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Critique de fbalestas


Pour qui n'est pas familier de l'écriture de Jaume Cabré, il y a de quoi être dérouté par « Consumés par le feu ». Si vous n'avez pas lu le fameux « Confiteor », vous aurez du mal à comprendre comment, dans un même chapitre, on peut passer de la voix du protagoniste – un jeune professeur plutôt mal en point, qui a la très mauvaise idée de suivre un malfrat dans un coup tordu – à la voix d'autres personnages, y compris celle d'un marcassin, épargné par l'accident de voiture qui se produira une fois le forfait perpétré, et qui fera perdre la mémoire à notre héros.

C'est pourtant bien ce qui va se passer dans « Consumés par le feu » : Ismaël (c'est son nom) a une amour de jeunesse, Leo, qu'il va retrouver en allant par hasard dans la mercerie de son quartier, et son cerveau va en être chamboulé. Et ensuite Ismaël, alors qu'il allait chercher du pain, se retrouve embringuer dans une salle affaire, où il sera question du meurtre d'une nonagénaire qui recèle un secret, subira un accident de voiture avec une bande de sangliers, deviendra amnésique suite au susdit accident, sera emporté dans un pseudo hôpital (rêve ? cauchemar ? ou réalité ?) dont il s'enfuira, et sera recueillie par une femme de bonne volonté qui va l'aider à recoller les morceaux de sa mémoire.

Entre temps on aura aussi parlé de Marlène Dietrich, et il sera aussi question d'Emma Bovary et de Moby Dick.

Qui aime les récits linéaires où le futur succède gentiment au présent et au passé en toute logique devrait plutôt passer son chemin.
Ici le loufoque règne en maître. On risque fort d'être déconcerté si on n'admet pas qu'un marcassin (il s'appelle même Jabatin) puisse ressentir des émotions, une fois devenu orphelin, et parvenu au milieu d'un terrain de golf qu'il va forcément ravager (on imagine l'humour ravageur de son auteur).

Il y aura néanmoins, pour son public de lecteurs, une énigme à déchiffrer (qui donnera son titre au récit), il sera question de bibliothèques et de littérature, et des thèmes qu'affectionne Jaume Cabré, comme celui de la mémoire. Ici défaillante, mais est-ce que cela n'est pas mieux parfois ainsi, plutôt que de se souvenir des actes immoraux qu'on a commis ?

L'amour triomphera, même si les retrouvailles de Leo et d'Ismaël seront de courte durée. Mais qu'importe. On aura eu l'impression de lire un roman cubique où rien n'est vraiment normal et carrément loufoque, mais n'est-ce pas salutaire aujourd'hui ?
A défaut, on aura au moins passé un bon moment.
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