Lire
le Flambeau dans l'oreille c'est survivre aux dures années de l'hyperinflation monétaire à Francfort en Allemagne, c'est retrouver le Berlin des « années folles » et plus encore parcourir le Vienne hérité d'Otto Wagner.
C'est passer des cafés, où l'on écrit jusque tard le soir, aux représentations de
Karl Kraus à Vienne ou celles de l'Opéra de 4 sous de
Brecht à Berlin. Une vie culturelle, artistique et littéraire foisonnante. Dix années de 1921 à 1931 de peu captivantes études de chimie, compensées par une curiosité littéraire insatiable.
Période de maturation d'une réflexion en devenir nourrie d'anecdotes, d'études et d'interrogations obsédantes. Longue période puisque sa grande oeuvre "
Masse et puissance » "ne paraîtra que bien plus tard, en 1960 .
C'est aussi retrouver des professeurs, des collègues chimistes, des amis, des logeuses, jusqu'à une certaine Mme Schicho, une femme de ménage irrésistible conteuse, qui, un jour, avait donné à boire aux trois empereurs arrêtés devant sa maison du parc !
La famille si présente dans le premier volet
la Langue sauvée s'éloigne. Les relations avec une mère tranchante s'enveniment et se distendent. Elias se voit obligé de s'inventer des aventures féminines fictives pour faire oublier Veza, son amie, tant détestée par sa mère.
C'est non sans malice que Canetti, pudique à l'excès avec ses expériences personnelles, parviendra à nous conter les aventures amoureuses d'un lumineux infirme philosophe.
Ah oui. Un titre bien déroutant. C'est une référence aux conférences de
Karl Kraus dont le jeune Canetti était un auditeur enthousiaste . Écrivain pamphlétaire et rédacteur d'un périodique le Flambeau (die Fackel). C'est sous la houlette de ce mentor vénéré que Canetti place ce second tome.