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Citations sur Chiens féraux (6)

page 42
[...] Une scène effroyable, vraiment. Six cuves peu profondes mais énormes couvraient toute la surface de la pièce. Et, dans ces cuves, flottait tout ce que vous pouvez imaginer : des morceaux de corps humains naviguaient tels des bateaux noirs en papier, mais aussi de petits cadavres intacts, auxquels les étudiants de médecine ne s'étaient pas encore attaqués, des morts qui pensaient, les amis, qui pensaient en contemplant par-delà le plafond, par-delà les nuages et l'espace. Nous n'étions pas encore éclos que déjà, dans le ventre, nous pressentions la frayeur terrible de la scène. Ce ne fut pas le cas des étudiants. Eux se frayaient un chemin à la recherche de leurs têtes entaillées. On aurait dit des rats. Il fallait voir l'acharnement avec lequel ils fouillaient les cuves. Tandis que l'un d'eux reconnut les travaux qu'ils avaient égarés, d'autres insultaient déjà leur pauvre mère pour savoir lequel plongerait dans les cuves afin d'y récupérer les cervelles. Rocio était au bord de la crise de nerfs, elle aurait voulu prendre la sienne et partir aussitôt. Nous, au contraire, nous aurions voulu déjà être là, pour que la fête commence enfin, une vraie chienlit. [...] Quelqu'un sortit un appareil photo et immortalisa les étudiants qui exécutaient des figures lubriques avec les têtes sur fonds de cadavres, découvrant leurs dents pointues lorsqu'ils s'esclaffaient. [...] Alors maman sourit et, là, notre cœur est brisé car il nous a semblé que ce sourire nous était adressé. [...]
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Ils avancèrent précautionneusement sur la route en terre pendant que, dehors, les chiens les regardaient avec un calme absolu, comme si rien n’avait plus d’importance à leurs yeux, comme s’ils revenaient d’une bataille improbable, où la victoire était l’égale de la défaite et la défaite toujours une solitude, un oubli, un abîme infini de silence.
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L’image du lézard s’est embrumée de tout ce formol qui s’amoncelle dans ses yeux. Alors nous domptons le reptile dans la glaciale froideur de se tripes et nous la regardons, d’un regard haineux, puis nous éructons un cri terrifiant qui lui fait mal comme la blessure par balle d’un ange.
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Le monde de maman ressemble à une farce étrange, n'est-ce pas ? Mais à une farce faite aussi de douleur et de folie, et d'une peur insupportable. Dans ce qui suit, par exemple, il n'y a pas un poil de rigolade. On vous aura prévenus. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. (p.24)
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... plus nous courons, plus nous creusons profondément dans son cerveau. Et nous ne cesserons pas, tout en lacérant nos pattes, pour atteindre le centre, et tout foutre en l'air au cœur même de sa cervelle. (p.72)
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On ne peut pas continuer comme ça, maman, on ne peut pas. Il fait si froid, ici, dans l'ombre, dans ce tourbillon noir. Et ce sifflement persistant, comme une douleur, maman chérie. Laisse-nous leur raconter ton histoire, laisse-nous nous délivrer de tout ce fardeau, s'il te plait, on ne fera de mal à personne. (p.17)
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