AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de brigittelascombe


Ce "bonheur" .."qui me conduisit pour la première fois dans une maison de passe", celui que relate Marcel Proust (dans Autour de madame Swann), Andrea Camilleri le met en tête de chapitre et en fait le sujet de son roman La pension Eva, un "burdellu" dans lequel le jeune Néné va connaitre, avec gourmandise, ses presque premières fois; un "burdellu" qui tient du couvent, car entre deux passes, religion oblige on y prie beaucoup; un "burdellu" comme un abri hors du temps (où se croisent Italiens,Allemands et Américains sans signe distinctif) dont l'insouciance fait oublier les bombardements de la deuxième guerre qui angoissent, blessent,séparent et tuent.
C'est avec beaucoup d'humour et une verve, parsemée de mots italiens succulents(comme "les pâtes ncasciata"), qui frise la naïveté (la langue est volontairement estropiée: "acomença","lémentaire","ezemple") que le narrateur omniscient relate la jeunesse de Néné du moment où sa caressante cousine Angela le plombe en lui révélant qu'il l'a "pitchounette" ("Sainte mère, quel malheur!") jusqu'à la fin de la guerre et perte de l'enfance. Emaillé d'anecdotes truculentes, on rit beaucoup....pour faire passer les larmes.
On apprend avec joie comment le copain Jacolino devient par "miracle" calé en grec et latin grâce à la "Signora Flora", comment la "camarade"Tania au grand coeur transmet des renseignements à un chaste avocat, comment la pieuse Nadia se croit victime hallucinations face à un moine défroqué, comment une femme jalouse stoppe le bégaiement de son coureur de mari,pourquoi l' ange américain tombé du ciel a"une faim de loup,que l'amour peut naître entre des êtres que tout sépare,....mais on apprend aussi que seules la rage et le désespoir poussent aux paris stupides ou aux fantasmes les plus fous pour dire stop à la guerre...car dénonce Andrea Camilleri la guerre est folie!
Petit rappel: Andrea Camilleri, metteur en scène et écrivain italien,n'est venu à l'écriture que sur le tard.
Il a obtenu le prestidigieux prix de poésie Libera Stampa ainsi qu'un prix pour une pièce de théâtre.
Son roman La pension Eva est un pur bonheur, malgré son lourd fond historique, car il montre que l'homme doit avancer, prendre conscience de sa propre violence et essayer de survivre ou de vivre tout simplement en savourant les instants de joie qui lui sont donnés comme celui de retrouver un ami perdu de vue.
Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}