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Critique de bgbg


bgbg
23 novembre 2015
La chute, par Albert Camus. Monologue touffu, désordonné, discours sur soi sans retenue mêlé à des considérations plus générales de portée morale, philosophique ou politique, analyse étoffée de la complexion d'un homme dont les barrières vont s'effondrer suite à un évènement dramatique.
Cet évènement est le suicide d'une jeune femme qui se jette dans la Seine d'un pont de Paris, scène à laquelle assiste Jean-Baptiste Clamence sans porter secours à la victime, ni alerter alentour. Clamence est un avocat parisien, sa réputation est solide, il appartient au beau monde, ne manque ni d'amis, ni de femmes. Il se vit comme un égocentrique, amoureux de lui-même, se complaisant dans le divertissement, les apparences, l'étalage de son érudition.
Le monologue s'adresse à un interlocuteur non précisé dont on apprend à la fin qu'il est aussi un avocat. La rencontre a lieu dans un bar d'Amsterdam et s'étale sur cinq jours dans différents endroits de la capitale hollandaise. Clamence dit être un ”juge-pénitent” : confessant publiquement sa culpabilité, il fait en sorte de la retourner vers ses interlocuteurs, les entraînant ainsi dans sa chute sociale et morale.
Il est en fait accablé de remords pour n'être pas intervenu sur le pont de Paris. Il vit un drame de la conscience, alors qu'il menait une vie insouciante et comblée, brillait par son éloquence, abusait de son charme auprès des femmes. Il se faisait aussi remarquer pour sa bonté, venait en aide aux handicapés, aux gens démunis, à la veuve et à l'orphelin. Mais il est ambivalent, s'identifiant à Janus, cet être à double face, et s'accuse de duplicité, lui qui aide les vieilles dames à traverser - cela se voit-, mais ne porte pas secours à une désespérée qui se noie, n'éprouve aucune compassion, mais se morfondra dans la honte et la culpabilité. L'homme est-il ainsi fait, avec une part d'ombre et une part de vertu ? Tendre la main à l'aveugle en même temps que méditer de le bousculer réalisant alors à quel point on le déteste.
La Chute projette le lecteur dans la complexité du monde où l'Histoire, la morale, la religion, le social s'entremêlent pour que tout discours ne puisse que s'enliser. Un cheminement se profile tout de même puisque le notable parisien que ses clients, ses amis, les femmes désertent, s'exile à Amsterdam, ville sans relief et au ciel gris, pour vivre sa pénitence. de son vécu ressort un élément capable d'inverser le cours de sa vie, c'est la culpabilité, qu'il ne lui reste qu'à énoncer publiquement pour qu'elle retentisse sur sa conscience, celle d'autrui, et le libère.
Peut-être que la morale de cette histoire est d'accepter sa culpabilité, de l'inscrire dans la duplicité dont on est constitué, et de ne pas en faire mystère en s'exposant au jugement d'autrui.
Lien : http://www.lireecrireediter...
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