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Critique de Amaruel


Cela faisait un petit bout de temps que je n'avais pas dédié mon temps de lecture à un bon gros pavé de fantasy. le dernier en date étant le deuxième opus de la série le Bâtard de Kosigan… Et en commençant Renégat je ne m'éloignais pas trop de la thématique du mercenaire et des auteurs férus d'Histoire !

Mais passons. le Chevalier Rouge est le premier tome de la série, Renégat, qui s'annonce très, très prometteuse.

Si la trame, fort grossière, de l'intrigue pourra en faire sourire certains quant à son absence d'originalité (une guerre qui s'annonce entre la Nature et l'Homme), de même que le pari de prendre pour fer de lance un personnage aussi énigmatique qu'anonyme, en la personne du Chevalier Rouge – un capitaine mercenaire –, il n'en est cependant rien en ce qui concerne le restant du livre.

En premier lieu, ce qui marque c'est le choix de la narration de l'auteur : une sorte de roman chorale où le point de vue interne aurait été gommé au profit d'un narrateur externe s'intéressant, l'espace d'un instant, à la vie d'un être plus ou moins important de la société – et par extension qui apporte un certain intérêt dans la narration. Les « bons », les « mauvais » et les autres, ceux pris bien souvent entre deux feux, Miles Cameron fait le pari de leur donner voix et, cela donne bien plus d'étoffe à l'ensemble du récit. On a tous les points de vue – ou presque – et pourtant l'auteur arrive à surprendre dans les choix qui s'opèrent dans chaque camp.

Bien entendu cela offre une galerie de personnages des plus conséquentes (tout en étant bien loin du nombre de Game of Thrones, je vous vois venir), qui est un peu difficile à aborder au premier abord. Qui est qui, qui fait quoi et où se passe l'action – par ailleurs l'absence de carte dans l'édition bragelonienne se fait sentir assez rapidement et le choix éditorial de situer chacun des personnages floute d'avantage la compréhension au départ. C'est bien simple je pensais que Lissen Carak était une personne, alors qu'il s'agit d'une ville –, etc. le nombre de noms est important, et finalement il m'aura fallu quelques dizaines de pages pour vraiment m'y repérer.

Dans cette foultitude de protagonistes, je dois dire que j'ai particulièrement accroché avec les représentations féminines. Loin d'être de parfaites greluches, Cameron présente des femmes fortes tant du point de vue politique (Desiderata), guerrier (L'Effrontée) et religieux (l'abbesse / Amicia) ; les pendants masculins sont très nombreux – et surreprésentés –, mais ces femmes prennent une part importante du récit, ce que j'ai trouvé fort appréciable. D'autant que les échanges entre le Chevalier Rouge et l'Abbesse sont particulièrement caustiques.

​Comme je le disais plus haut, la trame de l'intrigue semble manquer cruellement d'originalité, loin s'en faut car tous les éléments qui ont été créé par l'auteur pour ficeler son récit s'éloignent des habitudes de la fantasy : les créatures font peau neuves, sauf en de très rares cas ; les peuples « primitifs » ne servent pas uniquement de décorum ; la magie revêt divers aspects. D'autant que pour installer confortablement son intrigue, l'auteur prend son temps. Il faut dire que le monsieur est spécialisé dans cette période, le Moyen-Âge, et qu'il est donc "normal" d'avoir pléthore de détails sur le fonctionnement d'une compagnie de mercenaires à cette époque, des différents protocoles qui régissent les interactions entre les protagonistes, ou encore de l'installation d'un siège pour défendre une forteresse, etc. A titre personnel, ces quantités de détails m'ont encore plus intéressé au récit que je ne l'étais déjà, ce fut donc un point très positif !

Le récit n'est évidemment pas dénué d'actions. Les escarmouches semées çà et là dans le récit ne sont que des amuses bouches en attendant la bataille "finale" qui opposera les différentes armées. Mais ces premières permettent de faire tenir le lecteur dans un certain équilibre et d'entrecroiser les moments calmes et les échanges sanglants. Echanges sanglants qui par ailleurs, sont très imagés, servit par la plume de l'auteur (et par son amour pour la période qui se fait ressentir jusque dans la description de l'entrée de la lame dans le corps de l'ennemi).

En Bref : Une lecture dense, riche en personnage, forte de détails médiévaux et pour ma part prenante de bout en bout. Un premier roman, qui place Miles Cameron dans la tête des auteurs à suivre en fantasy médiéval (et ça tombe bien puisque la parution du tome 3 est prévue pour cette année chez Bragelonne toujours). S'il traîne dans votre PAL : c'est le moment de le dépoussiérer !
Lien : http://amarueltribulation.we..
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