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Critique de EvlyneLeraut


Écoutez voir Alain Cadéo !
Pierre de volcan, immanence et hédonisme, « L'homme qui veille dans la pierre » est un chef-d'oeuvre. Une aurore-boréale, une fleur qui perce le goudron assignée aux dires.
Sans « Mayacumbra » la pierre serait silence. Mais voilà, Alain Cadéo sait le passage des volcans. Ce roman peut se lire indépendamment de « Mayacumbra ». Néanmoins, il est bon de le lire aussi, majuscule d'une histoire qui se poursuit ici, entre laves et confidences. La trame est régénérante, magnétique, poétique et surdouée. Ce livre bienfaisant est une couverture pour les nuits d'hiver infinies et souveraines.
Ah ! Ce chant de la langue, ce poète épicurien, sage et observateur. Écrire ainsi est un don, une gageure. L'inspiration enjouée, magnanime et divine.
Ici, c'est le frère de Théo qui soulève les pages et encense ce livre-feu. Augustin (le narrateur) à trente-huit ans lorsque sa mère décède. Il pense alors à Théo, le frère volubile, cime, Diogène, libre, immensément libre, parti à Mayacumbra, terre microcosme, autarcie, « La Corne de feu » le volcan pour toit du monde. On imagine encore et encore ce lieu sans se lasser, au contraire, tout est toujours en mouvement, palpitant dans cette orée imaginaire quoique. Les laves ont englouti Théo. Lui, le courageux, l'albatros, l'homme-lumière, la fraternité-regard .
Augustin veut découvrir Mayacumbra. Périple salvateur, émancipateur, renouer avec ce frère aîné dont il admirait l'esprit voyageur. Combler le vide de l'absence infinie et rebelle. Il va exaucer les voeux de sa mère, déambuler dans les traces de ce frère disparu. Quêter la survivance au fronton d'un volcan qui retient ses secrets.
« Lorsque je ne serai plus là, je veux que tu partes. Peut-être croiseras-tu le chemin de ton frère. Je suis sûre, depuis toujours, qu'il a laissé, là-bas, quelque chose, pour nous. »
Augustin est dans une bulle. Un peu, voire beaucoup, le complexe de Peter Pan, égaré par la vie frénétique. Augustin n'a jamais fait de pas de côté. Mais il a un devoir de conscience. Refondre la mémoire de Théo en pierre symbolique. Mais lequel des deux réagira en premier ? Augustin franchit Mayacumbra, cercle vivifiant, et cherche des yeux « Celles qui restent » à l'instar de Bénédicte Rousset. J'ai nommé Maria et Lina, femme et fille de Théo. Communauté d'amis aux noms magnifiques, joyeux lascars épris d'air pur et d'élans de tendresse et de solidarité. Augustin doit faire ses preuves, prouver son appartenance aux vertus et à la constance. Qui de Solstice, Eusebio, Cyrus, Fedor, le petit Sam, Baltazar, Marco. L'humanité arc-en-ciel, les paroles comme des marguerites et les rires comme des étoiles. L'écriture est digne et pétillante, joyeuse et parfois sous-entendue. Comme un secret qui ne se prononce pas. Elle attire à elle, Mayacumbra et ce qui est invisible et théologal. Entre Alain Cadéo et Augustin, encore plus par Théo car c'est par lui que tout commence.
« Lorsqu'on arrive à Mayacumbra, Solstice demeure la première porte, la première vie palpable de notre communauté ».
On aime la fusion, la plénitude vénérée, les mains de Lina accrochées comme des bouquets de lumière dans celles d'Augustin. Ce serait alors comme un conte, sauf que tout est plausible ici.
La foi dans le générationnel, la force intrinsèque d'un écrivain-poète qui jongle avec les paroles jusqu'au ciel. Ici, vous avez la pierre… l'homme qui veille. L'initiation qui n'en finit pas. Et ça c'est une chance inouïe. Ce livre-éclat, aux boucles rieuses, aux sourires vastes et aux importances Babel, est un livre camarade, empreint de loyauté. Il écarquille les sens, attise les passions, retourne la terre à pleine main . C'est un livre mage qui veille et révèle. Écrit face au temps, front à front il en devient mémoriel et grave.
Ce livre dont je verrai bien un film sur grand écran un jour certain, est un éclat de pierre, au pouvoir liant. Prendre soin de l'importance de chaque degré de lecture, tout est dans cette beauté qui détourne la mélancolie. J'aimerai connaître à présent le devenir de Maria de Lina, de cette bande copains, clochards célestes habillés de ferveur et de ténacité. Poursuivez Monsieur Alain Cadéo , regardez encore au-delà de Mayacumbra et dites-nous.
Votre histoire est devenue la nôtre. Magique, magistral, ici, règne l'alliage qui de Bosco, de Giono et de tous ces écrivains qui frémissent de par les paysages et comprennent combien la nature est souveraine. Publié par les majeures Éditions La Trace.
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