Si une réponse universelle à ma question reste à trouver ,personnellement j'en suis certaine. Car s'il y a une chose que j'ai apprise,c'est celle-ci: en définitive, une oeuvre d'art a du succès seulement quand son créateur--pour paraphraser Olive Schloss--possède la foi qui l'a fait naître. ( Pages 506/507).
Odelle Bastien
Winbledon 2002.
Ma première nouvelle publiée en Angleterre est apparue entre les pages 74 et 77 de la LONDON REVIEW d'octobre 1967.Elle s'intitulait 《 La femme sans orteils》 et on avait même payé quelqu'un pour l'illustrer.Mais ils avaient oublié le e à la fin de mon prénom,si bien qu'elle semblait avoir été écrite par mon père. Je possède encore deux exemplaires de cette édition,celui que j'avais acheté et celui que j'avais envoyé à ma mère à port of Spain,et qui m'a été restitué des années plus tard,après sa mort.(Page 253).
1 DES CHOUX -FLEURS ET DES ROIS
JUIN 1967
On ne connaît pas forcément le sort qu'on mérite. Les moments qui changent une vie --une conversation avec un inconnu à bord d'un bateau,par exemple-- doivent tout au hasard.Et pourtant,personne ne vous écrit une lettre ,ou ne vous choisit comme ami,sans une bonne raison .C'est ça qu'elle m'a appris: vous devez être prêt à avoir de la chance.Vous devez avancer vos pions.( Page 17).
- Les Soviétiques nous ont promis des armes, dit-il. Nous perdrons peut-être Malaga. Nous perdrons peut-être Madrid et la moitié de la Catalogne, mais nous gagnerons la guerre.
La lettre les informait que des navires de guerre les attendaient pour les conduire à Gibraltar, puis en Angleterre, s'ils le souhaitaient.
Les nationalistes avaient pris le contrôle de la Vieille-Castille, de León, d'Oviedo, de l'Alava, de la Navarre, de la Galice, de Saragosse, des Canaries et des Baléares, à l'exception de Minorque. Au sud, ils avaient mis la main sur Cadix, Séville, Cordoue, Grenade et Huelva. Malaga se trouvait encore dans la zone républicaine, tout comme Arazuelo, mais les rebelles étaient tout près.
Des bombardiers italiens et allemands les survolant et prenaient pour cibles les avions stationnés au sol, le port de Malaga, les cuves de pétrole.
Quand nous avons quitté Waterloo, j'ai étalé sur mes genoux les photocopies fournies par Reede et examiné les quatre représentations de Rufina et Justa peintes par de vieux maîtres espagnols. J'aimais beaucoup le lion passif dans le Goya, mais mon tableau préféré, c'était le Velasquez. Une jeune fille aux cheveux bruns et au regard impénétrable tenait deux petits bols et une assiette dans une paume, et une immense plume dans l'autre. Comme Robles, Velasquez avait peint Rufina seule.
Rufina vivait à Séville au II°siècle. C'était une potière chrétienne qui a refusé de se plier aux ordres des autorités quand on a exigé d'elle qu'elle fabrique des icônes païennes, ce qui lui a valu d'être jetée dans une arène avec un lion. Le lion ayant refusé de la toucher, Rufina a eu la tête coupée.
Robles n'est pas le seul Espagnol à avoir peint Rufina et Justa. Velasquez, Zurbáran, Murillo et Goya, quatre grands artistes espagnols ont peint les deux sœurs.