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Citations sur Trois tristes tigres (3)

...comme du gotan, qui est le contraire du tango, dérivait le barum qui est le contraire de la rumba et se danse à l'envers, la tête en bas, en remuant les genoux au lieu des hanches, comme de réciter ses Nombres qui sont Améric Prépuce, Haroun Al-Hachisch, Néphrétiti, Antigrippine la mère de Neurone, Duns Scrotum, Comte d'Orgasme, Baron de Rotéchie, Epididysthme de Panama, William Jexpire ou Jespere ou Shakeprick, Fuckner, Scotch Fizz-gerald, Someursault Mumm, Cléoputre, Marcquerèle, Alexandre le Gland, le génial musicien bigle Igor Strabisme, De Sartre le Divin Maquis, Thomas de Quinzey, T.S.F. Eliot, Georges Bricabraque et Vincent Bongo...
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Quand elle ne chante pas elle ronfle et quand elle ne ronfle pas elle envahit la maison avec le parfum dont elle s'asperge, parce qu'elle ne se contente pas d'en mettre -- Parfum des Iles, voyez-moi ça, mais je ne dois pas dire du mal du produit qui patronne mon feuilleton d'Une Heure -- elle s'en flanque dessus, elle s'en douche, et comme est excessive elle se flanque du talc comme elle se flanque du parfum, comme elle se flanque de l'eau, comme elle mange, mon chou, crois-moi, elle n'est pas à la mesure humaine, pas à la mesure humaine (c'est un des rares Cubains à châtier à ce point son langage).
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A la manière de José Marti, « Les petits coups de hache de rose » : On raconte que l’inconnu ne demanda pas où l’on mangeait ou buvait, mais où était la maison fortifiée et sans secouer la poussière du chemin, il se rendit à sa destination, c’est-à-dire l’ultime refuge de Léon Fils-de-David Bronstein : le vieil éponyme, prophète d’une religion hérétique : messie et apôtre et hérétique tout à la fois. Le voyageur, le rusé Jacob Mornard, s’approcha avec sa haine magnifique du destin remarquable du grand Hébreu, au nom en pierre de bronze et au noble visage fulgurant de rabbin rebelle. Ce vieillard biblique avait un regard lointain et comme de presbyte, le geste de l’homme antique, le sourcil sévère et ce tremblement dans la voix qui révèle les mortels que le fatum destine aux éloquences profondes. Le futur assassin avait un regard trouble et la démarche incertaine de la malveillance : des ébauches jamais complétées, dans l’esprit dialectique du Saducéen, l’empreinte historique d’un Cassius ou d’un autre Brutus. // Ils furent bientôt maître et disciple et tandis que le noble amphitryon oubliait ses soucis et sa prudence, et laissait l’affection ouvrir une brèche de feu d’amour jusqu’à son cœur autrefois gelé de retenues, dans l’air creux et comme de noire nuit que portait le pervers à la gauche de son sein, se nichait, sinistre, lent, tenace, le fœtus de la trahison la plus ignoble – ou de vengeance maligne, car il y eut toujours, dit-on, au fond de son regard comme une secrète offense contre celui auquel, avec une simulation achevée, il disait parfois Maître avec la majuscule des grandes rencontres. On les vit souvent ensemble et bien que le brave Lev Davidovitch – ainsi pouvait l’appeler maintenant celui qui en réalité déguisait son nom de Mercader sous des lettres de créance mercantiles – multipliât les précautions - car il ne manquait pas, comme dans la tragédie romaine d’autrefois, le mauvais augure, l’éclair révélateur des prémonitions ou l’éternelle habitude de la méfiance – il accordait toujours audience seul à seul au visiteur taciturne et parfois, comme en ce jour funeste, suppliant et solliciteur. Il portait dans ses mains livides les papiers trompeurs et sur son corps et céruléen et maigre et tremblant, un macfarlane qui l’aurait dénoncé ce soir de canicule à un regard plus soupçonneux : la méfiance n’était pas le fort du révolté non plus que le doute systématique, la malveillance n’était pas dans ses habitudes. Au-dessous, la crapule portait un ciseau traître, l’herminette magnicide, la hache, et plus bas, son âme de hallebardier effectif du nouveau tsar de Russie. L’hérésiarque examinait confiant les prétendues écritures, quand l’autre assena son coup perfide et la hallebarde acérée alla se planter dans la noble tête neigeuse. // Un cri retentit dans l’enceinte claustrale et voilà qu’accourent les sbires (Haïti n’avait pas voulu envoyer ses noirs éloquents) dans la hâte et l’ardeur de l’arrêter. « Ne le tuez pas », a encore le temps de dire l’Hébreu magnanime et les partisans insolents respectent, cependant, la consigne. Quarante-huit heures de veille et d’espoir dure la formidable agonie du noble chef qui meurt en luttant, comme il avait vécu. La vie et l’agitation politique lui échappaient maintenant. La gloire et l’éternité historique lui appartenaient désormais.
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