Est-ce que plus on vieillit, plus on souffre, je veux dire en moyenne? Ou est-ce que c’est l’enfance, le moment le plus dur ? Parce que, enfant, la plupart du temps, quand il commence à faire de l’orage, on peut pas lutter. On prend cher, on est en première ligne, on morfle, c’est la loi de la jungle qui s’applique aussi en milieu urbain. Et si on se plaint, c’est double tarif.
En mangeant mon escalope, j’ai soudainement lancé à Maman, comme ça, sorti de nulle part, que les gens qui écrivaient des journaux intimes, ils donnaient trop d’importance à leur vie. Ma mère m’a regardé et m’a répondu avec une douceur inhabituelle que si je n’accordais pas d’importance à ma vie, qui le ferait ? Je me suis senti bête, ma mère, elle ne parle pas trop, c’est loin d’être une intello, mais là, je dois dire qu’elle m’a scotché.
Elles sont bizarres les racines de tes cheveux. Tu te les décolores ? Ah la redescente sur terre, un vrai crash aérien ! Je m'y attendais tellement pas à celle-là.
Partir, c'est mourir un peu, mourir, c'est partir beaucoup.
C'était comme basculer dans un rêve, c'était comprendre que tout était possible.
Le bonheur, quand on n'a pas l'habitude, c'est beaucoup plus compliqué qu'on ne croit. C'est comme les grands gagnants du loto, certains ne s'en remettent jamais.
Il y a souvent une petite nuance, dans la vie, entre ce qui arrive et ce qu'on attend.
Une vie, j'ai pensé, c'est un long cri, de joie ou de douleur, ça dépendait des jours, ou des vies, un cri parfois très intérieur, qui jaillit du cri primal du bébé à la naissance, déchirant l'infini, qui devient, quatre-vingt ans plus tard, un cri tout bas, un murmure, notre dernier souffle, et une vie c'est ça, un cri coincé entre deux dates.
Si on ne pouvait pas répartir équitablement les richesses de la planète auprès des vivants, peut-être qu'on pouvait y arriver avec les fleurs auprès des morts.