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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alper Kamu possède clairement quelques talents : une finesse d'analyse quasi-irréprochable, une sensibilité exacerbée et soulignons-le, la dose juste d'entêtement. Sa perspicacité et le regard naif qu'il porte sur le monde, attisent la curiosité innée qui l'habite et le meut, le menant au coeur d'un réseau d'enquêtes aux multiples mobiles, tous bien différents. Un oncle qui meurt et qui laisse derrière lui une énigme amoureuse à résoudre, un nouvel ami qui revendique l'assassinat de son jeune frère handicapé mais qu'Alper sait innocent et qui mérite que l'on se batte pour lui. Et enfin, les mystères de l'amour qui demeurent au coeur de toute existence et qui mérite amplement son enquête personnelle.

Alper Kamu est un être d'exception, ne mâchons pas nos mots, extraordinaire, oui, avec ce qu'il faut de bizarre. Alper Kamu est apprenti détective et il n'a que cinq ans. Il est un héros monstrueux, biologiquement parlant, tant son intelligence dépasse l'entendement. Il est aussi porteur d'absurde en son code génétique même. Alper emprunte également les sentiers de la découverte, celle des soubresauts générés par l'amour. Une sorte de monstre dans un corps d'enfant, qui se découvre et sort peu à peu de cet état égocentrique, en apprenant ce qu'est l'empathie et l'ouverture à l'Autre. Un puissant alliage d'absurde et d'authenticité, paradoxale alliance d'une redoutable efficacité.

Alper Canigüz nous laisse flirter avec le jeu des invisibles, donnant évidemment un second souffle au maître-gourou de l'Absurde qu'était Camus et son Meursault, être de pleine conscience difficilement « au monde ». le petit Alper est ce monstre-poète, mélancolique forcené, qui sonde l'agitation et la tristesse du monde du haut de ses cinq ans. Ce récit compose la mélodie spasmodique de ces existences absurdes qui errent et parfois se percutent. Alper est cet être démiurge qui se dissout dans la palette d'un monde monochrome.

Le bonheur avec un tel roman, c'est qu'il est bien possible de passer à côté de tout cela et de n'y voir qu'un gamin turque extrêmement futé pour son âge, un roman drôle et grotesque, une enquête policière décalée. Après tout, c'est le droit fondamental de tous lecteurs. Mais je ne peux que vivement vous recommander de gratter légèrement cette rugueuse surface afin de laisser Alper Canigüz vous attirer dans les méandres de la conscience et de la complexité que constitue l'Homme. Parce que cela est fait avec une telle virtuosité, que cela en devient absolument enivrant. Bien plus qu'un simple divertissement donc, un véritable coup de maître !
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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Que les éditions Miroboles et ses représentant(e)s soient ici remercié(e)s à leur juste valeur : une stèle le sera élevée. Virtuellement… Après avoir adoré les premières aventures d'Alper Kamu, 5 ans, philosophe alcoolique dépressif et libidineux, voici la suite (et si Dieu le veut pas la fin) de ses élucubrations.

On retrouve ici tous les ingrédients ayant favorisé le succès du précédent livre mais incorporé selon des mesures différentes pour un résultant aussi bon mais… différent (merci de bien vouloir suivre). Les différences se jouent à peu de choses : un peu moins de références philosophies, un peu plus de polar, autant d'humour et un style toujours à la hauteur du fond et de la forme font de cette « Fleur en enfer » un nouveau très bel objet mirobolien.

On retrouve ici deux fils conducteurs : l'un se rapportant directement à la vie d'Alper et de ses glorieux aînés à travers la mort suspecte de son oncle et l'autre ayant trait à une famille installée depuis peu dans le quartier et dont l'un des enfants s'accusent d'avoir assassiné son petit frère handicapé. Alper Kamu ne croit bien entendu ni à l'un ni à l'autre. Ajoutez à cela qu'il est éperdument amoureux de sa nounou, qu'il s'est fait viré de la maternelle, qu'il picole quand il peut (ça l'aide à mettre les causes en face des conséquences…), qu'il a des tendances suicidaires… Alper Kamu est un anti-héros comme la littérature en commet peu mais comme il est jouissif d'en rencontrer et de les côtoyer le temps d'un livre.

Alper Canigüz ajoute à tout cela une réflexion sur la nature de la justice : ce qui est juste pour les uns sera injuste pour les autres, vouloir rendre la justice peut aboutir à faire éclore une injustice ailleurs. Alper Kamu s'interroge en ces termes sur le choix cornélien qui lui échoit entre dire la vérité ou la taire, les conséquences de l'un comme de l'autre se révélant néfaste, et sur le rôle endossé par celui à qui échoit le choix : « Serai-je une canaille orgueilleuse ou une canaille conformiste ? ».

Cher lecteur, que tu sois intéressé ou non par le roman policier et le roman noir, il serait dommage de passer à côté des romans d'Alper Canigüz. Rue-toi donc en librairie, achète et savoure !

Le lien vers le billet de l'excellent Encore du Noir qui souligne (raison pour laquelle je ne l'ai pas fait) avec brio le décalage entre le personnage d'Alper Kamu (oui, oui, vous pouvez faire le lien avec Albert Camus) et ses 5 ans avec les situations qu'il rencontre, la vision de la société stambouliote et la vision du monde proposée par son anti-héros.

« L'humidité atteignait un niveau propre à expédier tout asthmatique « ad patres » en une seule inspiration ».
« Si ma tante n'avait pas parsemé de mines antipersonnel les lieux qu'il ne fallait pas piétiner [dans son appartement], ce n'était dû qu'à la grande difficulté d'éliminer les taches de sang ».
« Sur le petit guéridon juste à côté trônait une bouteille de vodka. Bien que je sois enclin à considérer la bouteille comme à moitié vide dans la plupart des cas, je ne peux m'empêcher de me concentrer sur l'autre moitié lorsqu'il s'agit d'alcool. J'ai donc dévissé le bouchon et avalé une grande rasade de vodka bon marché. J'ai eu la bouche et la langue en feu, mais, songeant qu'un clou chasse l'autre, j'en ai absorbé encore une gorgée – à force de l'envoyer en cachette les fonds de bière de mon père, j'avais sans doute commencé à développer une sérieuse addiction à l'alcool. »
« Si Aristote avait connu ma mère, il aurait écrit autrement les règles de la tragédie : d'ailleurs probablement qu'après quelques vaines tentatives, il aurait entièrement renoncé à cette entreprise. »

Lien : http://wp.me/p2X8E2-uT
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Cette deuxième aventure d'Alper Kamu, cinq ans, détective, est encore meilleure que la précédente. Nous continuons à suivre Alper dans son exploration du quartier et les rivalités entre les différents enfants. Comme dans le premier opus, il est confronté à la police et, cette fois, s'offre le luxe de résoudre deux meurtres: celui d'un vieil homme et celui d'un enfant de 8 ans dont le frère de celui-ci a reconnu être l'auteur. Alper va fourrer son nez dans cette famille quelque peu tordue et découvrir au péril de sa vie le fin mot de l'histoire.
Ce qui rend cet opus meilleur que le précédent est la place accordée à la famille d'Alper. Dans le premier volume, le lecteur appréhendait l'amour immense que celui-ci voue à son père, petit fonctionnaire écrasé par sa hiérarchie et marié à une femme qu'il supporte à peine. le livre s'ouvre sur la mort de l'oncle paternel d'Alper et l'enfant découvre des photos qui vont mettre à jour son histoire familiale, d'une manière extrêmement douloureuse pour lui. A la fin du livre, Alper que le lecteur admire tout au long de ses aventures retrouve sa place de petit garçon de 5 ans, amèrement dupé parce que protégé par les adultes...
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