en moins. En effet, je trouve que certains arcs narratifs n'apportent rien à l'histoire (CIA) là où d'autres auraient mérité plus de développement (Breno). le milieu du roman comporte des longueurs, ainsi que la fin (Cannes). Toutefois, j'ai également découvert un film, "Orfeu Negro", que j'essayerais de voir si j'en ai l'occasion.
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