Citations sur Les noces écossaises, tome 2 : Le serment maudit (10)
Pourquoi fallait-il qu’elle soit si anormalement différente des autres femmes — s’obstinant à croire à des rêves puérils et menaçant de rompre la promesse qu’elle lui avait faite ? Puisqu’il devait prendre une épouse par obligation, au moins qu’elle le divertisse parfois un peu !
Il savait aussi bien qu’elle que ce genre d’union n’était pas un mariage d’amour. Au début, il avait cru qu’elle était une jeune femme pratique et il avait espéré qu’elle n’attendrait pas d’un mari une dévotion déraisonnable et aveugle. En demandant sa main, il s’était rappelé la jeune fille rieuse qui avait exploré Edimbourg à son côté, s’était montrée capable de soutenir une conversation intelligente et s’était allongée dans l’herbe avec lui, l’embrassant avec une passion candide. A la rigueur, il pouvait comprendre sa récente réserve et sa suspicion.
Lorsqu’il se pencha pour l’embrasser, elle dut mobiliser toutes ses forces pour ne pas lui abandonner sa bouche. Les émotions tourbillonnaient en elle, et une partie d’elle se languissait, en proie à un désir comme elle n’en avait pas ressenti depuis… depuis qu’il l’avait embrassée dix ans plus tôt.
Il inclina la tête et lui écarta les lèvres avec une tenace détermination, approfondissant le baiser, tandis qu’il la serrait contre lui. Elle sentit un frisson la parcourir. Toute sa résolution fondait, l’obligeant à un dernier acte désespéré de rébellion — elle le mordit.
Cette manière de plaisanter ne lui venait pas aisément. Il était un homme grave qui s’adonnait à des recherches sérieuses, incluant la préparation pour sa première session au Parlement l’année suivante. Mais c’était son clan. C’étaient les hommes qu’il devrait mener à la bataille si cela devenait nécessaire, et il était décidé à mieux les connaître.
Les personnes de mon clan doivent comprendre que, lorsque je suis à Londres pour veiller sur leurs intérêts, cela ne signifie pas que ma loyauté ne leur est pas totalement acquise. Et la seule façon de le leur apprendre est d’être parmi eux, de m’entraîner avec eux, de les affronter. Les plus nobles et les meilleurs jeunes gens du clan vont tâcher d’exceller en tout et de faire leurs preuves, comme moi autrefois.
Les femmes voulaient de la romance et un amour éternel, ce que l’on trouvait rarement quand on se mariait pour engendrer des héritiers, perpétuer un titre ou unir des clans ennemis.
La noblesse n’allait pas forcément de pair avec la courtoisie ou les bonnes manières...
Explorant son corps du regard, il constata qu’elle avait plus de formes que dans son souvenir. Son corset mettait parfaitement en valeur ses seins généreux, et sa robe s’incurvait sous sa taille mince, laissant deviner la courbe d’une hanche qu’il aurait volontiers explorée de ses mains.
Elle avait toujours ces yeux fascinants, l’un bleu et l’autre vert, qui ne cessaient autrefois de l’observer avec tant de gravité et de passion, lui donnant l’impression d’être important, du moins pour elle. A la beauté de ses traits, la maturité avait ajouté de la dignité et de la sagesse.
Elle avait accepté ce mariage, après tout, même si elle n’avait pas caché ses réticences. Comble de l’ironie, si l’on songeait à toutes les femmes, écossaises et anglaises, avec lesquelles il avait badiné ces dernières années, le flattant dans l’espoir de l’épouser ! Il avait cependant pris tout son temps, certain de n’avoir que l’embarras du choix. Tout cela pour rien.