Je te souhaite de vivre la même expérience, violente et charnelle...solaire... car enfin, tout ce qui reste de nos vies, c'est ce feu, cette intensité, cette joie avant la poussière, cet éclair entre deux néants.
On dit que les murs se souviennent et que, de temps à autre, ils laissent échapper des sons, des images, des parfums du passé.
Métissage... J'aime ce mot, j'en suis un des porte-drapeaux. A Paris ou ailleurs, je fustige les tenants de la pureté culturelle et raciale, les adeptes de l'autre-soi, de la consanguinité sociale, des murs de Berlin, des oeillères mentales et sexuelles. La gérontocratie occidentale jette au visage de l'Orient nos racines Gréco-latines, Judéo-chrétienne oubliant ce que nous devons à l'Egypte, à Babylone, à Sumer, à Istanbul et à l'Islam.
«Les retraités occidentaux sont plus riches au Maroc, alors ils s'expatrient. Nos pays délocalisent tout, même les vieux» (p. 216)
Quand disparaît ce qui faisait la saveur des jours, ce qui nous semblait naturel, quand on perd ce qu'on imaginait donné par Dieu une fois pour toutes, alors on comprend que le bonheur, c'est l'inconscience du bonheur.
Je n'adhère pas, le luxe m'est indifférent. Tous les accoutrements dont je m'affuble, ces signes ostentatoires du pouvoir me sont imposés, la crédibilité est à ce prix
Quitter un cimetière après une cérémonie est une épreuve amère.
Jusqu’à la mise en terre, la mort de Moune était une abstraction. J’étais portée par sa mémoire et sa tendresse, j’étais pleine d’elle. Elle vivait comme jamais, trente-cinq années de souvenirs défilaient sans ordre ni raison. Elle ne pouvait être morte, elle était si présente, presque palpable. Peut-être suffisait-il d’étendre le bras pour effleurer sa silhouette fragile ?
Le sol excavé mit un terme à mes divagations : la mort était bien là, habillée de chêne et de bronze. Quand la dernière motte s’effrita sur la terre rouge de Marrakech, les muscles de mon visage se détendirent, ils échappèrent à tout contrôle et, enfin, le masque se fissura.
J’étais seule à présent, le dernier pan du dernier rempart s’était effondré, je n’avais plus de famille et aucun espoir d’en fonder une. La solitude serait ma compagne.
Le rituel des jours nous fait croire à l'immortalité et nous traversons la vie, étourdis, sans percevoir l'invisible fil du temps.
Les chats de Marrakech n'ont pas le cœur à la tendresse, ils sont dans la survie, comme nos jeunes de banlieue.
La pauvreté a ceci de terrible qu'elle réduit à l'impuissance, à la soumission.