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Critique de Nastasia-B


J'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer pour les écrits d'Albert Camus. Ça me chiffonne toujours un peu car l'homme m'est sympathique, j'admire sa droiture, sa loyauté et même d'une certaine façon son combat mais quand je me prends à le lire directement, il n'émane de moi qu'un morne et peu satisfaisant : « Mmm ouais, sans plus... »

Je ne peux pas dire, par exemple, que cette pièce, Les Justes, soit inintéressante, non, absolument pas. Mais si je veux être honnête avec vous et avec mon ressenti, je ne peux pas dire non plus que je la trouve captivante, ni émouvante, ni motivante, ni toutes ces choses en " vante " qu'on nous vante. Il ne ressort de moi que le triste " décevante " qui souvent m'épouvante quand il vente le soir au crépuscule...

La réflexion centrale de cette pièce est celle de la justification d'un crime pour raison politique. N'est-on pas tout aussi bourreau que le dictateur si notre moyen d'action est le crime ? Peut-on, pour un bien hypothétique et futur, faire présentement un acte vil et pendable ?

Le contexte retenu par Albert Camus et qui s'appuie sur des faits historiques réels (tous les personnages de la pièce ont réellement existé et l'attentat dont il est question fut perpétré le 17 février 1905 contre le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie) est celui de la révolution russe (revendication pour l'installation du communisme en lieu et place d'une autocratie tsariste de type dictatorial) mais il pourrait tout aussi bien s'appliquer à n'importe quelle révolution. le personnage de Stepan rappelle étrangement notre brave Robespierre, droit dans ses bottes et prêt à tout pour aller jusqu'au bout de l'idée, quitte à être plus dictatorial que le dictateur même.

La question du jugement est également soulevée. de tels fanatiques assassins, espèrent-ils autre chose que la mort ? Est-ce les punir que de les faire mourir ? (Je vous conseille à ce propos Les Sept Pendus de Leonid Andreïev qui répond ou qui prolonge admirablement cette pièce.) À l'époque de l'écriture de la pièce, la peine de mort était encore très largement répandue, même dans les démocraties occidentales qui l'ont depuis, peu à peu, abandonnée.

Ici, la question se pose, et les terroristes révolutionnaires russes de Camus n'ont probablement rien de très différent avec les terroristes kamikazes palestiniens d'aujourd'hui. Ils sont convaincus d'être des justiciers et d'oeuvrer pour le bien public en se faisant exploser contre un bus quelconque et en massacrant un maximum d'innocents.

Si l'on renonce à ce levier d'action, quel autre moyen choisir pour qu'il soit efficace et qu'il abrège rapidement la souffrance des peuples ? En ce sens, Albert Camus amène des questionnements intéressants et bien sentis. Par contre, je reste toujours dubitative sur le « style » Camus, qui m'indispose presque, tellement je le trouve plat, morne, sans âme, sans vie, telle une mue de cigale dont le petit corps musicien aurait déserté la scène.

Bref, pas ma tasse de thé stylistiquement parlant, mais comme je l'avais déjà longuement évoqué pour L'Étranger, je vais m'arrêter là car ces menues considérations ne sont que mon avis, pas toujours très juste, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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