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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est peu de dire que l'histoire récente de la Pologne n'a pas été un long fleuve tranquille. Champ de bataille où s'affrontent à partir de 1939 l'Allemagne nazie et l'URSS, elle n'est libérée du joug de l'une que pour tomber dans les tenailles communistes de l'autre à la fin de la guerre.
Dans un tel contexte, la population locale ne vit pas, elle survit. C'est le cas de Rozela et ses trois filles Gerta, Truda et Ilda. A partir de la mort de son mari dans les années 30, Rozela les a élevées seule, dans un petit village de Cachoubie, une province polonaise. Elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes, et certainement pas sur les hommes : après la guerre, les filles de Rozela auront bien des maris ou des amants, mais ceux-ci se distingueront davantage par leur manque d'épaisseur, leur faiblesse ou leur lâcheté que par leur courage et leur solidité. Et donc, puisqu'il le faut bien, c'est Rozela et ses filles qui le seront, courageuses et solides, pour traverser chacune à sa manière les épreuves que la vie leur infligera généreusement : hivers glaciaux, manque d'argent, de nourriture, terreur stalinienne et tracas causés par la bureaucratie soviétique, elles se démèneront, ensemble ou séparément, pour vivre décemment. Elles connaîtront des moments de fragilité, d'hystérie ou de désespoir, mais elles ne cesseront jamais de lutter. Sauf peut-être Rozela, quand les traumatismes subis pendant la guerre remonteront à la surface à la fin de sa vie et auront raison de sa... raison.

J'ai eu du mal à entrer dans ce roman et à m'intéresser à ses personnages. La narration alterne les points de vue des quatre héroïnes, et au début, j'ai trouvé l'ensemble un peu décousu, je n'arrivais pas à mettre de l'ordre dans les différentes versions des mêmes anecdotes. Les personnages ne m'apparaissaient pas particulièrement sympathiques mais au contraire plutôt dénués de sensibilité, ne laissant la place qu'à la colère, le ressentiment, le fantasque. Des coeurs endurcis desquels s'échappe parfois une pression trop forte. Puis à partir de la moitié du roman, sans que je comprenne bien pourquoi, peut-être un geste doux par ci, un mot plus tendre par là, j'ai trouvé ces quatre femmes de plus en plus touchantes, attendrissantes, mais forçant toujours le respect par leur courage et leur ténacité.
A travers ces chroniques de la vie quotidienne, ce roman énergique dresse le portrait de deux générations de femmes attachantes, dans le contexte historique trouble et troublé de la Pologne. Un roman tragi-comique qui rend hommage à ces femmes coriaces, victimes de la guerre et des (de certains) hommes.

En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.
#LesCoeursendurcis #NetGalleyFrance
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« Les Coeurs endurcis », c'est avant tout le destin d'une mère et ses trois filles qui vont devenir des femmes.
Cette saga familiale se déroule en Cachoubie, une province polonaise. Tout débute dans les années trente avec Rozela la mère. Ses trois filles, Gerta, Truda et Ilda, elle doit les élever seule après la mort de son mari. Outre ces quatre femmes, l'histoire tourne autour de la maison que Rozela a construite tout au bout du village de la Colline-aux-Vierges.
« C'était l'année 1932, l'hiver. Les murs n'avaient pas encore connu la chaleur. La maison était solide »
Puis la guerre est arrivée avec son lot de malheur, invasion de soldats allemands, puis russes et Rozela qui avant tout a protégé ses filles n'a pu se soustraire à la violence des hommes. Une trace de sang, incrustée dans le plancher en témoigne. Ce terreau d'horreur, de pauvreté et d'incertitudes va modeler les caractères de ces femmes pour lesquelles la vie doit se vivre coûte que coûte. Il faut s'endurcir et museler son coeur.
« Fille naturelle d'une fille naturelle, condamnée à vivre dans un sentiment perpétuel de honte, Rozela gardait la tête haute et enseignait la même chose à ses filles. Noble. Quoique paysanne. Courageuse. Quoique femme. »
De tempéraments différents, les trois filles se battent contre l'adversité. L'ainée, Gerta, la plus raisonnable, se souvient lorsqu'elle était cachée dans la cave et qu'elle entendait les soldats marcher au-dessus de sa tête. Elle admire sa mère, si forte, et l'aide au mieux avec les poules et les cochons.
Truda est l'amoureuse et la rêveuse. Son fiancé est rejeté par sa mère parce qu'il est allemand, elle jette alors son dévolu sur Jan le gitan. Il l'épousera mais elle continuera à demander à son ancien fiancé de lui envoyer de Berlin d'élégantes chaussures à talon.
Des trois soeurs, Ilda la fantasque est la plus rebelle. Vêtu d'une combinaison en cuir, elle conduit un side-car trouvé dans un fossé et se moque du qu'en dira-t-on. Elle aura une liaison avec un sculpteur marié. Il lui offrira des robes couteuses, elle sera son modèle pour une statue gigantesque.
Chacune des soeurs subira des tempêtes, des épreuves, des déceptions. Il y aura aussi des moments heureux, la vie quoi ! Elles connaitront les tromperies et la jalousie des hommes, elles mettront des enfants au monde. Gerta aura trois filles, Truda, deux fils, le sien et l'enfant illégitime de Jan qu'elle élèvera comme le sien lorsque son mari sera incarcéré.
A chaque gros temps, la maison de la Colline-aux-Vierges devient le port calme où se réfugier. Et si parfois les soeurs et leur mère peuvent se montrer impitoyables entre elles, elles finissent toujours par se retrouver grâce à ce lien très fort qui les unit.
La construction très originale du roman nous fait traverser la vie de ces quatre femmes selon les saisons et les évènements qui jalonnent leurs vies. Cela débute par un enterrement et se clôt par la mort de Rozela. L'histoire est découpée en courts chapitres, chacun débutant par le prénom de l'une des quatre femmes, créant un récit dense comme les fils de couleurs différentes qui, une fois tissés, forment une toile serrée, inébranlable comme la solidarité entre ces femmes.
Malgré l'époque troublée, émaillée de drames, le récit n'est pas larmoyant. Il y a une incroyable énergie dans l'écriture de Martyna Bunda et on se laisse emporter par les aventures à la fois tourmentées et drôles de ces « pasionarias » de la solidarité féminine.
Je remercie les éditions Noir sur Blanc et Masse critique de Babelio pour la découverte de ce roman captivant.
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Le roman débute sur une scène qui se passe en 1975, avec un étrange enterrement : trois soeurs accompagnant un cercueil, celui de Tadeusz Gelbert, sculpteur de son état qui fut le compagnon de l'une d'elles, Ilda, mais ne s'est jamais réellement séparé de son « épouse aimante », présente elle-aussi, scène qui nous permet de faire la connaissance de cette famille que l'on va suivre au gré des ans et de l'Histoire.

On entre ainsi dans cette famille étrange, composée de la mère Rozela et de ses trois filles : Gerta, Truda et Ilda, dans leur ferme « La colline-aux-Vierges » située dans le village de Dziewcza Gora.

Rozela, n'a pas eu une vie facile : son mari est mort accidentellement, dans les années trente et on l'a « indemnisée » en lui faisant construire sa maison, la première en « dur » du village. A la fin de la guerre, elle a été violée durant plusieurs jours par des soldats russes qui cherchaient de l'argent, brûlée au fer rouge, ce qui laissera une trace indélébile sur son abdomen. Elle refusera toute sa vie de parler de ce qui s'est passé ce jour-là, se contentant de tenir le fer à repasser à distance et interdire à quiconque de le toucher. Elle veut oublier cette horrible guerre, les nazis, puis les bolcheviks, et reprendre une vie normale.

Une des filles était à Berlin, travail forcé, qu'elle a fui avec un Allemand « résistant » Jakob » mais Rozela a refusé que sa fille épouse un nazi, alors qu'elle-même caché des gens en fuite dans sa cave (Juifs ou non) ce qui n'empêchera pas Truda d'entretenir des liens épistolaires avec lui.

La vie à la ferme n'est pas simple, on manque de tout, mais Jan, un milicien, amoureux de Truda, se débrouille pour leur apporter nourritures, poules, cochons, paons… et finit par l'épouser. Tout ira bien, naissance de leur petit garçon, Jan-Flamme qui multiplie les bêtises… Un jour, elle apprend qu'il a eu un autre fils et en voulant enquêter sur son passé elle attire l'attention de la milice sur lui et direction prison, torture, condamnation après un procès à charge on est à l'ère stalinienne…

Gerta, va épouser un horloger, quelque peu étrange aussi, Edward, le seconder au travail, tout en s'usant les yeux sur les nappes qu'elle brode et vend pour arrondir les fins de mois. de leur union naîtront trois filles.

Ilda, la petite dernière, fait la connaissance d'un sculpteur, avec lequel elle partagera sa vie malgré la présence plus ou moins rapprochée de sa première femme, dont il ne se séparera jamais. C'est Ilda qui gère la maison, puis la maladie, de Tadeusz, narcissique, manipulateur… et ils n'auront jamais d'enfants.

Les trois soeurs tentent, toutes les trois, de vivre leur vie de manière autonome, de travailler, chacune dans leur domaine, mais chaque fois qu'un problème surgit, c'est le retour à « La colline-aux-Vierges » qui sera maintes fois repeinte, réorganisée…

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Les coeurs endurcis raconte la vie de Rozela et de ses trois filles , Gerta , Truda et Ilda
.
Le roman débute dans les années 30 dans une ferme d'un petit village de Pologne en Cabouchie , aucune épreuves ne leur seront épargnées .
Il y a l'hiver avec ses températures terribles , le travail éprouvant à la ferme , la seconde guerre mondiale et l'époque stalinienne .
Rozela , la mère va subir les pires outrages par les soldats russes à la fin de la guerre , cette épreuve va rester enfuie pendant des années pour rejaillir dans ses vieux jours sous la forme d'une sorte de folie , heureusement, elle sera soignée par un médecin qui se rend compte qu'il s'agit d'une blessure ancienne , invisible car logée dans l'inconscient .
Rien ne sera épargné non plus aux trois filles , amours contrariées , mari arrêté par la milice …
Malgré tout , Rozela et ses trois filles traverseront
les nombreuses épreuves avec dignité , c'est un roman de femmes où les hommes ont une place secondaire , même si pour moi j'ai ressenti une grande empathie pour Jan dit le gitan et son histoire tragique
Un roman sur une époque tourmentée , où il y eut des déplacements gigantesques de personnes , où la vie chez les vaincus à Berlin deviendra bientôt plus facile qu'en Pologne .
Un beau roman aux personnages attachants qui malgré le titre Les coeurs endurcis ne perdront jamais leur humanité .
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Une histoire à quatre voix, voix polonaises dans les années 30 d'abord, puis jusqu'aux années 70-80.
Une mère, veuve, Rozela, fille naturelle d'Otylia , célibataire, renvoyée du manoir où elle travaillait. Et ses trois filles : Gerda, l'aînée, qui va épouser Edward ; Truda, devenue l'épouse de Jan le Gitan et mère d'un Petit-Jan, après un affreux accouchement à domicile ; et enfin la plus fantasque, la plus rebelle, Ilda, combinaison de cuir et side-car, qui a longtemps joué à être un garçon. La voilà devenue mère nourricière du bébé Jan, délaissé par Truda. Elle qui n'a jamais eu d'enfant donne le sein, y compris à son compagnon, Tadeuscz Gelbert, sculpteur, marié et père de deux garçons, étrange personnage pleurard et exigeant, jaloux et tyrannique.

Nous sommes en Cachoubie, province polonaise du Nord, donnant sur la Mer baltique. Il y a eu les nazis et leurs horreurs, les libérateurs russes et leurs exactions : les hommes ne sont pas des modèles. Rozela - et combien d'autres - a dû subir leur violence et en être à tout jamais marquée. Elle semble dure avec ses filles parfois, mais quel avantage y aurait-il à leur apprendre la douceur ?

Sur fond historique communiste où les magasins sont vides et les logements introuvables, les trois filles vivent leur vie et celle de leur mère, devenue à-demi folle. On pourrait s'attendre à du pathos et à de la douleur à chaque page mais il n'en est rien. La passion slave habite chaque instant, passant du tragique au burlesque en un clin d'oeil. Une mère marquée au fer par les Russes, un époux emprisonné et torturé pour trahison d'État voisinent avec une jeune femme chevauchant un sanglier libidineux qui donnera naissance à une prétendue race de porc rare et hors de prix : le cochon à frange et voûte palatine noires ! Ailleurs, les paons se livrent à des luttes acharnées au point de perdre leurs plumes, des lapins en chaleur font un vacarme épouvantable dans les clapiers. Et l'on dépèce savamment les porcelets élevés avec amour. Nécessité fait loi.

Premier roman d'une auteure prometteuse, traduit du polonais, à suivre. Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Noir sur Blanc pour cette découverte.
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Ce n'est pas un roman facile à lire. Pas grand chose ne semble avoir été épargné à ces quatre héroïnes, dont nous découvrons le destin, au fil des années, après la seconde guerre mondiale. "Les coeurs endurcis", ce n'est pas tant que les quatre femmes sont devenues insensibles, c'est que les choses de la vie les a forcées à renfermer leurs sentiments, pour tenir le coup, quoi qu'il advienne.

Ce récit n'est pas linéaire, nous suivons une multitude de petits épisodes, mettant en scène l'une ou l'autre soeur, montrant les épreuves qu'elles ont traversées, surmontées, ou enfouies au plus profond d'elles-mêmes. Se confier ? Quasiment impossible. Puis, à quoi bon partager un fardeau ? Unies, elles le seront toujours, malgré des choix de vie différents : leurs liens seront toujours forts, quoi qu'il arrive.


Le roman ne sombre pas non plus dans le pathos. Les faits sont là, il est impossible de les changer. La nécessité de survivre, de trouver de quoi subsister, dans ce village cachoube, est déjà bien assez compliqué comme cela. Agir pour ses soeurs, c'est mieux que leur dire "je t'aime". 

Et les hommes ? J'ai presque envie de dire qu'ils ne font que passer, n'apportant pas aux femmes la force, le soutien dont elles auraient besoin.
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Dans Les coeurs endurcis, ce sont ceux de trois soeurs polonaises, Gerta, Ilda, et Truda, et de leur mère, Rozela, qui sont mis au jour, depuis la Seconde Guerre Mondiale jusqu'aux années 1980.

Endurcis, ces coeurs, ils le sont, pour diverses raisons et circonstances, et Martyna Bunda nous les dépeint avec foisonnants détails, dans une valse d'épisodes doux-amers assez touchants, prêtant parfois à sourire, parfois au contraire à éprouver de la compassion pour la sororie, épisodes de la vie quotidienne mettant davantage en avant les amours de chacune, dans toute leur complexité, mais aussi, finalement, dans toute leur banalité, à une époque où être femme indépendante et libre, en Pologne, ne va pas vraiment de soi.

Et c'est ainsi, par l'intermédiaire des portraits des soeurs et de leur mère, que se dessine en filigrane la Pologne d'après-guerre, en pleine mutation, devant faire face à de nombreuses contradictions et difficultés, tant économiques, que sociétales, ou encore culturelles.

Un peu perturbée par la succession des épisodes sans véritable lien, excepté la parenté de chacune, au début du roman, j'ai fini par me laisser prendre par l'histoire de cette famille indéniablement hors du commun, notamment parce que ce morcellement premier prend finalement sens au fil des pages et des épisodes.

Je remercie les éditions Noir sur Blanc et NetGalley de m'avoir permis la découverte de ce roman.

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Dans Les coeurs endurcisMartyna Bunda raconte une histoire de femmes, celle d'une mère et de ses trois filles nées dans les années 1930 qui vivent dans un petit village du nord de la Pologne près de Gdansk. Les hommes comptent peu auprès d'elles, même quand ils sont présents. Ces 4 femmes sont fusionnelles malgré les désaccords, les cris et les pleurs.
Martyna Bunda reprend le style des tragi-comédies loufoques typiques de certains romans de l'Europe de l'Est. Elle décrit la vie de débrouille dans la campagne polonaise, avec l'arrivée de l'armée russe puis la dureté de la vie sous le régime communiste. L'essentiel du roman se déroule des années 1945 à la fin des années 1970. C'est comme un récit à 4 voix, chaque chapitre commençant par le prénom d'une des femmes. Elles sont indépendantes mais soumises aux dictats des traditions et portent les séquelles des traumatismes du passé.
Dans ce premier roman un peu fouillis, Martyna Bunda garde une certaine distance par rapport à ses personnages qu'elle ne présente pas totalement sympathiques. Ces femmes, adeptes du mélodrame, m'ont tout à la fois agacée et touchée.
Merci aux éditions Noir sur Blanc et à Babelio pour ce Masse critique

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Le livre est découpé en saisons. Il commence en hiver et se termine en hiver, après avoir effectué un cycle complet. Ce ne sont pas des saisons de trois mois, mais de plusieurs années. Quatre saisons et quatre voix : celle de Rozela et celles de ses filles, Gerta, Truda et Ilda. Toutes quatre vivent dans la première habitation en briques du village. Rozela l'a construite, le lendemain de l'enterrement de son mari, avec les indemnités reçues. Abram est mort en tombant d'un échafaudage. La maison a été achevée en 1932. Pendant la guerre, elle a témoin d'horreurs subies par Rozela de la part des Russes. Aussi, quand en 1945, Truda, qui a passé les trois dernières années en Allemagne, se présente à la porte, accompagnée d'un Allemand, un déserteur de la Wehrmacht, sa mère hurle et renvoie Jakob.


C'est un chagrin que Truda n'effacera jamais de son coeur, même si son besoin d'amour la pousse dans d'autres bras. Ilda, elle, travaille auprès des personnes déplacées. « Suite à la conférence de Postdam (1945), qui a repoussé les frontières de la Pologne vers l'ouest, les territoires dont furent chassés les habitants se virent repeuplés par des Polonais des régions de l'Est devenues soviétiques. Ces derniers sont désignés sous le terme de “ personnes déplacées “ ou transplantées. » (p. 55) Elle a des envies d'émancipation. Gerta, quant à elle, est considérée comme la plus sérieuse et la plus raisonnable des trois soeurs.


Les coeurs endurcis raconte l'histoire de quatre Polonaises, de la fin des années 1930 à la fin des années 1970. le récit passe d'une anecdote du quotidien au récit d'un malheur, pour revenir à des faits anodins. Les hommes sont présents, mais semblent plus apporter des problèmes que des réconforts. le coeur du roman concerne les quatre femmes et leur manière de surnager dans un pays dans lequel chaque action peut être dangereuse. Après l'occupation des Nazis, puis l'itinéraire sanglant des Russes, il faut composer avec la milice stalinienne. Des interdictions, parfois incongrues, naissent chaque jour, sans que la population en soit informée.


J'ai eu besoin de temps pour apprécier cette famille. Elles sont quatre : elles se disputent parfois, elles sont très différentes, par leur personnalité, mais aussi par leurs aspirations, cependant chacune est un repère pour les autres. Pendant la première moitié du livre, je ne ressentais aucune émotion. Puis, sans que je m'en aperçoive, je ne peux pas indiquer quel moment a fait basculer ce sentiment, les pierres autour des coeurs de ces femmes ont, certainement, dû s'effriter, car elles ont fini par me toucher. Ce changement a été doux, il s'est produit en silence. J'ai été attendrie par leurs défauts, j'ai aimé que l'une rompe sa perfection et que l'autre s'assagisse. J'ai été attentive à leur pudeur et à leurs emportements. Je pense, également, que la personnalité d'un des hommes, Jan le gitan, a contribué à ce que le récit m'interpelle. J'ai été émue par son destin, alors que les autres personnages masculins ont provoqué au mieux de l'indifférence, au pire de l'agacement, ce qui semble être la volonté de l'auteure. Leurs comportements ont embelli les caractères des héroïnes. Pourtant, ces dernières provoquent une ambivalence : je me suis attachée à elles, malgré moi, alors que, parfois, je n'approuvais pas leurs attitudes.


En conclusion, après un début qui m'a tenue à distance, j'ai bien aimé ce roman rugueux, comportant des touches d'humour pour raconter la dureté de la vie. Il n'a pas été un coup de coeur, car mes émotions n'ont pas été assez sollicitées. Cependant, il m'a interpellée par son originalité, j'ai aimé la construction : les voix s'enchaînent et reviennent comme la ronde des saisons.


Je remercie sincèrement les Éditions Noir sur Blanc et Babelio pour cette masse critique privilégiée.


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La Cachoubie, avec la ville de Gdansk, évoque des luttes qui n'ont pas droit de citer dans Les coeurs endurcis de Martyna Bunda, puisque le livre de la romancière, s'il se déroule dans cette région, couvre le second tiers du XXe siècle. Les hommes n'y ont pas non plus une grande place, se révélant la plupart du temps velléitaires, menteurs et irresponsables. le livre s'intéresse en priorité à une mère et à ses trois filles, tout au long de leurs existences, marquées par des liens très forts entre elles, même avec des tensions temporaires dues à des caractères dissemblables. le temps passe vite dans Les coeurs endurcis qui respecte peu ou prou une chronologie linéaire nonobstant un découpage en 4 parties (correspondant aux saisons) et en chapitres courts qui portent en titre, alternativement, les prénoms des 4 héroïnes. Sans insister outre mesure sur l'actualité politique et économique de l'époque, le livre en décrit cependant les conséquences car les temps sont durs pour ces femmes qui, malgré les mariages et les naissances, font preuve d'indépendance et de courage, s'entraidant lorsque cela est nécessaire. Peut-être un peu dénué d'émotions, quoique, entre les lignes, l'ouvrage se caractérise par un mélange plutôt réussi entre tragédie et comédie avec même quelques passages très cocasses qui rappellent les films de Kusturica. Cette chronique cachoube, très enlevée, où les animaux ont aussi leur importance, poules et cochons notamment, est de celles qui donnent envie de retrouver à nouveau son auteure, son deuxième roman étant paru en 2019, en Pologne.
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