Portulans de l'imaginaire, tome 4 : Cruels miracles - Contes de la mort, l'espoir et la sainteté

Certains hommes sont sensibles, non pas à l’odeur féminine, mais au système bio-électrique lui-même de la femme. L’odeur n’est rien ; n’importe qui est en mesure de percevoir la chaleur du feu. C’est le même phénomène que quand tu tues, Mick : si tu n’étais pas capable de tuer de la façon dont tu t’y prends, tu ne serais pas aussi sensible aux pulsations magnétiques que j’émets.

On donne beaucoup moins à titre de remerciement qu’en pots-de-vin dans ce bas monde.

Une femme regarde un homme, il l’intéresse, et du coup son système bio-électrique s’emballe, il modifie certaines odeurs, l’homme les sent, il remarque la femme et concentre son attention sur elle.

...c’est injuste de faire ce qu’on veut en se fichant du mal qu’on inflige aux autres ; et, quand j’ai fini par me rendre compte que j’étais celui qui faisait le plus de mal dans le monde, j’ai compris que ce n’était pas bien.

Vos poèmes ont un début et une fin, et leur structure limite l’œuvre. Vos peintures ont des bords qui délimitent où commence et où finit la beauté. Vos sculptures isolent un instant. Votre musique commence et se termine. Tout ce que vous faites est mortel. Cela naît. Cela meurt. Et cependant vous luttez contre la mortalité, et vous l’avez vaincue, accumulant des sommes fabuleuses de connaissances à l’aide de vos livres et de vos mots limités.

En fait, nous venons de milliers de planètes. L’évolution conduit toujours inexorablement à nous. Absolument, ou presque, de façon uniforme à travers la Galaxie. Nous sommes le produit final naturel de l’évolution.

Le pluralisme que nous connaissons en Amérique est extrêmement rare dans le monde, et je crois juste d’affirmer que, s’il existe, ce n’est que par un effort conscient qui n’est pas toujours du goût des Américains. La tendance de la fête de Noël à se répandre dans les foyers et la profonde rancœur de beaucoup – de la majorité peut-être – devant la maniaquerie apparemment absurde des tribunaux qui cherchent à empêcher les institutions de promouvoir la cérémonie du Noël chrétien indiquent que le pluralisme n’est ni facile ni naturel pour des gens qui s’y sont engagés il y a pourtant deux siècles.

Écrire sur la religion revient à écrire sur la foi et la vérité, deux questions qu’il est impossible de traiter intelligemment quand on les confronte au doute, alors qu’on peut en parler facilement face à l’incroyance : c’est le doute qui brouille tout. On ne peut énoncer clairement une idée si on doit passer tout son temps à discuter de sa véracité ; il faut laisser de côté le problème de la véracité en attendant de découvrir l’idée traitée, et c’est ensuite seulement, une fois qu’on a compris, qu’on peut lancer le débat du doute contre la foi. Et, très franchement, je préfère nettement qu’il ait lieu une fois qu’on a fini de lire l’histoire qui le soulève.

Le Fléau, de Stephen King, commence comme tel – un virus en liberté détruit presque toute l’humanité –, et les rêves mystiques d’un des protagonistes auraient peut-être été acceptables dans le cadre de la SF parce que la notion d’inconscient collectif s’est fait tant bien que mal une place de blé à moudre dans le moulin de ce genre ; mais quand, à la fin, le doigt de Dieu sort des cieux et fait exploser le missile nucléaire du Marcheur, la limite est franchie et Le Fléau ressortit manifestement à la fantasy ou à la littérature religieuse.