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Critique de Wazlib


J'ai lu le second tome des aventures de Dave Robicheaux il y a maintenant quelques semaines, mais mon ressenti ne s'est pas amenuisé pour autant. J'avais été passionné par "La Pluie de Néon" et véritablement époustouflé par l'écriture de Burke. C'était pour ainsi dire un des plus beaux romans noirs que j'ai pu lire. N'étant pas un grand amateur du genre, je n'ai guère de comparaison, mais je pense reconnaître un grand livre quand j'en ai un dans les mains. Dans cette catégorie de roman noir "superstar", j'y rajouterais "Le Dahlia Noir" d'Ellroy qui restera pour moi un choc incroyable et m'a marqué définitivement dans ma vie de lecteur. Eh bien, croyez-le ou non, j'adore de façon indéfectible Dave Robicheaux et sa vie mouvementée.

Je me pose beaucoup de questions en pensant à tous les tomes de la série (il doit bien y en avoir une vingtaine), puisque Burke en a fait vivre énormément à Robicheaux en seulement deux tomes! Mais c'est l'avenir qui répondra à cette question, car c'est désormais une certitude que je vais poursuivre sur ma lancée (je devais aussi continuer le premier quatuor de LA d'Ellroy, mais les circonstances faisant, cela fait partie de ma longue, très longue PAL...).

On retrouve avec "Prisonniers du ciel" cette Louisianne pleine de sensorialité où les brisures de chacun et quelques bières font naître des ambitions viciées. Les parfums sont là, tout comme ces nuances infinies de ciel qui tantôt accompagnent un Robicheaux aimant, en paix avec lui-même; tantôt cet homme lesté de souvenirs de violence ne parvenant pas à lutter contre les perspectives d'un avenir perdu d'avance. On commence le roman avec une situation assez inhabituelle: Dave Robicheaux a rendu l'insigne, est marié et passe ses journées au bord du fleuve à tenir une petite baraque de pêche. Mais c'est sans compter sur l'arrivée impromptu d'un bimoteur dans l'océan, avec à son bord une fillette qu'il va recueillir, et qui tragiquement le fera replonger dans ses pires déviances.
Car s'il y a bien une thématique dans ce roman, c'est celle de l'innocence et du poids des erreurs. Toutes les intrigues développées dans ces pages tiennent aux erreurs de Robicheaux: son orgueil et son incapacité à "laisser couler" (l'expression est pour le coup, très bien choisie). Son acharnement à quitter la passivité portera ses fruits, au tribut d'un très lourd fardeau. Comme dans beaucoup d'oeuvre, l'alcoolisme sublime toutes ces thématiques en reflétant toutes ces émotions contradictoires entre lesquels Robicheaux tourbillonne, puis se noie.

J'ai trouvé l'intrigue plus développée que dans le premier tome, avec toujours cette galerie de personnages hauts en couleur s'incarnant en quelques lignes. S'il fallait contre-balancer cela, j'ai été moins marqué par des épiphanies poétiques comme dans le premier tome (je me rappelle de ces fins de chapitre magnifiques). Tout cela, c'est bien sûr une question de nuances car c'est encore excellent. le style de Burke est juste incroyable: ce sentiment de lire un "putain de bouquin" est formidable. Burke n'écrit pas pour le divertissement: il frappe au corps, encore et encore, et on en ressort exténué, courbaturé mais certain d'avoir vécu un sacré truc.

Alors tout est dit: bien sûr que je conseille "Prisonniers du Ciel". C'est un bouquin, au même titre que "La Pluie de Néon", incroyable. D'une puissance rare et d'un esthétisme ultra-travaillé, cette seconde mouture de la sage Robicheaux a tout pour plaire. Je persiste à dire, sans être un gros connaisseur, que cela ne satisfera pas les grands fans d'enquête ou les lecteurs de romans noirs d'"intrigue". Je pense que la richesse de Burke est tout ailleurs.
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