Je m'émerveillais déjà des parfums d'Orient, du regard des femmes.
J'allais explorer le grand livre des hommes et ses pages deviendraient les miennes.
En montant à bord, je repoussais les frontières de l'impossible.
Elle avait le feu au ventre et moi aussi.
Quelque chose me mordait le ventre, une peur délicieuse.
En descendant vers la mer, j'abandonnais le monde de l'enfance pour celui des hommes.
La vie ne serait pas qu'un songe et l'aventure un jeu de môme dans les marais de mon enfance.
J'allais sur les pages de Stevenson, Melville, Conrad. Ils étaient avec moi, dans mon sac.
Un marin n'a pas de liaison à part la mer. Il jure ne jamais oublier une femme qu'il a connue dans un port, qu'il a passionnément aimée. Puis, un soir, la mer s'engouffre pour brouiller les images. Elle glisse le long de la côte et ondule jusqu'à l'infini. Elle hypnotise et le marin s'endort. Au réveil, il attend avec impatience les parfums échappés de la prochaine terre.
Dans la maison du marin les enfants savent nager.