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Critique de fanfanouche24


Chronique débutée le 19 mars 2015- 4 avril 2015

Déjà deux semaines que j'ai achevé cette biographie de Madame de Staël, que j'ai lue avec plaisir, en revisitant le parcours extraordinaire de cette femme, humainement, sentimentalement comme intellectuellement.

J'ai eu l'occasion de rencontrer cette « romancière-politicienne-amoureuse » à plusieurs reprises, dont la plus significative, fut il y a quelques années, alors que je faisais des recherches assidues sur une autre grande figure féminine et littéraire, qui fut son amie ainsi que celle De Chateaubriand. Je veux nommer la duchesse Claire de Duras [fille de l'amiral de Kersaint]

J'avoue par contre humblement mon ignorance absolue quant à ses textes dont je connais les sujets, les thématiques, mais que je n'ai jamais pris le temps de lire. Ce que je devrais faire après la lecture de cette biographie fort instructive et synthétique

Deux nouveaux textes emportés dans ma valise… via quelques jours d'évasion à Lisbonne ; deux ouvrages des plus différents : cette biographie de Madame de Staël et le dernier roman de Michel Houellebecq, « Soumission » .
Première nuit sous le ciel de Lisboa, à me replonger dans la vie passionnée et brillante de Louise Necker, qui deviendra Madame de Staël ; fille de Jacques Necker, le ministre des finances de Louis XVI, homme éclairé et libéral, démocrate :
« le peuple aime ce Necker qui dénonce les abus, veut abolir des privilèges, achète du blé étranger pour nourrir la population affamée, avance la réunion des états généraux. » (p.43)

Les premières lignes rentrent immédiatement dans le vif du sujet : « L'Europe entière connaissait son nom. Ses livres étaient des best-sellers. Napoléon disait d'elle : « J'ai quatre ennemis, la Prusse, la Russie, l'Angleterre et Madame de Staël. »

Comme nous savons pour la plupart, elle eut de nombreux amants dont l'écrivain, Benjamin Constant qui disait d'elle à juste titre : « Si elle avait su se gouverner, elle aurait gouverné le monde »

L'auteure dans l'avant-propos explique son attirance pour cette intellectuelle, qui tint salon, eut une influence certaine à son époque, et combien sa personnalité et ses convictions restent d'actualité…comme ses idées progressistes… la citation suivante en est une des preuves les plus saisissantes. Je me permets de transcrire à la suite, plusieurs extraits qui prolongent et illustrent mon propos…

« Germaine se sent flattée, heureuse comme elle ne l'a pas été depuis des années. Pour chacun elle a le mot juste et répète une formule qui lui tient à coeur : "Dans nos temps modernes, il faut avoir l'esprit européen, bâtir une Europe intellectuelle sans frontières politiques. Pour atténuer les haines et les préjugés. Pour éviter les guerres ! " L'esprit européen... » (p.205)

« Germaine est comme nous, les femmes d'aujourd'hui : elle veut tout. Elle milite pour le droit au bonheur. Pour imposer le divorce. C'est une féministe mais d'un genre particulier, une féministe qui aime les hommes » (p.12)

« La littérature lui doit beaucoup. Elle est la première des romantiques, la première à décrire les sentiments, les émotions, les souffrances du coeur. A théoriser cette nouvelle façon d'écrire sur des sujets modernes. A pratiquer l'introspection » (p.13)

Une complicité et des liens très forts l'attachaient à un père brillant et aimant, qui vénérait et admirait sa fille unique :
« Aux Rousses, elle écrit à son père : « Tu as été plus qu'humain de bonté, de sagesse, de générosité, de toutes les vertus célestes. Reçois quoi qu'il arrive l'adoration la plus tendre dont mon coeur soit capable. Que Dieu me ramène vers toi. Embrasse mes enfants qui n'ont maintenant que toi. Et toi, pense que tu es mon seul appui sur cette terre, que tout le reste est passager » (p.98)

Une biographie agréable à lire qui nous remet en mémoire le contexte politique, sociétal et artistique de cette période des plus troublées… sans parler des différends de Germaine de Staël avec Napoléon ainsi que ses exils multiples ; Napoléon souhaitant l'éloigner le plus possible de Paris, où son salon et ses idées lui faisaient ombrage et nourrissaient « l'opposition »…dirait-on aujourd'hui !
Intéressante lecture qui nous apprend beaucoup [ en plus du parcours unique, exceptionnel de Madame de Staël], sur une époque et sur les grands esprits qui l'animaient, se battaient pour une autre idée de la politique, pour un autre type de gouvernement pour la France...
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