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Citations sur Alger sans Mozart (71)

Les morts et le passé sont en nous, il faut les écouter si on veut continuer à vivre, à sentir, à vibrer. Je les ai retrouvés là-bas. L'Algérie m'a rendu la douleur, celle des nouveau-nés au sortir de leur mère. Les parfums de nos vies sont les mots d'amour de nos morts.
- Votre film n'est pas politiquement correct. - Vous trouvez?
- À aucun moment vous ne stigmatisez la colonisation, on en arrive même à penser qu'elle a été bénéfique...
- Je ne suis pas manichéen, je ne suis pas historien. Pourquoi faut-il un vainqueur et un vaincu, quand la vie et la mort se partagent équitablement le territoire ? Je montre des images sans juger, je décris des vies. Les politiques ont une fâcheuse tendance à caricaturer, à simplifier. La loi sur les bienfaits de la colonisation était stupide... Allez donc vanter la présence française aux Algériens qui ont perdu des membres de leur famille avant ou pendant la guerre de libération. Par ailleurs, peut-on dire que tout dans le fait colonial est à rejeter? Des hommes, des femmes sont venus d'Europe, ils ont travaillé, aimé, remodelé une terre, ils ont semé les idées du siècle des Lumières, tracé des routes, ouvert des universités... doit-on nier leur apport ? Dans Nord d'Afrique, j'ai voulu montrer à quel point il est difficile de juger, de trancher et de prendre parti. Le bon droit est partout et ce n'est sûrement pas en légiférant qu'on fait jaillir la lumière... comme toujours, une part de la vérité viendra des artistes, certainement pas des politiques, englués dans leur langue de bois.
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Je pris le parti de l'autre peuple pour l'amour d'un homme que je n'aime plus.
C'était vain, c'était dérisoire.
Guidée par le hasard - mais quel hasard ? - je prends un livre dans la bibliothèque de papa : Quoi ? L'éternité de Marguerite Yourcenar. Je l'ouvre et tombe sur la page seize, mon père y a souligné un passage au crayon de papier : «Les événements politiques qui nous ont fait horreur et ont failli nous entraîner dans leur ressac se succèdent et s'annulent comme les brisants sur une plage. On finit par se rendre compte qu'on a affaire au rythme des choses. »
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- L'imparfait... pourquoi ça s'appelle comme ça ?
Imparfait, ça veut dire que c'est un peu abîmé, presque moche. Quand tu écris : « Cette maison était belle », ça signifie qu'elle est plus belle du tout.
- Sofiane, tu ne peux pas utiliser le présent en permanence. Il faut accepter l'imparfait. La vie passe, tu grandis. Les êtres, les choses ne sont pas éternels. Quand tu parles de ta maman, il ne faut pas utiliser le présent.
- Maman était parfaite, je ne veux pas l'abîmer !
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La Louise de 1957 qui stigmatisait la criminelle ne se doutait pas qu'un jour elle aiderait le FLN honni. Elle passait à présent les contrôles policiers sourire aux lèvres et démarche aguicheuse. Elle ne portait ni armes ni bombes mais, pensait-elle pour se donner bonne conscience, seule- ment des armes de vie, des antibiotiques, des sérums antitétaniques, des sparadraps. Elle ne voulait pas voir que ces armes inoffensives en apparence sauveraient des vies de terroristes et que ces vies de terroristes anéantiraient celles de son peuple, du peuple pied-noir, celles des hommes, des femmes et des enfants qui se dressaient protecteurs autour d'elle.
Elle pensait avoir eu tous les courages, mais à la réflexion, le vrai courage, c'est à Djamila Boupacha, Djamila Bouhired ou Danièle Minne qu'il revenait. Portées par la foi, ces femmes s'étaient mises au ban par un acte éclatant.
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Christine a tenu parole, elle a activé tous ses réseaux pour que je me soigne à Paris. L'ambassadeur de France a téléphoné ce matin, mon passeport est prêt, je peux partir demain, réintégrée dans une nationalité que je n'avais jamais perdue !
- On reste français jusqu'à la mort, vous savez.
- Vraiment, Excellence?
- Absolument.
J'aurais pu parler des harkis massacrés, méprisés, des pieds-noirs abandonnés comme des chiens, des combattants indigènes oubliés, des enfants interdits de séjour sur un sol jadis défendu par leur père, de la jeunesse de Dresde ou de Berlin qui déferle insouciante et heureuse sur les Champs- Élysées : les fils et petit-fils des Waffen SS plus légitimes que les fils et petits-fils des soldats basanés des colonies morts pour la France.
Le droit du sang, seul vrai passeport !
Mais je me suis tue, l'histoire nous a tous broyés et ce maudit cancer me dévore, je n'ai plus la verve d'antan et je n'ai plus de temps. J'ai juste dit: « Merci » et j'ai raccroché. Pour la première fois, je vais trahir l'Algérie, abandonner son destin pour le mien et bénéficier d'un passe-droit lié à mes gènes. Je ne veux pas me faire opérer ici, les hôpitaux sont terribles. Je veux revoir Sofiane, je veux revoir Marc, je veux revoir ma sœur. Je ne veux pas mourir seule à Mustapha, comme mon beau-frère Gérard, clinique chirurgicale A.
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Mourir à soi-même, c'est cela vieillir.
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Je hais les négationnistes.
Nier le passé est un crime.
La décolonisation, l'intolérance ont jeté sur la route de l'exil les pieds-noirs et les Juifs. Les Juifs étaient l'Algérie comme les coptes sont l'Égypte. Il n'en reste qu'une poignée, au sens vrai du terme. L'Algérie a perdu sa diversité, sa richesse culturelle et cultuelle. Un peuple installé depuis la première diaspora s'est éteint. Les jeunes Algériens ne savent plus qu'il a vécu deux millénaires en symbiose avec leurs ancêtres et l'on se garde bien de le leur enseigner.
La disparition des pierres tombales juives du musée d'Alger participe de cette négation comme le pillage et la dégradation des cimetières juifs et chrétiens, des qouba des saints musulmans, le martelage des noms sur les monuments aux morts de la colonisation, la dépose du buste d'un poète dans un jardin. On veut extirper le passé de ce pays pour imposer l'uniformité arabo-islamique, épurer la langue français, dialectale riche des vagues arabes successives, d'emprunts au turc, à l'espagnol, l'italien, au grec, au latin et au effacer le berbère, étouffer le maraboutisme au prétexte qu'il est une survivance du paganisme, un supplétif du colonialisme, imposer les affreuses tenues vestimentaires de rétrogrades et lointains. pays
On veut cacher les corps et travestir les âmes, éteindre la liberté.
Le vent mauvais de l'histoire a soufflé les bougies de Noël et de Hanoukka.
La nudité des statues antiques dans les musées sera-t-elle bientôt haram comme les seins des cariatides des immeubles haussmanniens du front de mer ou les Marianne des mairies héritées de la colonisation?
Le rapt des pierres juives me désespère. L'Algérie rêvée est bien morte.
J'entre dans le musée, les anciennes richesses que certains voudraient gommer sont encore là. Le lieu est désert, je questionne le conservateur sur sa fréquentation. Elle est faible, quelques lycéens, de rares étrangers, ce passé n'intéresse plus.
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Dans toute cette pourriture, y'en a deux qui arrivent à tomber amoureux, une Arabe et un Français, ils sont les seuls qui ressemblent à des humains. C'est joli, c'est tendre. 'elle sort On se repose quand on est avec eux, mais ça ne dure pas longtemps. Quand les frères de Leila apprennent qu' avec un Gaulois, ils poursuivent le couple en voiture dans toute la France et finissent par le retrouver.
Scène finale : ils percutent la voiture des amoureux et les deux caisses flambent comme dans la scène du début. Ça se passe dans un champ de fleurs blanches: des marguerites. Les flammes et la fumée montent vers le ciel bleu sans nuages comme dans les attentats du onze septembre. J'ai jamais vu un film comme ça Je suis dégoûté et, en même temps, je trouve ça très beau. côté, les films pornos de mon cousin, c'est pour les gamins, même si on voit plus de choses.
- Dis-moi, Louise, ça se passe comme ça en France ?
- Dans certaines banlieues, oui.
- C'est affreux !
- Moins que ce que font nos terroristes, ça ne te choque pas les femmes et les hommes égorgés, les bébés fracassés sur les murs?
- Je ne voulais pas dire ça...
- Tu ne digères pas les scènes d'amour... c'est ta morale arabo-islamique.
- Ce n'est pas vrai, je déteste les crimes et les assassins.
Mais aussi, je n'aime pas ce que font ces jeunes.
- Mêmes causes, mêmes effets: la perte des repères et des valeurs, l'acculturation, l'ignorance et la pauvreté.
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Un monde, mon monde, s'est effondré. Je voulais qu'il change, qu'il évolue, non pas qu'il disparaisse. Que les injustices soient réparées et non remplacées par d'autres. Nous avons été chassés par une nomenklatura méprisante et cupide, une nomenklatura inculte et amorale: de Gaulle a livré ce pays à une bande de scélérats. Je ne peux concevoir que des hommes politiques français se réclament encore de lui. Il a convaincu la France qu'elle serait plus grande si elle devenait plus petite. Quelle imposture!
L'Algérie coûtait cher, il voulait sa bombe atomique, une aura planétaire. Il a lâché l'Algérie, sans imaginer l'avenir. Est-on grand toute sa vie parce qu'on l'a été une fois ?
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À la mosquée, l'imam dit qu'il faut prier cinq fois par jour, qu'il faut pas l'Europe, que être attiré par les là-bas ont plus de morale. Si on suit gens leur exemple, on ira en enfer. Il faut protéger nos femmes et nos enfants du vice, il faut surtout pas regarder les chaînes de télé étrangères et pas voir les films américains ou français... Louise, le vendredi d'après, dit que cet islam est pas bon, que les religions doivent pas être insupportables, qu'au contraire elles doivent aider les gens, qu'il y a rien de plus beau qu'un prélude de Bach ou un concerto de Mozart, que le cinéma, c'est un peu l'école de la vie et qu'il faut ouvrir grand les oreilles et les yeux au lieu de les fermer.
- Tu comprends, ces arriérés voudraient me faire sortir dans la rue habillée en pingouin et m'empêcher d'écouter Mozart... Tu imagines Alger sans Mozart! La vie, c'est la liberté : la liberté de croire, de voir, d'entendre et d'aimer sans contraintes, dans le respect de soi et des autres. Pas cet ersatz de religion qui veut fixer un cadre à tout et rythmer la vie avec des règles du Moyen Âge. L'islam de ton cousin est un islam d'interdit, d'abêtissement et d'anéantissement qui privilégie l'étiquette et jette à la poubelle le spirituel. Tiens, d'ailleurs, écoute...
Elle se lève et met un disque de musique classique.
- C'est beau ! Qu'est-ce que c'est ?
- Mozart, justement: Cosi fan tutte...
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