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Critique de PhilippeCastellain


Dans le film ‘'Alexandre Nevski'', le chef d'oeuvre d'Eisenstein, une scène montre la destruction de Pskov par les chevaliers teutoniques. Un long plan s'attarde sur les casques des soldats, derrière lesquels on distingue à peine les yeux. Un moment, le spectateur se demande si un homme se cache vraiment derrière ce masque de cruauté. Et s'il n'y avait personne ? C'est, en quelque sorte mais pas vraiment, le thème de ce livre.

Je n'avais encore jamais lu le troisième des contes historiques d'Italo Calvino. Celui-ci est probablement le plus étrange des trois. Il se déroule à l'époque de Charlemagne. le vieil empereur, usé par des années de guerre et de festin, passe en revue son armée. Il repère un chevalier qu'il ne connait pas encore, l'interroge. Surprise : ce chevalier inconnu mais pourvu de nombreux titres… N'existe pas. C'est une armure vide. Une volonté propre l'anime, il a une voix, des pensées. Mais pas de corps. Devant cette surprenante révélation, tout le monde…

S'en fiche.
Il y a un gars qui n'existe pas dans le régiment.
Bon.
Ben c'est comme ça.
Tient, c'est l'heure du déjeuner.

De nombreuses influences littéraires se recroisent. Réalisme, surréalisme, absurde… L'humour noir, grinçant et saignant, évoque Eugène Sue et ‘'Kernoch le pirate''. En revanche le style du récit se rapproche plus des ‘'Fleurs bleues'' : ton faussement sérieux et naïf, anachronisme historique total et assumé. Même si cela peut laisser un léger malaise, cela se lit bien et vite.

Sur le fond, les préoccupations d'Italo Calvino portent sur le rapport entre signifiant et signifié, le nom et l'objet ou le concept. Des débats intellectuels fleurant bon les années 70, et de ce point de vue-là, il faut bien l'avouer, j'ai trouvé que l'ouvrage avait pris un coup de vieux. Difficile de rentrer dans ces questions si on n'est pas au moins prof de lettres modernes en lycée. Reste, heureusement, une fable qui garde une portée philosophique assez intemporelle.
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