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Ma troisième lecture d'Andrea Camilleri m'a emmené chez Montalbano, mais sans Montalbano.
... Toujours dans l'excellente traduction de Serge Quadruppani qui s'efforce et réussi à nous faire partager ce parler si spécial à la Sicile.
La pension Eva n'est pas sans me rappeler l' Amarcord de Fédérico Fellini et sa profonde nostalgie. Un rêve latin.
Il y a cette ambiance particulière de l'enfance qui s'achève et de l'adolescence avec ses brulures et impatiences.
Il y a ce monde féminin, comme une terre promise dont l'épicentre est ce bordel. Un bordel, comme paradis aux codes et tarifs établis. C'est un temple, avec ses prêtresses qui ne manquent ni de courage , ni de foi ni de bienveillance.
Camilleri nous régale d'insolites portraits de clients et de filles de la Pension.
D' histoires d'amour, aussi, tragiques ou cocasses.
Nené va faire son apprentissage d'homme à la pension Eva.
Bien sûr, c'est la guerre, et les bombes pleuvent. le monde de Nené s'écroule en décombres... Les américains vont débarquer, la vie repartira.
La Pension Eva survivra-t-elle?
Et Camilleri n'oublie jamais de nous faire partager, humer, la savoureuse cuisine sicilienne. Car manger fait partie de la vie.
Décidément, je n'ai pas fini de déguster l'oeuvre d'Andrea Camilleri.
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Histoire d'aérer mon cerveau qui menaçait de détrancanner à la lecture des Fictions de Jorge Luis, j'ai lu cette fantaisie narrative de l'ami Andrea (2006) avec plaisir. C'est un roman d'apprentissage en trois temps. le temps de l'innocence charmant et drôle. Celui des découvertes : de la sessualité mais aussi du fascisme et du théâtre. Et puis celui du désastre, de la faim et de la mort.

Nous sommes à Vigàta, bourg sicilien imaginaire. le petit Nenè (surnom aussi de l'auteur) âgé de huit ans veut savoir ce qui se cache dedans la pension Eva, une petite villa pimpante bien fleurie aux volets verts toujours baissés. Quand son copain Ciccio lui dit qu'on y loue des femmes nues, Nenè en est baba. Heureusement à onze ans sa cousine Angela, la bien nommée, est là pour tout lui espliquer au fond du grenier grâce à des jeux de rôles édifiants. En même temps Nené apprend la mythologie et puis va à confesse où le curé lui révèle le péché.
Plus tard grâce à une ruse digne d'Ulysse mais aussi au père de son copain Jacolino qui gère la pension, il peut partir pour Cythère. Chaque lundi jour de fermeture Jacolino, Ciccio et Néné boivent et mangent des plats savoureux avec les dames qui leur racontent alors des histoires incroyables et miraculeuses avec des personnages insolites. Chaque récit est l'objet d'une mise en scène bouffonne.
Dehors c'est la guerre dans toute son horreur. Les clients de plus en plus nombreux ne font plus « flanelle » et consomment en hâte. Arrivent au bordellu les mutilés, les blessés, les presque morts. A la fin en 1943, les alliés débarquent. La pension Eva a été réduite à un tas de décombres. Ciccio lui offre sa première cigarette. Nenè fête son dix-huitième anniversaire.
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Voici un court roman d'apprentissage mêlant réalité historique , récit documentaire , initiation érotique et fantasmes d'un jeune garçon, Nenè , de son innocence jusqu'à ses dix- huit ans dans la Sicile des années 40.
Une mystérieuse bâtisse située à l'entrée du village l'intrigue .......
Mais que vont faire tous ces hommes dans la belle maison près du port où habitent tant de femmes qu'il entendait rire et parler à voix haute dans une chambre lointaine ?
Tenté de rentrer , vers l'âge de huit ans ,on le pria illico de s'en aller .......
Il joue au docteur avec sa jolie cousine dans le grenier, suit d'un doigt avec gourmandise les contours des dessins de Gustave Doré dans le Roland-furieux de L'Arioste ......
Ou rouge de honte , submergé par un désir lancinant qu'il ne sait pas reconnaître, suivre les contours de sa cousine dont les formes appétissantes le font frémir , gémir à l'intérieur ........
Bientôt viendra le temps où grâce à son ami Jacolino , fils du gérant , il visitera La-pension-Eva où de gentilles filles l'initieront aux plaisirs de la chair .........
La guerre bouleversera tout. Des flots de militaires arrivent à la pension, les filles ne changent plus tous les quinze jours. Entre deux passes on prie, ce bordel apparaît comme un abri hors du temps ........Nenè grandit entre ces femmes et la guerre .......
La découverte de l'amour et du désir s'avèrent prétexte à de nombreuses anecdotes.........sans oublier les horreurs, les bombardements , les destructions, les morts , loin de l'odeur des sardines grillées, de l'air marin et du soleil ........
Nombre d'anecdotes truculentes alliées à une allégresse rêveuse et un realisme magique par temps d'apocalypse permettent d'oublier un temps les larmes de la guerre...........
Le style , mâtiné d'argot , surprenant peut déranger le lecteur . La traduction s'avère un peu maladroite .
Au final , un savoureux roman d'initiation sentimentale et érotique tissé d'humour et de naïveté, de tendresse et de dérision, pétri de personnages attachants , qui permet d'adoucir les réalités de la guerre, au coeur de l'Italie fasciste , grâce au talent de conteur de l'auteur.
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La pension Eva est un roman difficile d'approche : le style, l'écriture et la narration ont rendu ma lecture un peu laborieuse. Il faut dire que le roman est truffé d'argot qui lui donne un coté authentique mais qui n'est pas toujours simple pour le lecteur. J'ai dû relire certains passages plusieurs fois pour être sur de comprendre et puis la multitude de personnage n'aide pas.

Pourtant c'est un excellent roman initiatique ou Nene un jeune homme découvre la sexualité à la pension Eva, une maison close qui intrigue tant le jeune homme. le roman se veut léger mais pourtant le contexte historique des années 40 ou les bombardements sont incessants laisse un sentiment de malaise. On y entrevoit les bombes, les morts, le manque de nourriture et cela fait froid dans le dos.

Les anecdotes des prostitués, la naïveté de Nene font vite oublié cette guerre qui fait rage et on rigole franchement à certains passages. C'était ma première rencontre avec l'auteur et j'ai été surprise. Je reste malgré tout avec un sentiment mitigé et il me faudra lire un autre de ses romans pour m'en faire une opinion plus tranchée.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Ce "bonheur" .."qui me conduisit pour la première fois dans une maison de passe", celui que relate Marcel Proust (dans Autour de madame Swann), Andrea Camilleri le met en tête de chapitre et en fait le sujet de son roman La pension Eva, un "burdellu" dans lequel le jeune Néné va connaitre, avec gourmandise, ses presque premières fois; un "burdellu" qui tient du couvent, car entre deux passes, religion oblige on y prie beaucoup; un "burdellu" comme un abri hors du temps (où se croisent Italiens,Allemands et Américains sans signe distinctif) dont l'insouciance fait oublier les bombardements de la deuxième guerre qui angoissent, blessent,séparent et tuent.
C'est avec beaucoup d'humour et une verve, parsemée de mots italiens succulents(comme "les pâtes ncasciata"), qui frise la naïveté (la langue est volontairement estropiée: "acomença","lémentaire","ezemple") que le narrateur omniscient relate la jeunesse de Néné du moment où sa caressante cousine Angela le plombe en lui révélant qu'il l'a "pitchounette" ("Sainte mère, quel malheur!") jusqu'à la fin de la guerre et perte de l'enfance. Emaillé d'anecdotes truculentes, on rit beaucoup....pour faire passer les larmes.
On apprend avec joie comment le copain Jacolino devient par "miracle" calé en grec et latin grâce à la "Signora Flora", comment la "camarade"Tania au grand coeur transmet des renseignements à un chaste avocat, comment la pieuse Nadia se croit victime hallucinations face à un moine défroqué, comment une femme jalouse stoppe le bégaiement de son coureur de mari,pourquoi l' ange américain tombé du ciel a"une faim de loup,que l'amour peut naître entre des êtres que tout sépare,....mais on apprend aussi que seules la rage et le désespoir poussent aux paris stupides ou aux fantasmes les plus fous pour dire stop à la guerre...car dénonce Andrea Camilleri la guerre est folie!
Petit rappel: Andrea Camilleri, metteur en scène et écrivain italien,n'est venu à l'écriture que sur le tard.
Il a obtenu le prestidigieux prix de poésie Libera Stampa ainsi qu'un prix pour une pièce de théâtre.
Son roman La pension Eva est un pur bonheur, malgré son lourd fond historique, car il montre que l'homme doit avancer, prendre conscience de sa propre violence et essayer de survivre ou de vivre tout simplement en savourant les instants de joie qui lui sont donnés comme celui de retrouver un ami perdu de vue.
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Paru en 2006
"Je désire avertir que ce récit n'est pas autobiographique, (...) . le contexte est authentique. Et la Pension Eva a vraiment existé," Camilleri

Ce livre est une délicieuse nouvelle d'une initiation sentimentale et érotique, en dépit de la toile de fond qui est la guerre.
On accompagne le protagoniste depuis l'innocence du regard jusqu'à ses dix-huit ans.
C'est la reconstruction plus esthétique que étique d'une époque que l'auteur extrait des archives d'une mémoire sociale dans laquelle on grandissait en appartenant à la culture ambiante et non seulement à soi-même.

L'histoire semble faite de peu de choses mais elle est un concentré de séquences personnelles et d'événements douloureux, héroïques ou insolites.

Phrase de clôture:
"Et il se fuma la première cigarette de sa vie."
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J'ai fait une heureuse découverte avec ce bref roman d'un écrivain italien, dont j'ignorais l'existence: Andrea Camilleri (né en 1925). L'action se passe pendant la seconde guerre mondiale. Dans le contexte tragique d'une Sicile pauvre, soumise au joug fasciste et bombardée par l'aviation des Alliés, un jeune garçon nommé Nené découvre dans sa bourgade une maison close: la pension Eva. Sa curiosité et sa sensualité s'éveillent, de même que celle de ses copains. Les prostituées - esclaves de réseaux de proxénètes - ne restent là qu'une quinzaine de jours avant d'être "mutées" ailleurs. Mais les garçons ne s'apitoient évidemment pas sur elles; ils nouent des relations cordiales avec ces pauvres femmes qui acceptent bravement leur sort. Ici, il n'y a pas de pathos. La volonté de survivre et même une vraie joie de vivre continuent à s'imposer dans la misère quotidienne. Divers épisodes vigoureusement picaresques, presque surréalistes, nous sont racontés, témoignant de la grande vitalité de ces êtres simples, malmenés par la société et par la guerre. Ainsi le roman dresse un tableau plutôt optimiste de la jeunesse, que le malheur ne parviendra jamais à abattre. Et l'auteur a un vrai talent de conteur. Je recommande ce livre qui, je pense, est passé inaperçu en France.
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N°1682 – Octobre 2022

La pension EvaAndrea Camilleri – Metaillé.
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani.

Chez Camilleri, c'est un peu comme chez Simenon qui étaitt un de ses écrivains favoris, ils étaient tous les deux de célèbres auteurs de polars avec un commissaire de police emblématique, Maigret pour l'un, Montalbano pour l'autre, mais ils étaient aussi deux romanciers traditionnels . Ici Camilleri (1925-2019) nous emmène dans un port de Sicile dans les années 40 c'est à dire quand l'Italie, alliée des nazis , commence à subir des bombardements alliés. Nerè . Un petit garçon se demande ce que signifie ces allées et venues d'hommes qui fréquentent la belle maison voisine où il aperçoit des femmes nues. La pension Eva, tel est le nom de cet établissement, fera l'objet de ses interrogations naïves jusqu'à ce qu'il la visite lui-même à l'âge requis, comme une sorte d'apprentissage initiatique, comme une terre promise. Il commence par découvrir les femmes grâce à sa jolie cousine et à leurs jeux puérils puis évoque les pensionnaires de cet immeuble et leur bienveillance. Il n'oublie pas de les croquer ainsi que certains de leurs clients et cela donne des portraits baroques et des anecdotes truculentes. Puis la guerre suivra son cours avec son lot de bouleversements et de destructions, entre les plaisirs érotiques, l'odeur des sardines grillées et celle du sang, les sourires et les larmes... Mais, goguenard , l'auteur, en postface, précise que ce court roman ne doit pas être regardé comme autobiographique, même si le personnage principal porte un nom semblable au diminutif dont les amis et la famille de Camilleri l'affublaient.
Il ajoute en revanche que la pension Eva a effectivement existé et il mêle dans à cette fiction des moments de l'histoire de cette petite ville. Il a attendu un âge assez avancé (près de 80 ans) pour l'écrire, ce qui témoigne de sa volonté de sortir de son image traditionnelle créative et d'offrir à son lecteur un moment de lecture où la tendresse et la dérision se mêlent à un érotisme discret.

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Le véritable personnage de ce roman c'est la pension Eva, elle même, le bordel de la ville. Roman d'initiation, roman retraçant les fantasmes d'un jeune garçon des années 40 en Italie. C'est le premier livre que je lis d'Andrea Camilleri et je suis déçue car j'ai tellement entendu parler de cet auteur, que je m'attendais "à plus". Peut être n'aurais-je pas du commencer par celui-ci?
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Je n'ai pas réussit à apprécier la langue patoisante sicilienne qui vraisemblablement est savoureuse dans le texte original, mais qui devient franchement un peu lourde et pénible dans la traduction proposée, malgré les efforts très voyants et répétitifs du traducteur...
Mais, ce petit désagrément qui semble tout à fait personnel, n'entache pas vraiment le plaisir que j'ai eu à lire ce roman.
C'est un cadeau que l'auteur nous a fait du haut de ses 80 ans en écrivant ces quelques 130 pages.
Connu pour ses romans policiers, il dit s'être offert une petite récréation littéraire sans prétention, juste pour le plaisir, et il a bien fait!
La narration est toute entière construite autour de la mystérieuse Pension Eva, que nous visitons avec les yeux d'un jeune garçon qui va s'initier au plaisir en la rêvant.
Sa curiosité sexuelle est excitée par l'activité mystérieuse qui se déroule dans cet établissement,et, petit à petit, il va découvrir le fin mot de l'histoire.
Avant de pouvoir y entrer, il aura l'occasion d' éprouver ses premiers émois du corps avec sa cousine,ou sur des illustrations de femmes nues trouvées dans la bibliothèque de son père, puis dans les bras d'une veuve qui aime collectionner les aventures avec de très jeunes garçons.
Enfin introduit dans l'antre des plaisirs tant attendus, ce n'est plus ses expériences érotiques que notre jeune néné nous raconte, mais les histoires pittoresques, coquines, drôles,et quelquefois bouleversantes entendues dans ce bordel aux multiples aventures plus cocasses que sulfureuses. (c'est savoureusement drôle, soit dit en passant.)
Notre jeune héros regarde, écoute, s'émerveille de cette vie cachée et burlesque qui se déroule derrière les portes closes alors que les bombes tombent sur la ville et que la mort rode à tous les coins de rues.
Cette histoire simple qui contient des dizaines de récits un brin rocambolesques se termine à la libération,dans le marasme laissé par les bombardements. le jeune homme a connu l'effroi en découvrant des cadavres et éprouvé la peur d'avoir perdu les membres de sa famille et ses amis d'enfance.
Il a 18 ans, l'âge où il aurait pu légalement avoir accès à la Pension Eva, mais celle-ci s'est envolée en fumée...
http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/03/la-pension-eva-andrea-camilleri.html
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Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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