Citations sur La Danse de la Mouette (28)
Puis il s’absorba dans la contemplation du vol d’une mouette.
Désormais, on en voyait peu, des mouettes ; va savoir pourquoi elles avaient déménagé à l’intérieur du village. Mais même à Montelusa, à dix kilomètres de la côte, il y en avait des centaines, c’était comme si ces oiseaux s’étaient fatigués de la mer et se tenaient loin des vagues. Pourquoi avaient-ils dégringolé au point de chercher leur nourriture dans les ordures des villes au lieu d’aller se pêcher du poisson frais ? Parce qu’ils s’étaient dégradés au point de devoir disputer aux rats une tête de poisson pourrie ? Avaient-ils vraiment voulu sombrer comme ça ou bien quelque chose avait changé dans l’ordre de la nature ?
Peut-être était-ce pour ça que… et tout de suite, il eut honte de la pinsée qui lui venait. A savoir que la passion de Gallo pour la vitesse en voiture était une compensation de ce qui lui avait manqué petiot. Un truc de films ‘méricains, quand ils t’expliquent qu’un type est devenu violeur passque, quand il était minot, son père avait abusé de lui.
Quand il était plus jeune, des pinsées pareilles ne lui seraient même pas passées par l’antichambre de la coucourde. Manifestement, avec la vieillesse, même la coucourde se relâchait, comme les muscles, la peau… son regard tomba sur le compteur : 170. P 126
un extrait plus élargi pour montrer le style particulier de Camilleri
« En un tournevire, Montalbano sortit sur la plage et arriva à un pas de lui (l’oiseau). La mouette ne manifesta pas qu’elle l’avait vu mais, tout de suite après, son mouvement tournoyant devint incertain, toujours plus trébuchant, et à la fin l’aceddro, l’oiseau, après avoir émis un son très aigu, perdit l’appui de l’aile, se coucha sur le côté et mourut. P 16
Quelle merveille si lui, Montalbano, n'était plus capable de raconter l'histoire à Camilleri !
Les trains arrivent en retard, les avions aussi, les ferries, il fallait une intervention divine pour qu'ils larguent les amarres ; le courrier, n'en parlons pas ; les autobus se perdaient carrément dans la circulation ; les chantiers publics manquaient la date de livraison de cinq ou six ans ; n'importe quelle loi mettait des années avant d'être approuvées ; les procès traînaient ; même les émissions de télé commençaient toujours avec une demi-heure de retard sur l'horaire....
A peine arrivé à l'aéroport, en matant le tableau électronique des arrivées, il eut la belle et prévisible nouvelle que le vol qu'il attendait avait plus d'une heure de retard.
Et ça t'étonne ? Est-ce qu'il y a un truc, un seul en Italie, qui partait et arrivait à l'heure prévue?
Les trains prenaient du retard, les avions aussi, les ferries, il fallait une intervention divine pour qu'ils larguent les amarres; le courrier, n'en parlons pas; les autobus se perdaient carrément dans la circulation; les chantiers publics manquaient la date de livraison de cinq ou six ans; n'importe quelle loi mettait des années avant d'être approuvée; les procès trainaient, même les émissions de télé commençaient toujours avec une demi-heure de retard sur l'horaire ...
Quand il commençait à raisonner sur ces trucs, son sang tournait vinaigre. Mais il n'avait aucune envie de s'amontrer de mauvaise humeur devant Livia quand elle arriverait. Il allait passer cette heure en rousinant.
Le voyage du matin lui avait réveillé un solide 'pétit. Chose étrange, vu qu'il ne prenait jamais de petit déjeuner. Il alla au bar, où il y avait une queue de bureau de poste le jour du règlement des pensions. Enfin ce fut son tour.
- Un café et un croissant.
- Pas de croissant.
- Vous les avez terminés ?
- Non. Ce matin, on a tardé à nous les livrer. On les aura dans une demi-heure.
Même les croissants étaient en retard !
Ce fut vers cinq heures et demie du matin qu'il ne supporta plus de rester l'œil écarquillé, à mater le plafond.
Ça avait commencé avec la vieillesse : d'habitude, passé minuit, il se calait dans le lit, lisait une demi-heure, et dès que ses yeux commençaient à papillonner, il prenait la bonne position, à savoir se coucher sur le côté droit, genoux pliés, la main droite ouverte paume en l'air sur le coussin et la joue appuyée sur la main, il fermait les yeux et, d'un coup, s'endormait.
Souvent par chance, il dormait comme ça jusqu'au matin, si ça se trouvait, il faisait ça tout à la file, mais certaines nuits au contraire, comme celle qui venait juste de se passer, au bout d'une paire d'heures de roupillon, il s'aréveillait sans aucune raison et il n'y avait plus moyen d'aréussir à retrouver le sommeil.
Une fois, parvenu aux extrémités du désespoir, il s'était levé et était allé se boire une demi-bouteille de whisky, dans l'espérance que ça lui donnerait sommeil. La conséquence avait été qu'il s'était présenté à l'aube, au commissariat, complètement bourré.
(début du livre)
Assis sur la véranda, en compagnie d’une dose de mélancolie, il tenta de se consoler avec une énorme portion de caponata.
Il s’aréveilla le lendemain matin qu’il était 8 heures. Il avait dormi douze heures d’affilée. Il se sentait parfaitement reposé mais avec un ‘pétit à mordre le pied d’une chaise. P 99
Le gouvernement bavardait, l'opposition bavardait, l'Eglise bavardait, la confédération patronale bavardait, les syndicats bavardaient, et puis on bavardait sur un couple d'importants qui s'étaient séparés, sur un photographe qui photographiait ce qu'il ne fallait pas, sur l'homme le plus riche et le plus puissant du pays, auquel son épouse avait publiquement écrit pour lui reprocher certaines paroles prononcées sur une autre femme, on bavardait et rebavardait sur les maçons qui tombaient comme des poires mûres des échafaudages, sur les clandestins qui mouraient noyés en mer, sur les retraités qui se retrouvaient sans un sou, sur les minots violés ...