Venise n'est pas en Italie

Franchement, il y a tellement de contradictions en moi que je m'y retrouve plus et qu'à table, certains soirs, au moment du dessert, je sais même plus si je vais choisir une crème au chocolat ou une compote, ça devient grave, quand même.

Le problème , quand on a honte de sa famille,c'est qu'en plus on a honte d'avoir honte. C'est quelque chose entre la double peine et le triple cafard.

Le gros cliché, c'est qu'il faut forcément être drôle. Quand on voit le nombre de mecs sinistres qui se trimballent avec des filles trop mignonnes à leur bras, je pense que l'humour pour séduire les filles, c'est comme le Grand-Marnier dans la recette des crêpes, ça parfume, mais c'est loin d'être l'élément de base.

Parfois les souvenirs font du bien, ça mérite d'être signalé, c'est si souvent l'inverse, c'est comme des blessures à l'envers, on appuie et on se sent mieux. D'ailleurs, c'est fou comme le passé est présent partout chez les gens qui ont peur de l'avenir.

Une vie, j'ai pensé, c'est un long cri, de joie ou de douleur, ça dépendait des jours, ou des vies, un cri parfois très intérieur, qui jaillit du cri primal du bébé à la naissance, déchirant l'infini, qui devient, quatre-vingt ans plus tard, un cri tout bas, un murmure, notre dernier souffle, et une vie c'est ça, un cri coincé entre deux dates.

C'est mieux que d'en parler au conseiller d'orientation, lui, sans vouloir balancer, il est pas du tout crédible. Il vaut mieux donner l'exemple qu'un conseil, et pour orienter les jeunes dans la vie, ce serait largement préférable de leur faire rencontrer des gens qui ont réussi à trouver leur voie, réaliser leur rêve d'enfant. Et vous en connaissez, des gens qui rêvaient de devenir conseiller d'orientation quand ils étaient petits ?
CQFD dirait la prof de maths avec un air satisfait, qui la rend jolie. C'est vrai que les maths, pour démontrer des trucs, c'est pratique.

Bien qu'elle fût devant moi, à un mètre de distance, j'ai eu envie de lui écrire une lettre d'amour, parce que j'adore écrire, j'exprime souvent mieux les choses en les taisant. Les mots sur le papier, c'est du silence qui parle, c'est le début de la poésie.

Et quand je me réveille le matin, j'y vois un peu plus clair, mais juste parce que j'ai oublié les questions. Momentanément. C'est toujours ça de gagné. (page 17)

Ou plutôt mon espoir de vie, parce que contrairement à l'espérance de vie qui rallonge, l'espoir de vie, il n'arrête pas de raccourcir. Enfin, à mon avis. (page 40)

Mais j'ai donc répondu "ben non, quand même pas", je m'en voudrai toute ma vie, même mes cendres, si on m'incinère après ma mort, continueront de se demander, mais pourquoi j'ai lâché ça, ce jour-la. (p 103)