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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mia, Lucie Inès et toutes les autres nous aident avec ce réquisitoire contre l'absence de réaction de la justice face au viol, à comprendre. Comprendre qu'un viol, c'est bien souvent une vie saccagée, un destin contrarié, un frein dans le quotidien qui empêche des actions banales pour un individu, comme prendre les transports en commun, s'insérer dans une file d'attente, un coup de longue durée porté au moral, des nuits perturbées, un empoisonnement de l'esprit par un secret bien gardé, par pudeur, par incompréhension des autres.

C'est à la suite de ce constat que ce gang de fille agressées se reconstruisent, car c'est bien de reconstruction dont il s'agit, en menant des actions punitives contre l'agresseur, actions intelligemment organisées afin de mettre à mal le violeur et soulager la victime.

Ce récit peut paraître décousu en raison de ses chapitres où sont semés ici et là, des bribes de vie, informations dispersées pour signifier la pudeur des victimes qui se livrent difficilement.

Ce roman est à mettre entre toutes les mains afin de tenter de faire avancer les choses en matière de justice et de permettre aux victimes de s'exprimer et de communiquer efficacement leur colère pour que l'on cesse de banaliser le viol.

Merci aux 68 premières fois de m'avoir permis de découvrir ce récit marquant.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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La bande qui s'attaque aux violeurs

Marcia Burnier fait une entrée fracassante en littérature. Avec Les orageuses, elle imagine une bande de filles décidées à se venger de violeurs. Mais peuvent-elles guérir le mal par le mal?

Mia souffre. Elle souffre physiquement, un douleur qui s'étend le long de son dos. Elle souffre surtout psychiquement, ayant accumulé des expériences traumatisantes fae aux harceleurs. Au fil des ans, en croisant des hommes menaçants, elle a appris à se protéger, comme dans ce train qui l'amène à Grenoble. Alors, elle rabat sa capuche et se recroqueville dans son siège.
Mais c'est une autre Mia qui débarque du train. Elle retrouve sa bande. Avec Nina, Lila, Inès, Leo et Louise, elle a organisé une expédition punitive. Les meufs vont faire payer cet homme qui a forcé l'une d'elle, tout détruire dans son appartement, taguer les murs, détruire son mobilier, le dépouiller de son ordinateur. Car il faut que la peur change de camp!
Cette peur qui a paralysé Lucie le soir de ses 28 ans, quand elle avait ramené un mec chez elle. «La tête qu'il avait fait quand elle lui avait demandé de ralentir, les insultes qui avaient commencé à pleuvoir tout d'un coup. Et surtout, la peur qui avait débarqué dans son ventre, quand elle avait compris ce qui allait se passer (...) Elle n'avait rien fait, pas même donné une gifle, et avait attendu que ça passe, quand elle avait compris que les non qu'elle opposait n'avaient plus de valeur, qu'ils étaient comme du silence.»
La vie de Lucie a basculé cette nuit-là. Elle avait ressenti dans sa propre chair tous les témoignages des jeunes filles qui passent dans son bureau d'assistante sociale et à qui elle dit de porter plainte sans y croire. «Elle a envie de leur dire de se trouver vite une famille, un cercle, parce qu'elles vont être seules face à ça, comme elle l'a été jusqu'à très récemment».
Ce cercle né un peu au hasard des rencontres, mais auquel elle peut désormais s'accrocher. Et dont elle partage les idées, ayant compris que la justice ne se rend pas au tribunal ou si peu. D'ailleurs Mia, qui assiste régulièrement aux audiences du tribunal correctionnel, tient le registre des affaires bâclées et même des décisions prises contre les victimes. C'est ce qui est arrivé à Leo. Alors, les filles ont décidé de prendre les choses en main et d'agir. Un agent immobilier, un tatoueur, un prof de sciences-po vont recevoir leur visite...
Marcia Burnier raconte ces expéditions punitives, dit aussi les souffrances des victimes, la forte sororité qui s'installe. Elle dit aussi le fossé entre la justice et les crimes commis. Son roman est un constat douloureux et un cri qu'il faut entendre. Toutes les dénonciations et les prises de conscience, toutes les paroles qui se libèrent ne feront pas bouger des dizaines d'années d'immobilisme. le constat est aussi cruel que lucide, #meeto a aussi ses limites.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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« Les orageuses » est le premier roman de Marcia Burnier, un roman puissant, aux mots percutants et au style maitrisé.

Les orageuses, c'est un gang de filles ayant subi des violences sexuelles et voulant se faire justice elles mêmes car les peines judiciaires des agresseurs, violeurs sont insuffisantes parfois même inexistantes. L'auteure décrit bien cette colère qui reste parfois enfouie et qui un jour finie par sortir, exploser et qui détruit tout sur son passage. Leur but est de faire en sorte que la peur change de camp et de reprendre le contrôle de leur vie. Avec ces mots percutants, puissants Marcia Burnier, donne de la force pour lutter, se reconstruire et en même temps donner un sentiment d'apaisement à ces femmes.
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****

Qu'elles s'appellent Louise, Mia, Nina ou Lucie, elles ont toutes comme un vide à l'intérieur. C'est le silence, la honte, le déni qui les rongent. Elles ont toutes été les victimes d'hommes irrespectueux, brutaux, tout-puissants... Agressions sexuelles, viols, menaces, rien ne leur a été épargné. Et si au début elles comptaient sur la Justice, elles s'aperçoivent bien vite qu'il n'y a rien à attendre de ce côté là. Et si la vengeance était la solution ?

Le premier roman de Marcia Burnier est un cri. Celui des filles, des femmes, qui n'ont d'autre choix que celui de se rendre justice elles-mêmes. Alors qu'elles ont subi un traumatisme, dont leur corps n'est que la plaie béante, elles doivent agir pour ne pas mourrir.
C'est le cri des victimes que l'on n'écoute pas, celui des âmes salies à qui on ne donne pas le droit de se protéger.
C'est le cri de rage qui tourne en boucle dans leur tête de jeunes femmes meurtries.

Mia, Louise, Nina et toutes les autres filles du gang se transforment en sorcières modernes. Celles qui font passer la honte de l'autre côté, celles qui marquent de leur haine, par leur violence.

Avec une écriture fine, travaillée, maîtrisée, Marcia Burnier fait de ces filles des êtres étincelants qui entrent dans la lumière pour ne plus s'effacer...

Merci aux 68 pour cette lecture qui frappe, qui happe, qui cogne et qui bouscule
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Les orageuses, c'est une bande de filles.
Des filles qui se sont trouvées, qui se sont reconnues.
En elles le tonnerre gronde.
Elles sont déchirées, blessées, brisées......
Il n'y a qu'entre elles qu'elles peuvent parler de ce qui leur est arrivé, qu'entre elles qu'elles peuvent se comprendre, tenter de se dépasser.
Elles ont toutes été violées.
Elles se vengent en retrouvant les violeurs, en saccageant leurs intérieurs, en faisant naître en eux la peur, cette peur qui ne les quitte plus.
C'est un roman, mais lu plutôt comme une succession de témoignages montrant les dégâts irréparables du viol.
Se soutenant l'une l'autre, elles réussissent à commencer un semblant de reconstruction.
La justice et la loi ne peuvent rien pour elles.
C'est un sujet actuel mais permanent sur la condition de femme.
Heureusement qu'il y a cette solidarité entre femmes (pour certaines du moins, comme c'est le cas dans ce roman) pour permettre à l'orage de s'éloigner, de cesser de les tourmenter.
Un livre percutant, éprouvant, dérangeant et tellement réaliste.
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Dans les comics il y a des supers héros qui viennent défendre la veuve et l'orphelin quand ceux-ci sont menacés par le mal. Pif, paf, pouf et le méchant est puni !
Dans le roman réaliste de Marcia BURNIER, la réalité est tout autre et n'est malheureusement pas aussi idyllique. La femme victime d'un viol ou de violence sexuelle, quelque soit son rang ou statut social, ne verra pas une sorte de superman la sauver des griffes de l'individu mal intentionné. Comment pouvoir alors affronter ce traumatisme et surtout se reconstruire? Et si un groupe d'individus pouvaient être des justicières quitte à appliquer la loi du talion?

Ce premier roman de Marcia BURNIER est un véritable coup de poing. Il est très percutant. Je me suis sentie assez mal à l'aise à sa lecture mais il a le mérite d'aborder d'un point de vue différent ces sujets qui restent assez tabous. J'ai par contre beaucoup apprécié sa belle couverture dans les tons de bleu qui rend d'une certaine manière, un bel hommage aux fameuses sorcières.

#68premieresfois
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Un premier roman qui tape fort sur le thème des violences faites aux femmes. Les jeunes femmes qui le composent ont toutes été agressées sexuellement par des garçons dont certains ne se sont même pas rendus compte qu'ils violaient. Exaspérées du laxisme de la justice et de la police, empêchées de parler pour ne pas trop déranger, elles décident de constituer un gang de filles et de faire justice elle-même. Elles en ont assez de raser les murs, d'avoir peur tout le temps, de sentir leurs corps se rétracter, les cauchemars hanter leurs nuits.

Elles en discutent longtemps entre elles, elles fixent les limites à ne pas dépasser, elles ne veulent pas tomber dans la même violence que leurs agresseurs et elles passent à l'acte. Elles retrouvent ceux qu'elles peuvent identifier et leur rendent une petite visite, histoire de les mettre devant la réalité de ce qu'il ont fait et ses conséquences. Ils le savent au fond qu'ils ont dépassé les bornes, sans vouloir bien sûr y réfléchir vraiment.

Chacune d'elle puise de la force dans l'échange avec les autres. Elles se comprennent à demi-mot, pas besoin d'en dire plus. Pour la première fois elles reprennent courage, se sentent enfin moins seules, entrevoient la possibilité de sortir de ce qui les terrasse et ont l'espoir d'avoir un avenir possible.

J'ai reçu ce texte court comme un puissant cri de colère trop longtemps contenu. le style coup de poing m'a fait penser à Virginie Despentes. Les questions soulevées sont multiples, déjà par rapport à l'inertie de la société et de ses institutions sur le sujet, ensuite le problème moral sur le droit de faire justice soi-même. Que se passerait-il si massivement, les femmes se vengaient ? L'une des filles ne veut d'ailleurs pas utiliser le terme vengeance. Elles font simplement justice. L'impunité quasi-totale n'est plus supportable. La peur doit changer de camp.

Nous suivons tour à tour chaque personnage, la personnalité de chacune est fouillée, leur évolution se fait au fur et à mesure des actions, dans des directions différentes et chacune est respectée.

C'est un premier roman prometteur, un sujet brûlant et un vrai livre sur la sororité.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Nina. Louise. Mia. Et la liste est encore longue. Tant de femmes victimes de violences sexuelles. Et tout ça passé sous silence. Des hommes impunis, protégés par la société. S'apercevant rapidement que personne ne leur rend justice, ces femmes décident de se venger. Car après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.

« Ce qu'elles voulaient, c'était des réparations, c'était se sentir moins vides, moins laissées-pour-compte. Elles avaient besoin de faire du bruit, de faire des vagues, que leur douleur retentisse quelque part. Quand elles avaient décidé qu'elles n'étaient plus intéressées par le procès équitable qu'on leur refusait de toute façon, elles s'étaient demandé ce qui poussait ces hommes, quel que soit leur milieu, à vouloir les posséder. Qu'est-ce qui rendait cet acte universel, structurel, et défendu systématiquement par une solidarité masculine sans faille ? »

Un cri de colère et d'injustice pour ce premier roman qui m'a coupé les pattes. Les faits sont là, nous en avons conscience, triste réalité. Marcia Burnier donne une voix à ces femmes victimes et les met en lumière pour qu'enfin la peur change de camp. À lire, et pas seulement par la gent féminine.

« Les loups tiens, les loups ne tuent pas des humains tous les trois jours et n'en violent pas toutes les sept minutes, pourtant leur éradication est revendiquée par beaucoup,… »

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2021/06/17/39019245.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Excellent titre pour un texte, récit, témoignage, ou plaidoyer, plein de colère, d'un groupe de femme unie par les violences subies et enfouies dans un impossible processus de réparation. Je me suis laissée entraînée par les mots crachés et hurlés par ces jeunes femmes révoltées, blessées  et solidaires. Leur choix de répondre par des actions brutales et parfois décalées aux violences subies m'a parfois déroutée, mais prouve en même temps l'absence de réponses satisfaisantes et réparatrices de la société, de la justice, de la police. Face à ce vide, la solidarité et la sororité des femmes est un premier baume sur les plaies. Pour moi, ce n'est ni de la littérature, ni un plaisir de lecture, même si l'écriture est sincère et poignante, mais un rappel à une prise de conscience nécessaire, un éclairage différent sur le processus de réparation que les victimes peuvent utiliser pour repartir vers l'avenir. Donc une lecture intéressante, constructive et  utile.
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Mia, Inès, Lola, Nina, Louise et tant d'autres, ont déjà été victimes de viols au cours de leurs vies. Victimes d'inconnus ou de proches, dans la rue, au travail, chez soi. Quelques minutes ou bien plus longtemps, le constat reste le même : elle en sont ressorties changées, porteuses d'un traumatisme que la société voudrait taire. Oui, tu peux souffrir, mais en silence. Et pas trop longtemps. Sauf que ces filles se sont rencontrées, parlées, elles ont tissé des liens autour de ces traumatismes tus, de ces histoires qui gênent, qui déroutent, qui encombrent, face auxquelles les autres ne savent jamais comment réagir. Et en bande, elles ont retrouvé des forces et surtout, ont décidé d'agir, de montrer aux violeurs qu'il y a des conséquences pour eux aussi, même si la justice se plaît à les épargner, même si leurs proches se bornent à les pardonner.

Les orageuses porte bien son titre. Il y a de la colère chez ces femmes, un besoin d'exploser, de crier à l'injustice parce que le monde les oublie ou minimise leurs souffrances. C'est un texte réaliste, tellement réaliste que j'aurais pu connaître ces filles ; c'est un texte qui exprime également le rapport qu'on peut avoir avec son corps après une telle violence, la façon dont on peut se le réapproprier ; c'est un texte qui donne de la voix à une multitude de conséquences trop souvent niées ou ignorées.

Court comme un cri, ce roman de la collection « Sorcières » des éditions Cambourakis est une jolie réussite, tant sur la forme (la couverture est sublime) que sur le fond (même si il n'y a pas d'intrigue en particulier ou de style prononcé, le propos, exprimé avec justesse, prend aux tripes).
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