Galathée. J'aimais bien ce nom dans sa bouche. Sa façon de le prononcer. Oui il me plaisait qu'il m'appelle ainsi. C'était un peu comme si je naissais à nouveau. Il venait d'inventer mon nom humain
Longtemps, il n'y a rien. Juste la mer, la mer, dans toute sa superbe, la mer en majesté, la mer, belle à en pleurer. Et puis, un sillage d'écume craquelle la surface comme si une créature en frôlait l'envers. Elle dessine un long sillon que le soleil colore de sa lumière. Elle reste en contre-jour. Je cligne des yeux pour mieux voir. Je poursuis sa trajectoire.
C'est ça être vivant. Vouloir durer encore un peu. Je suis plus seul que jamais et pourtant... La tempête a cassé mon anémomètre. Je vais voir si je peux réparer.
Au final, je connais peu de chose sur lui mais s'il est capable de venir sur ces mers, seul, alors Geoff est un frère. C'est à ça qu'on les reconnaît des frères. On ne les comprend pas mieux que nous. On ne sait pas ce qui les anime ni ce qu'ils cherchent dans cette violence, dans ce bout du monde, dans cette solitude mais ils sont là. Comme nous.
Moi, je voulais lui dire... Quoi ? Qu'on ne choisit pas ses rêves ? Est-ce qu'il pouvait comprendre ? J'avais découvert des choses si curieuses ! Savait-il au moins ce qu'il y avait là-haut ? Il fallait qu'il voie ! Mais mon exaltation augmentait sa colère.
À quoi bon être la fille d'un roi et se voir empêchée ? Les palais de mon père se ressemblaient tous. Il y avait bien le palais suspendu où vivait ma cousine Ondine. Un palais fait d'épaves tiré par d'infatigables orques entre deux eaux. C'était distrayant quelques jours. Mais comme du reste, on finissait par se lasser.
Je n'ai connu ton nom qu'après avoir perdu ma voix. Mais longtemps, sans même le connaitre, je l'ai porté au fond des eaux.
Je sais que sur terre, personne ne me croira. Mais à moi-même, je ne peux pas mentir : j'ai vu un visage de femme.