Une ritournelle, c'est enfantin et doux... pourtant celle-ci ne sera ni légère ni joyeuse, mais bien entrainante dans les profondeurs obscures de l'humain. Une angoissante mélodie aux confins de l'abject.
Et l'indicible débute dans une vieille maison délabrée des Yvelines.
Pio est éreinté. Usé par une vie médiocre, encombré par quatre enfants qu'il ne voulait pas et affublé de sa mégère de femme qu'il ne supporte plus. Malgré tout, en sortant du travail, il se fait violence pour aller retaper leur nouveau chez eux. Et, perdu dans ses pensées, il est loin d'imaginer le coup de massue qu'il va se prendre derrière la tête en le donnant dans la cloison. Un corps d'enfant fait surface. D'abord choqué, il finit achevé quand deux autres corps sont découverts emmurés.
Rapidement la police est sur les lieux. Sevran et Biolet, nos deux maintenant familiers policiers, se retrouvent en première ligne pour une plongée sans oxygène dans les absurdités des services sociaux, des familles d'accueil et les dysfonctionnements inhérents.
Quand des enfants placés ou enlevés rencontrent leurs tortionnaires, quand des adultes incompétents ou complices laissent faire sans agir, quand les parents inconscients ne voient rien ou les voisins n'entendent rien, on récolte l'horreur d'enfants abusés, torturés et violés. Tout cela dans l'indifférence ou le mépris.
Ce roman est un roman social où l'enfance et la maternité tiennent la dragée haute. Tout transpire dans les lignes : souffrance, dégout et répulsion mais pas que. Quelques lueurs éclairent cette noirceur et de jolis moment viennent adoucir les lignes de ce roman. L'empathie forcément ressentie, devient une véritable souffrance quand elle s'immisce et s'installe dans la vie privée. Car le fil entre l'enquête et les enquêteurs devient vite trop fin.
Le lecteur est emporté dans le tourbillon des rencontres, malmené, il suit de mauvaises pistes, doute, dupé par les jeux d'acteurs. Et cette maison. Elle est le lieu glauque où tout se joue, on l'imagine sans vraiment la connaitre et elle tient une place omniprésente, la place peu enviée de la maison de l'horreur. Dans un style toujours aussi efficace,
Cécile Cabanac offre un roman sombre et intense, essentiellement porté par des femmes fortes et pugnaces dans leurs actes et par toute une galerie de personnages intéressants. Qu'ils soient victimes ou bourreaux, enquêteurs ou spectateurs, ils apportent la consistance souhaitée à ce thriller.
En bref…
Genre : Thriller
Nombre de pages : 475 pages
Temps de lecture : 8 heures
Parution : Janvier 2022 - Fleuves Editions
Plaisir de lire : 8 / 10