Citations sur Que le destin bascule (22)
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En France, le TIG existe depuis 1983, à l'initiative de Robert Badinter. Avec 36000 mesures par an, il représente 7 % des peines prononcées.
Ça a duré moyenne est de 105 heures (notre stage représente 50), et les condamnés ont 18 mois pour les exécuter dans l'un des 20 000 postes existants.
25 % des condamnés le sont pour rébellion et outrage, 25 % pour des délits routiers et 20 % pour des infractions et à l'usage et au trafic de stupéfiants.
Pour les peines inférieures à 2 ans de prison, le taux de récidive après un emprisonnement et de 59 %.
Il chute à 31 % après une peine de TIG.
Baya est soulagée. En partant, elle m'adresse un dernier commentaire que je ne suis pas près d'oublier : Tu m'as rendu ma dignité.
Notre métier, c’est semer, semer, semer. Ça germe tout de suite, ou plus tard. On ne peut pas savoir.
Que cela soit vrai ou non, la paranoïa prend toute la place. Elle voit désormais le spectre de sa condamnation dans chaque pièce de l’appartement, et décide finalement de démissionner, soulagée à l’idée de s’éloigner de son employeur, mais désespérée à l’idée de quitter Yasmine.
Sa condamnation lui colle aux baskets comme un vieux chewing-gum, mais Baya n’est pas du genre à se laisser abattre. Elle contacte le collège de son adolescence et décroche un poste de surveillante pour la rentrée suivante. Problème : au moment de signer son contrat, le proviseur exige lui aussi un extrait de son casier B2, celui dans lequel figure sa condamnation. Impossible de travailler pour l’Éducation nationale avec ses antécédents.
La pertinence du casier judiciaire et de son utilisation paraît évidente dans certains cas de figure : on imagine mal un pédocriminel multirécidiviste travailler dans une crèche. Il peut néanmoins devenir un poids terrible lorsqu’il s’agit de petits délits. Ainsi, pour sa menace, le casier de Baya lui interdira l’accès aux métiers de l’éducation, ce dont elle rêve depuis toujours.
Le casier judiciaire permet en effet de garder une trace du parcours de chaque individu. Organisé en trois bulletins, il répertorie les différentes condamnations – crimes, délits ou amendes – pour une durée déterminée en fonction de l’infraction. Certaines lignes seront ainsi effacées automatiquement après un nombre d’années défini, et à condition de ne pas commettre de nouveaux délits du même type.
Mon préféré, c’est Cousine K, de Yasmina Khadra. J’aime beaucoup La Vie devant soi, d’Émile Ajar, enfin de Romain Gary ! Deux pseudonymes, c’est marrant. Mais mon écrivain préféré, c’est Camus. Pour une Franco-Algérienne, c’est logique, non ?
Ce que je préfère au monde, c’est lire. Souvent, je prends le bus, je m’installe au fond, et je lis jusqu’au terminus. Puis je repars dans l’autre sens. J’ai toujours fait ça. Chez moi c’est trop petit, ce n’est jamais calme, il y a toujours du monde… En ce moment, je lis Le Tatoueur d’Auschwitz de Heather Morris. C’est une histoire d’amour entre un homme juif chargé de faire les tatouages à l’arrivée au camp et une femme déportée. C’est très beau.
Pas facile de faire preuve d’autant d’autodérision lorsqu’on est adolescente. En classe, Baya devient la cible des moqueries des autres élèves, à cet âge où on ne laisse rien passer. Son quotidien est tellement horrible qu’elle finit par avaler une plaquette entière des somnifères de son père.