Chronique des jours de cendre

Si vivre c'est inévitablement mourir, est-ce que mourir c'est vivre à nouveau ?

Le plus souvent, je constate que Dieu est absent. Les prières sont des bulles qui montent vers le néant. S'Il vous voyait du haut de son paradis, pourquoi nous laisserait-Il nous débattre au milieu de tant de misères ? Personne ne peut expliquer cela.

Elle offrait à la nuit les imprécations de toutes les femmes prises de force. Ses yeux asséchés lui interdisaient les larmes. Elle n'était que colère, rage impuissante, dégoût. Elle se sentit glisser dans le gouffre de la honte et de la rancune.

La vengeance, c'est un cercle vicieux, un rapport de force et la force utilise la frénésie des hommes, la justice se base sur leur raison. La différence est essentielle. Et sais-tu ce qui motive la vengeance ?
Elle attendit une réponse qui ne vint pas.
- La peur. Oui, c'est la peur, Naïm, le moteur de tout ça.

Le monde entier avait condamné les Irakiens à crever de faim pour expier les méfaits de Saddam Hussein. Naturellement, c'était pour la bonne cause : la défense des droits de l'Homme. Mais l'embargo ne les fit pas respecter davantage. La misère vint juste s'ajouter au reste. Les survivants auraient pu expliquer aux décideurs des Nations-Unies que ces sanctions avaient puni seulement les petites gens ; les dirigeants, eux, n'avaient jamais manqué de rien dans leur palais ; pire, l'embargo avait détourné la colère. Si tout manquait ce n’était pas la faute de la dictature, il fallait s'en prendre à l'embargo.

L'Histoire se répète à l'infini.

La religion a toujours été une pomme de discorde.

En vérité, se dit-elle, on ne connait jamais les gens, même les plus proches. Surtout eux.

Elle survit à ses deuils, la ville. Elle oscille au milieu de chaos entre rancune et soulagement, résignation et révolte, ordre ancien et désordre nouveau.

Le langage politique - et avec quelques variantes, cela concerne tous les partis politiques, des conservateurs aux anarchistes - est destiné à rendre les mensonges crédibles, à donner une apparence de solidité à ce qui n'est que du vent.