Ma mère est morte quand j'avais vingt-trois ans, et je peux te dire que ce jour-là, tu comprends ce que ça veut dire, être seul.
A Paris, il paraît que chaque matin, les gens prennent le métro pour améliorer leur train de vie. Mais comme ils le reprennent une deuxième fois le soir pour rentrer chez eux, c'est surtout le train-train qui augmente, et finalement, leur vie devient pire que si elle était mieux.
Ce voyage se compliquait de plus en plus, c'était comme dans le Cid, je devais partir tout seul, et si ça continuait on allait débarquer à cinq cents au port de Venise- si on y arrivait un jour.
Et pourtant, je me fais encore surprendre par mes parents, qui partis de rien sont devenus capables de tout
J’ai regardé ses lèvres et je me suis dit que je les embrasserais peut-être un jour. Cette idée m’a beaucoup plu, et c’est un euphémisme. Ce serait évidemment le jour de gloire est arrivée, comme dans La Marseillaise. Sauf que dans La Marseillaise, c’est le jour où tout le monde doit partir à la guerre, pour aller massacrer l’ennemi. C’est pas possible d’avoir tout faux à ce point-là dans une chanson et qu’elle devienne quand même l’hymne national. Parce que pour moi, le seul jour de gloire qui existe au monde, c’est celui où on embrasse la fille qu’on aime. Ça m’est pas encore arrivé, mais je le sais. Le reste, les victoires, les félicitations du jury, les gros billets pour l’argent de poche, l’achat de la console de jeu vidéo, tout cela, c’est bien loin derrière.
En attendant le mythe familial en prenait sacrément un coup. Les Chamodot, qui soit disant possédaient leur étoile personnelle dans le ciel, eh bien ils finissaient à la fosse commune.
Le journée a commencé de très bonne heure. Mais ça n'a pas l'air de gêner Fabrice, parce que les militaires se lèvent tôt même en temps de paix, histoire d'avoir le maximum de temps à ne rien faire.
Je me suis retrouvé dans la bagnole, assis à l'arrière avec Natacha entre mon frère et moi. Mon père à allumé l'autoriadio et lancé sa chanson fétiche : "ASIM... BONANGA !!!" Natacha a eu un moment de profonde perplexité, c'est sûr que sa surprend, surtout la première fois, surtout au saut du lit. Elle avait dû en voir, des numéros de cirque, mais là c'est sans chapiteau. - Allez chantez avec moi au lieu de tirer la tronche !
Une vie c'est ça, un cri entre deux dates.
On avait fait une minute de silence dans toutes les classes en sa mémoire. C'est quand même bizarre de mourir à seize ans, on avait l'impression qu'il avait été puni de choses horribles qu'il n'avait même pas eu le temps de faire. Et puis une minute à se taire c'était pas logique, ça aurait été mieux une minute à hurler. Ça aurait beaucoup plus soulagé, un gigantesque cri collectif de tous les élèves du lycée, si fort qu'il serait monté jusqu'au ciel, pour dire qu'on était pas d'accord, qu'on meurt pas si jeune.