AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nilebeh


Quand on évoque Isabelle Carré, ce sont toujours les mêmes mots qui reviennent : solaire, lumineuse, discrète. Comme si le soleil était discret !

Pourtant c'est vrai que cette actrice qui a une bonne quarantaine et ressemble toujours à une jeune fille nous émeut et nous touche par son apparente fragilité, son sourire à la fois pudique et radieux (décidément, on ne peut s'empêcher d'utiliser un vocabulaire solaire!), son regard franc et direct qui se plante dans vos yeux avec une désarmante sincérité.
Alors, puisque tout semble si clair, pourquoi a-t-elle éprouvé le besoin de nous livrer ses souvenirs ? Comme pour, peut-être, rétablir une certaine vérité...
Et elle a bien fait car nous découvrons que cet aspect lisse et apparemment simple cache un passé difficile, une enfance traumatisante, une adolescence perturbée, des premiers pas compliqués dans le début de l'âge adulte.

On est toujours l'héritier de ses parents, on reçoit en héritage leurs forces mais aussi leurs faiblesses, leurs fêlures, leurs manques. Et sur ce point, la petite Isabelle n'a pas été épargnée avec une famille maternelle très « fin de race » mais qui tient à préserver son image d'aristocrate en jetant dehors la fille déshonorée, sa propre mère. Une mère qui donc va toute jeune devoir s'occuper d'un enfant non désiré, et d'elle-même aussi, sans y avoir été le moins du monde préparée. Un autre enfant (Isabelle) d'un nouveau compagnon, puis encore un et une vie qui, enfin, semble se stabiliser.

Mais rien n'est si simple, et les déchirures continuent : problèmes de santé mentale pour la mère qui manque de jeter sa fille par la fenêtre, traumatisme ensuite quand elle apprend que son mari est homosexuel (à une époque où c'est encore une maladie qu'on « attrape »!!) et qu'elle le chasse. Isabelle se retrouve à 14 ans dans un internat psychiatrique après une tentative de suicide, mène une vie d'adolescente perturbée, désespérément seule. Son père lui offre, pour ses quinze ans, le droit d'habiter seule dans son studio ! A quinze ans ! C'est un miracle qu'elle n'ait pas totalement dévissé.

Ce qui l'a sauvée, c'est sans aucun doute son désir de se réaliser en tant qu'artiste, par la danse d'abord - qui lui sera refusée en raison de sa jambe abîmée par un accident - par le théâtre et le cinéma ensuite.

Les confidences d'Isabelle Carré sont touchantes, écrites avec une grande simplicité de ton, sans pathos ni complaisance, et on ressent chez elle une grande sincérité. le texte est, de façon précieuse et jolie à la fois, émaillé de références au cinéma et au théâtre et s'accompagne d'une bande-son variée et plaisante qui vient le compléter.

On a juste envie de remercier Isabelle pour ce cadeau qu'elle nous fait, entre autobiographie et souvenirs reconstruits, accompagnés d'une réflexion permanente sur ce qui a été, avec une prise de distance très mature et solide. On ne peut que lui souhaiter le meilleur, pour elle et la famille qu'elle a fondée.

Lu dans le cadre des « 68 1ères fois ».
Commenter  J’apprécie          162



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}