Une bonne raison de mourir

Dans ce roman, tout avait pourtant bien commencé. Il y avait une petite accalmie au Bastion (qui a succédé au mythique Quai des Orfèvres) : une affaire venait d'être résolue, et, en l'attente de la suivante, tout était plutôt calme pour Béryl et son groupe. C'est à ce moment qu'un ami de son père choisit de la contacter, il a besoin de lui parler urgemment. Las ! le temps qu'elle le contacte, il a disparu. La période est calme, vous ai-je dit, Béryl a donc le temps d'enquêter. Sauf que… l'affaire est bien plus tordue que prévu : la Crim' se retrouve officiellement saisit de l'affaire.
L'on dit souvent que les personnes ont une part d'ombre. A cause de cette disparition, Beryl (elle expliquera au cours du récit l'origine de son prénom) se retrouvera à découvrir celle de son père, celui qui a toujours été son héros, celui qui a été assassiné deux ans plus tôt, à cause de son activisme écologique. Sa part d'ombre, mais aussi ses inquiétudes, ses angoisses qu'il lui avait dissimulées. Son enquête, au cours de la deuxième partie du récit, la mènera en Turquie, et là, impossible d'enquêter comme à Paris, il lui faut donc bien choisir celui ou celle qui l'accompagnera, et son choix se porte sur Rudy. Pourquoi rentre-t-on dans la police ? Ce n'est pas une question que l'on pose souvent, mais, pour Rudy, la réponse est à chercher dans un passé qui lui colle à la peau et à l'âme, un passé dont il ne peut se détacher, un passé qu'il tente de résoudre, de conjurer, de ne plus être celui qu'il a été – mais, vous qui lirez ce récit, peut-on vraiment lui reprocher celui qu'il a été ? Pour ma part, je ne pense pas – la culpabilité ne doit jamais porter sur les victimes.
Mais je m'écarte de l'enquête, qui nous mènera dans les méandres de la politique locale et internationale, dans les méandres aussi de l'industrie pétrolière, et de ses vastes intérêts. Si vous n'y connaissez rien, y compris la manière dont s'est formé le pétrole, je vous rassure, moi non plus, et cela ne m'a pas empêché de suivre avec plaisir cette intrigue. Cela n'a pas empêché Beryl non plus d'enquêter, en dépit de tous les obstacles – administratifs, physiques, moraux qui se sont dressés sur sa route.
L'autre atout de ce roman est la complexité des personnages principaux, ni tout blanc, ni tout noir, avec des différences qu'ils ont parfois du mal à accepter eux-mêmes, des failles, des contradictions qui se révèlent d'autant plus au moment de cette enquête. Et toujours, l'ombre du passé de chacun, qui explique la prise de certaines décisions.
Un polar à découvrir.
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