Citations sur La naissance d'une nation, tome 1 : Thérèse (28)
S’ils ne vivent pas autrement, s’ils n’ont pas de maisons comme les nôtres, ni de meubles ni d’habits divers, et que sais-je encore? ce n’est pas parce qu’ils sont des Sauvages. C’est plutôt parce qu’ils vivent exactement selon le pays, ne cherchant en rien à le transformer, à l’adapter, à le dénaturer…
Ces gens luttent avant tout parce qu’ils aiment leur pays, ce pays. Pas pour de l’or, des titres, de grands honneurs face aux autres nations. Non, mais pour cette nature, cette terre, cette forêt, ce fleuve…
Le feu était une menace constante et les autorités civiles avaient multiplié les ordonnances contre ce fléau. Comme on n’avait pas encore trouvé le moyen de construire des maisons véritablement chaudes, pour éviter que de jeunes enfants ne meurent de froid pendant les nuits d’hiver, on chauffait beaucoup, on chauffait trop. Des feux trop gros, trop bien nourris, rageaient dans les âtres. Ils provoquaient souvent des incendies majeurs.
Il lui arrivait même souvent de découvrir au fond d’elle-même une solitude vaste comme ce Nouveau Monde où elle se cherchait. Québec, certes, lui avait apporté la paix, mais la paix ne lui avait pas fourni le bonheur.
L’amour et le péché n’avaient jamais cheminé côte à côte dans son esprit. Elle n’approuvait pas que ses sentiments résistent à son corps. Elle voulait surtout ne jamais être victime des hommes, d’un homme.
Quand elle désirait particulièrement aguicher, elle n’avait qu’à marcher d’une manière qui mettait ses hanches en valeur, et plus un homme ne regardait ailleurs.
On la disait plus belle même que sa mère qui, malgré son âge, passait encore pour une reine. C’était une beauté tout en nuances, d’une insaisissable douceur, que ses jeunes années avaient dessinée à petits coups: la bouche, d’une délicatesse toute proche de la fragilité, et les yeux, d’une forme et d’une lumière touchant la perfection. Quand elle souriait, ses lèvres composaient une moue fascinante, à la fois ironique et hautaine.
C’est un festin. Seulement, on ne festoie pas avec n’importe qui.
Le jeune homme se reprocha son insouciance: on ne part pas en expédition de chasse sans se prémunir contre de semblables risques. Un bon coureur de bois, ou mieux, un Indien, se serait muni d’une torche résineuse à flamme haute, pour éloigner les bêtes affamées.
C’est fini, fini de vivre dans la rage, de colère en abattement, de ressentiment en révolte. N’existons plus que l’un pour l’autre et pour notre avenir…