Citations sur Que le destin bascule (22)
Ce que je préfère au monde, c’est lire. Souvent, je prends le bus, je m’installe au fond, et je lis jusqu’au terminus. Puis je repars dans l’autre sens. J’ai toujours fait ça. Chez moi c’est trop petit, ce n’est jamais calme, il y a toujours du monde… En ce moment, je lis Le Tatoueur d’Auschwitz de Heather Morris. C’est une histoire d’amour entre un homme juif chargé de faire les tatouages à l’arrivée au camp et une femme déportée. C’est très beau.
Pas facile de faire preuve d’autant d’autodérision lorsqu’on est adolescente. En classe, Baya devient la cible des moqueries des autres élèves, à cet âge où on ne laisse rien passer. Son quotidien est tellement horrible qu’elle finit par avaler une plaquette entière des somnifères de son père.
Baya est bien loin de l’idée qu’on peut se faire d’une islamiste ou d’une délinquante en voie de radicalisation. Sa timidité, sa sensibilité, son recul sur les événements ne correspondent pas à l’image qu’on veut lui coller. Alors, qu’est-ce qui a bien pu la pousser à proférer une telle menace ?
Les acronymes vous font peur ? C’est normal, à moi aussi. Alors imaginez pour une jeune condamnée encore sous le choc et complètement perdue… C’est pourtant la première étape de la réinsertion : comprendre ce qui vous arrive.
Une jeunesse ensorcelée par cette religion, le bourrage de crâne et l’ignorance, voilà les effets. »
Baya prend soudain conscience de ce qu’elle a fait. Elle qui pensait qu’un tweet était forcément inoffensif, que son message n’était qu’une expression imagée, elle comprend désormais qu’il s’agissait d’une menace de mort. Et que pour cela, elle encourt de la prison ferme.
Ce que montrent certaines études, c’est que les filles échappent aux contrôles. Les policiers ont en tête un certain nombre de catégories liées au genre, et un individu suspect est un individu de sexe masculin. De la même façon, au niveau judiciaire, le parquet poursuit moins souvent, ou proposera des mesures alternatives. » Des représentations de genre qui influent donc sur la façon dont la justice est rendue.
La vérité ? Je n’étais plus certain de savoir ce que ça voulait dire… Si je me réfère au dictionnaire, la vérité est la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle cette proposition réfère. De ce point de vue-là, ma vérité sur la délinquance ne m’avait jamais paru aussi loin de la réalité.
Il arrive que les jeunes évoquent les voies qu’ils auraient pu emprunter avec une pointe de nostalgie. « J’étais super bon en compta, j’aurais pu avoir mon bac facilement ! Mais bon, l’école, c’était pas pour moi… » Ou encore : « J’ai eu mon bac avec mention, mais je savais pas trop ce que je pouvais faire après, alors j’ai laissé tomber.
Jusqu’ici, l’organisation de mon monde avait toujours été régie par un principe fondateur : il y avait des méchants et des gentils. Comme dans un sketch des Inconnus. L’équation était claire dans ma tête : un délinquant, c’était un méchant. Et moi, j’étais un gentil. C’était ce que j’entendais de la bouche de mes profs, des politiques et dans les principaux médias depuis ma naissance. J’imaginais que les jeunes des classes populaires étaient dangereux.