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Critique de Melisende


La romance, c'est pas mon truc. Et encore plus quand elles sont contemporaines et à tendance érotique. Voilà une entrée en matière qui n'augure rien de bon et qui pose la question de la raison de cette lecture... pourquoi lire un genre qu'on n'apprécie généralement pas ? Parce que généralement ne veut pas dire toujours et surtout parce que Georgia Caldera. Découverte grâce au premier tome de ses Larmes rouges, l'auteure avait su me convaincre et me charmer grâce à son imaginaire et à son style ; si une personne pouvait me faire changer d'avis sur les romances, c'était bien elle.
J'en ai discuté avec elle aux Imaginales, lui disant que je n'étais pas vraiment le public cible mais que je voulais tout de même tester, lui faisant confiance pour me faire apprécier ses personnages et leurs aventures. Et j'ai bien fait ! J'ai dévoré la première moitié, complètement sous le charme et si la seconde partie a un peu atténué mon enthousiasme, je garde tout de même une excellente impression de ma lecture. Georgia Caldera ne m'a pas réconciliée avec le genre mais grâce à elle, j'irai dorénavant plus volontiers vers la romance... ou au moins, moins à reculons !

Ce que je reproche souvent aux romances, c'est le manque de relief des personnages et le côté stéréotypé de ceux-ci. La jeune fille innocente et un peu naïve qui tombe dans les bras du bad boy friqué qui, derrière l'excuse de l'enfance (adolescence) traumatisante adopte un comportement d'adulte pour le moins particulier (en gros, il fait la gueule la plupart du temps, il est jaloux et particulièrement possessif). Mais bien sûr, l'arrivée de la belle dans sa vie va lui adoucir le coeur, le faire sourire et gommer ses problèmes psychiatriques. le fantasme de la Belle et la Bête, de la Sauveuse ou que sais-je encore... sauf que, concrètement, tu peux lire toutes les romances que tu veux pour tenter de t'en convaincre, mais un bad boy dépressif dans la vraie vie, ça ne change pas pour tes beaux yeux et au quotidien, c'est vachement moins fun que dans les bouquins !
Bref. Tout ce blabla pour dire que la jolie ingénue versus le riche bad boy, ça m'horripile. Mais heureusement, Georgia Caldera nous évite la majorité de ces lieux communs et on ne peut que la remercier !

Scarlett l'héroïne, pour commencer, change des jeunes femmes qu'on peut généralement suivre. Avec sa taille 42 largement assumée, elle fait son petit bout de chemin. C'est une jeune femme normale avec ses blessures et ses attentes, une personne qui pourrait être une amie ou même un peu (beaucoup) de la lectrice que je suis. Avec Scarlett ça a donc très rapidement roulé et je me suis très vite attachée à elle. J'atténue un peu en précisant qu'au fil du roman, elle a parfois eu des réactions que je n'ai pas comprises ou qui ont légèrement pu m'agacer. Mais on est loin de l'exaspération généralement ressentie en présence des héroïnes du genre.
J'ai eu un peu plus de mal avec Aidan que j'ai trouvé un poil trop changeant dans son humeur et parfois trop dominateur. Encore une fois, je temporise le propos en précisant que, malgré tout, son comportement reste compréhensible (et vraisemblable) et il n'est pas dénué de charme. Trop envahissant et "j'ai décidé donc c'est comme ça !" pour moi, mais je peux comprendre qu'il séduise un grand nombre de lectrices.

Globalement, les personnages m'ont plu, c'est quasiment une réussite. le bémol que j'apporterai réside dans leur relation qui, plutôt bien développée et à l'évolution vraisemblable, m'a malheureusement semblé partir un peu trop facilement vers le sexe. C'est bien simple, dès que ces deux-là se voient, ils ne peuvent pas s'empêcher de se sauter dessus (du moins, une fois la première fois consommée) et c'est parti pour les orgasmes multiples et répétés. La surenchère de parties de jambes en l'air, juste pour dire de mettre des scènes du genre afin de vendre davantage, ça m'ennuie un peu.
Quelques scènes de sexe, c'est bien, à chaque fois que les deux héros sont ensemble, c'est trop. Ils sont heureux de se voir, hop ! Ils se disputent et doivent se réconcilier, hop ! Il fait trop froid, hop ! Ils s'ennuient, hop ! Un couple ce n'est pas forcément juste ça (ou alors je me fourvoie ?)... et si les premières fois pouvaient faire frissonner les lectrices, au bout de cinq, huit, dix... c'est trop répétitif et ça lasse plus qu'autre chose.

Lassée, j'ai fini par l'être dans la dernière centaine de pages. J'ai dévoré la première moitié, curieuse d'en apprendre plus sur les secrets de nos héros (même s'ils n'ont rien d'hyper original, ça marche assez bien) et curieuse de découvrir l'évolution de leur relation mais au bout d'un moment, le jeu du chat et de la souris, et les disputes qui se résolvent par le passage obligé dans le lit... mais ça lasse (oui, je l'ai déjà dit !). A mon avis, une centaine de pages en moins aurait permis d'éliminer les passages répétitifs et donc les longueurs qui alourdissent et freinent un peu le rythme de lecture.
Je me répète mais vraiment, j'ai adoré la première moitié du texte. Même si l'intrigue est courue d'avance (mais d'un côté, quand on lit une romance on sait parfaitement que les deux héros vont finir ensemble, quel que soit le chemin emprunté pour en arriver au happy end !), ça fonctionne vraiment bien. Les personnages creusés et originaux (surtout l'héroïne), donnent envie de suivre leurs aventures ; leurs premières confrontations sont assez amusantes et savoureuses, on s'attache à eux et on a envie de savoir comment ils réussiront à finir ensemble. Vraiment, un démarrage et un intérêt accru... jusqu'au trop nombreux "je t'aime, moi non plus". Aidan est alors descendu d'un cran dans mon intérêt (avec en réaction à ses scènes répétées de jalousie infondée "Mais il comprend rien ! Il le fait exprès ou quoi ?!") et, comble de l'horreur, Scarlett a commencé à m'agacer. J'ai même été assez déçue par les dernières scènes faisant suite à une grosse dispute... tout est finalement rapidement pardonné et accepté et ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. La conclusion était prévue dès le commencement, mais la façon d'en arriver là est un poil décevante.

Cela dit, je tiens à souligner un autre point positif (parce qu'il y en a plus que de négatifs) : le style de Georgia Caldera. J'avais déjà eu l'occasion de le découvrir et de l'apprécier pendant ma lecture du premier tome des Larmes rouges et j'ai à nouveau pris plaisir à le parcourir ici. Les deux textes sont différents (mais le fond l'est tout autant !) mais le soin apporté aux phrases reste le même.
Ici, le langage est plus actuel, plus dynamique aussi mais on ne tombe pas non plus dans l'oralisant un peu simpliste bourré de dialogues sans intérêt. Non, pas du tout. Des dialogues il y en a c'est sûr mais il y a également beaucoup de descriptions pour permettre aux lecteurs de se mettre en situation. Et ce n'est pas difficile de s'imaginer les scènes ! C'est de la romance contemporaine donc on est d'accord, vous n'ouvrez pas un texte hautement littéraire... malgré tout, comparé à ce que j'ai pu lire d'autres dans le genre, Hors de portée c'est plutôt du "haut de gamme".

Après une première moitié qui m'a vraiment fascinée et transportée, le côté excessif et passionné des deux amoureux et leur jeu du chat et de la souris ont fini par me lasser. A mon avis, une centaine de pages en moins aurait permis d'éviter les répétitions et donc les longueurs fastidieuses. Malgré tout, j'ai refermé ce livre avec une impression positive. Hors de portée est une des rares romances contemporaines à avoir su me convaincre assez pour que je m'attache à son héroïne et pour que je dévore quelques centaines de ses pages... ce n'est pas parfait mais c'est déjà pas si mal et c'était pas gagné avec moi !
Lien : http://bazardelalitterature...
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