"plus on se ment longtemps, plus on y croit, jusqu'à ce que notre mensonge devienne notre vérité."
Parfois, ce genre d'amnésie est comme un cadeau du cerveau. Il sélectionne ce qu'on peut gérer et nous permet d'oublier le reste.
plus on se ment longtemps, plus on y croit, jusqu'à ce que notre mensonge devienne notre vérité
- Tu sais, ses chaussures...
- Qu'est-ce qu'elles ont, ses chaussures?
- Rien, seulement elles ne lui vont plus.
En réalité, j’aimais bien les jupes bleu marine et les chemisiers blancs que nous portions au collège. C’était beaucoup plus facile de s’habiller ; je n’avais pas besoin de réfléchir. J’avais des jeans et tee-shirts pour le week-end, ainsi que quelques robes d’été, mais pas grand-chose d’autre. Je ne savais jamais comment créer une tenue cool, alors je restais dans la simplicité.
Nous avions passé un accord : toujours rester en contact, quoi qu’il arrive. Mais parfois,c’était impossible. Impossible d’être parfaite, d’arriver toujours à l’heure, de ne jamais inquiéter mes parents comme elle l’avait fait.
Dans mes cauchemars, je voyais les horreurs infligées aux filles comme Sarah. Quand je me réveillais, avec ces terribles images encore à l’esprit et mon cœur qui battait la chamade, je restais couchée dans mon lit à regarder la lumière des phares des quelques voitures passer sur le plafond et les murs de ma chambre.
Mais la nuit, je perdais tout espoir.
C’était une femme toute petite, avec de courts cheveux noirs en épis et un léger accent britannique. À notre arrivée, elle se précipita vers nous pour nous étreindre et enlaça Sarah en dernier, les larmes aux yeux.
Elle voulait que je sois mince et jolie comme elle ; que je me soucie de mon apparence et fasse du sport au lieu de passer mon temps à lire ; que j’aie plus d’amis et sois plus populaire. Tout ce qui m’était arrivé après sa disparition. Débarrassée de son ombre, j’avais exaucé ses vœux. Or voilà qu’elle était revenue. Mais je n’avais pas pour autant tout oublié.